Depuis qu’il a manifesté devant la Banque du Liban à Hamra, le 20 février dernier, afin de plaider pour le recouvrement des fonds transférés à l’étranger et s’opposer aux choix et politiques monétaires de la Banque centrale, le Courant patriotique libre s’est en quelque sorte « retiré » de la scène politique. Il se contente aujourd’hui d’observer de loin le gouvernement de Hassane Diab affronter les défis sur le triple plan politique, économique et sanitaire.
Il est vrai que le chef du parti, Gebran Bassil, avait annoncé en décembre dernier que le CPL pourrait se ranger parmi les opposants au cabinet. Mais cela ne signifie aucunement que le courant aouniste est absent, selon une source du directoire du parti qui a requis l’anonymat.
Quoi qu’il en soit, les aounistes comptaient faire une sorte de « come-back » politique lors du congrès annuel de leur parti, initialement prévu demain et dimanche au BIEL, à Furn el-Chebback. Une façon pour la formation fondée par le chef de l’État de commémorer la « guerre de libération » (14 mars 1989) déclarée contre les troupes syriennes par Michel Aoun, alors commandant en chef de l’armée et chef d’un gouvernement de transition. Mais contrairement aux attentes, le CPL s’orienterait vers un report sine die de son congrès, au vu bien entendu de la grave crise suscitée par le nouveau coronavirus.
Il n’en demeure pas moins que les instances partisanes aounistes ont déjà préparé une sorte de feuille de route définissant le plan d’action du CPL durant la prochaine phase. Mais le « Conseil national du CPL », une instance regroupant les ministres et députés du parti ainsi que des représentants des départements régionaux, devrait encore avaliser le texte avant qu’il ne soit rendu public.
Sans vouloir divulguer les grandes lignes de ce document, une source bien informée se contente de confier à L’Orient-Le Jour qu’au vu des derniers développements enregistrés sur la scène locale, la feuille de route sera naturellement axée sur la lutte contre la corruption et les questions économiques et financières. D’autant qu’il s’agit de « priorités » pour les aounistes.
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Le gouvernement
En attendant, le parti dirigé par Gebran Bassil suit de près l’action du gouvernement de Hassane Diab, face aux divers dossiers épineux auxquels il fait face. « Si nous n’attaquons pas le cabinet, c’est que nous lui donnons une chance », déclare à L’OLJ Alain Aoun, député CPL de Baabda. « Après avoir salué la décision gouvernementale de suspendre le paiement des eurobonds (1,2 milliard de dollars), nous attendons les actions du cabinet et ses plans pour d’autres dossiers tout aussi difficiles, pour nous prononcer », ajoute-t-il.
Commentant les mesures prises par l’équipe Diab dans le cadre de la lutte contre la propagation rapide du coronavirus, le député aouniste de Baabda reconnaît qu’elles sont « bonnes ». Il précise toutefois que « le gouvernement devrait divulguer plus d’informations à même de répondre aux interrogations de l’opinion publique, telles que les zones où l’épidémie se répand le plus, à titre d’exemple ».
En attendant, le tandem Baabda-CPL a échappé de justesse à une crise politique qu’aurait pu déclencher le renvoi par la ministre de la Justice Marie-Claude Najm au Conseil supérieur de la magistrature du projet de nominations judiciaires. D’autant que des détracteurs du CPL, tels que le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, y ont vu « un coup fatal porté au gouvernement », accusant implicitement le chef de l’État et ceux qui gravitent dans son orbite de s’ingérer dans le pouvoir judiciaire.
Mais dans les milieux aounistes, on ne l’entend pas de cette oreille. « Nous ne voulons pas répondre à ce genre d’accusations », souligne Alain Aoun, assurant que le CPL n’est aucunement intervenu dans les nominations et permutations judiciaires.
Même son de cloche au sein du directoire aouniste. Dans ces milieux, on rappelle que Mme Najm n’a fait qu’user de ses prérogatives et formulé des remarques qui ne portent pas sur les noms des juges concernés. Elle n’est donc pas intervenue pour imposer des candidats, mais a émis des observations à même de rectifier le tir.
On affirme aussi que les attaques dirigées contre le CPL s’inscrivent dans la continuité des campagnes politiques visant à porter préjudice au mandat de Michel Aoun. Mais le CPL se soucie peu de ce genre d’agissements, dans la mesure où il y est habitué. Ce qui lui importe le plus reste de poursuivre la bataille contre la corruption, et le recouvrement des fonds illégalement transférés à l’étranger, parce qu’il y va des droits des Libanais, conclut-on dans les milieux aounistes.
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DU PATAVENTISME A LA SERVITUDE D,INTERETS ETRANGERS.
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 41, le 13 mars 2020