Conformément à l’adage qui veut qu’un malheur n’arrive jamais seul, le coronavirus a poursuivi le travail de sape du moral des Libanais entamé par la crise économique et financière. Ce que la pénurie de dollars, la montée en flèche des prix et l’absence de perspectives optimistes n’avaient pas réussi à faire, le nouveau virus l’a obtenu : vider les routes et enfermer les citoyens chez eux dans un climat de peur.
Face à ce tableau sombre, le gouvernement de Hassane Diab tente de maintenir le cap et multiplie les réunions et les commissions chargées de traiter les différents dossiers brûlants, comme les questions touchant à l’épidémie, le secteur bancaire et la nécessité de l’organiser en tenant compte des intérêts des petits déposants, la situation financière générale après la décision de suspendre le paiement des eurobonds et la question de l’électricité que le gouvernement considère comme une priorité. Certes, l’épidémie a fait passer au second plan tous les autres dossiers, mais cela ne signifie pas que le gouvernement ne s’en occupe pas. Selon des sources ministérielles, le président du Conseil qui reste au sérail 24h sur 24 a insisté auprès des ministres sur ce qu’il appelle « l’obligation de résultats », leur demandant de donner le meilleur d’eux-mêmes, car ils ont été choisis pour travailler et que la situation a voulu qu’ils assument des responsabilités à une période particulièrement délicate.
De même, en leur demandant, une fois la confiance du Parlement obtenue, de ne pas songer à se présenter aux prochaines législatives, Hassane Diab a voulu prouver à tous ceux qui ont critiqué le gouvernement en l’accusant « d’avoir été formé par les partis politiques » que les ministres n’ont en vue aucune carrière politique et qu’ils sont, comme il l’avait lui-même promis, d’abord des experts. Depuis le début d’ailleurs, le gouvernement actuel tente de naviguer prudemment entre les pièges des politiques – qui ne veulent pas sa réussite car elle consacrerait leur échec pendant toutes les années précédentes – et ceux du mouvement de protestation populaire, qui lui reproche en permanence de prêter l’oreille (et même plus) aux composantes politiques. C’est donc un délicat compromis que le cabinet cherche en permanence à trouver dans toutes les décisions qu’il essaie de prendre.
Les Libanais, eux, lui ont d’abord reproché sa lenteur dans la prise de décision. L’accusation est peut-être injuste, en comparaison avec les gouvernements précédents qui n’étaient pas un modèle de productivité, mais elle est justifiée en raison de la gravité de la situation qui donne aux Libanais le sentiment que les mesures prises sont insuffisantes. Ils ont ainsi attendu une dizaine de jours avant de connaître la décision au sujet des eurobonds, et ils attendent encore le plan de relance annoncé qui devrait être soumis aux créanciers étrangers pour justifier la décision de suspension du paiement.
Selon des sources ministérielles, ce plan devrait être achevé au cours des prochaines semaines et il devrait être clair et comporter des mesures concrètes qui seront perceptibles par les Libanais et par les parties étrangères comme le Fonds monétaire international et le Groupe international de soutien au Liban.
Mais c’est surtout l’épidémie du coronavirus qui obsède actuellement les Libanais. Leur tendance à ne pas avoir confiance dans les institutions officielles les pousse à considérer que le gouvernement n’a pas fait ce qu’il fallait. Pourtant, il faut reconnaître au ministre de la Santé son dynamisme et ses tournées auprès de tous les hôpitaux gouvernementaux pour chercher à les équiper, notamment dans les régions éloignées. L’épidémie l’a peut-être un peu pris de court, comme elle l’a fait avec les responsables d’autres pays. Mais il s’est rapidement rattrapé. Une partie des Libanais lui a reproché son hésitation à décider de suspendre les vols avec l’Iran, dans une allusion à son allégeance politique. Mais cette polémique, qui est surtout liée à des considérations politiques et confessionnelles, est restée limitée face à l’ampleur et à la gravité de l’épidémie qui touche pratiquement le monde entier, l’Iran n’étant plus avec la Chine le principal foyer de transmission du virus.
À l’actif du gouvernement, il faut avancer le fait qu’il travaille en équipe. Contrairement à ce qui se passait dans les précédents cabinets, les réunions ne se transforment pas en barricades politiques, à partir desquelles les ministres lancent des accusations à leurs collègues ou cherchent à tirer la couverture à eux, chacun travaillant dans le but de marquer des points sur son rival politique, et non de remplir sa mission au service de tous les Libanais. Selon un ministre, pendant les réunions du gouvernement, il n’y a pas d’échanges politiques aigre-doux, ni même de discussions. « Nous nous en tenons à l’ordre du jour fixé et notre seul souci est d’adopter les bonnes décisions qui devraient être utiles aux citoyens. Il nous arrive d’hésiter, de ne pas avoir les bons réflexes, surtout en matière de communication, mais nous travaillons sérieusement. C’est dans cet esprit que nous avons songé à fournir un débit d’internet plus rapide dans les maisons en cette période de confinement forcé et nous attendons des Libanais qu’ils nous aident en nous donnant des idées. » Le ministre poursuit : « Dans quelques mois, l’épidémie sera, je l’espère, circonscrite, mais le Liban et les Libanais seront encore là. C’est une période difficile pour tous, mais comme l’a dit le président du Conseil, le Liban en a surmonté de plus graves. Ce qui compte au final, c’est que nous sommes un peuple et que nous avons tous les mêmes problèmes. »
"C’est donc un délicat compromis que le cabinet cherche en permanence à trouver dans toutes les décisions qu’il essaie de prendre."...dixit Scarlett... Le président, les 2 frérots des Iraniens et les amis des frérots supportent tous le jeune et fragile gouvernement qui fût clamé comme technocrate, la crème de la crème et capable avant tout. Pourquoi donc l'excusr du compromis et pourquoi blâmer les naysayers qui ne font que constater plutôt que de critiquer. Bassita, enjoooy!
17 h 17, le 13 mars 2020