Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées dans le cadre d’un sit-in hier matin devant l’ambassade de Suisse à Beyrouth, pour demander à Berne son aide afin que le Liban puisse restituer les fonds que des responsables libanais y auraient déposé, alors que les transferts de fonds à l’étranger avaient été suspendus dans le cadre des restrictions imposées par les banques à leurs clients.
Sous l’œil des militaires postés devant le siège de la chancellerie et des policiers en civil dispersés dans la foule, drapeaux libanais et pancartes sont brandis par les manifestants. Plusieurs de ces pancartes interpellent Simonetta Sommaruga, la présidente de la Confédération helvétique, afin que son pays fournisse tous les éléments en sa disposition concernant les éventuelles opérations bancaires de personnalités politiques.
« Les gouvernements étrangers feront ce que le gouvernement libanais ne peut pas faire », explique Ahmad, un jeune de 23 ans sans emploi, malgré son diplôme en sciences physiques. Cannette de boisson gazeuse et cigarette à la main, il se tient un peu à l’écart du gros des manifestants.
« Je viens à chaque manifestation. C’est le seul espoir. Même si tout ne change pas, certaines choses peuvent changer en maintenant la pression », ajoute-t-il, alors que les chants antigouvernementaux montent et que certains haranguent la petite foule au haut-parleur. « Le peuple veut la chute du régime », entend-on, ou encore : « Ils ont amené Diab et nous allons le faire tomber. »
L’initiative des protestataires intervient au lendemain de l’audience de 15 propriétaires et présidents de conseil d’administration de banques, entendus par le procureur financier Ali Ibrahim dans le cadre de plusieurs dossiers, dont les transferts de fonds à l’étranger et la vente d’eurobonds.
Un vieux monsieur, un peu frêle, fait partie des manifestants. « Je suis venu pour dire au gouvernement suisse de nous donner les noms de ceux qui ont transféré l’argent libanais en Suisse et les montants. On va continuer à venir jusqu’à ce que l’argent soit rendu », affirme-t-il.
« De l’argent volé par le gouvernement », renchérit Vanessa, 14 ans, venue de la montagne avec sa famille et pour qui il est important de manifester « pour pouvoir continuer de vivre au Liban et ne pas avoir à le quitter ». Un petit groupe de contestataires est autorisé par les militaires bloquant l’accès à l’ambassade à entrer pour remettre aux officiels suisses une pétition cosignée également par dix députés : Chamel Roukoz, Jean Talouzian, Georges Okaïs, Marwan Hamadé, Fouad Makhzoumi, Michel Moawad, Paula Yacoubian, Samy Gemayel, Élias Hankache et Nadim Gemayel.
Autour d’un café, des membres de « Kermal Lebnen » – un groupe qui s’est organisé sur WhatsApp après le soulèvement du 17 octobre – débriefent la manifestation et préparent les actions à venir. Le groupe a de son côté remis une lettre à l’ambassade pour l’informer qu’il « entend pousser son action vers les autorités judiciaires libanaises ou toute autre autorité étrangère dans le but de faire valoir le droit du peuple libanais à récupérer l’argent des fonds publics, des dons et autres aides étrangères ». Pour ces protestataires, « toute coopération et n’importe quelle indication de la part des autorités judiciaires suisses pour nous assister dans notre démarche serait la bienvenue ».
Quinze dirigeants de banque entendus par le procureur financier
Pour commencer, pas besoin d'aller en Suisse...nos chers et irréprochables dirigeants connaissent très bien les noms de ces déposants-fantômes...et certains font même partie de ce groupe ! Donc, que le Liban commence à faire de l'ordre chez lui, et sur sa demande, la Suisse fera le reste. Irène Saïd
15 h 45, le 04 mars 2020