Hassane Diab s’entretenant avec les députés de la Rencontre consultative. Photo Dalati et Nohra
Ces propos interviennent à l’heure où le cabinet est appelé à trancher des questions particulièrement épineuses, telles que les nouvelles nominations administratives et judiciaires, ainsi que celle du remboursement, ou non, d’eurobonds (1,2 milliard de dollars) arrivant à échéance le 9 mars. Le Premier ministre aurait-il donc voulu exprimer son ras-le-bol face à des pressions politiques qui entraveraient l’action de son équipe ? Entend-il jeter l’éponge prochainement ?
Pour le moment, une source proche du Sérail contactée par L’Orient-Le Jour préfère « ne pas se noyer dans ce genre de spéculations politiques ». Elle se contente de préciser que M. Diab « n’a fait que décrire la réalité et dire la vérité aux gens » et que « cela ne signifie pas qu’il adresse des messages politiques à qui que ce soit ». Ce qui lui importe le plus reste d’œuvrer pour sortir le pays de la crise actuelle. Il poursuivra donc sa mission, explique encore la source. Une façon d’exclure une éventuelle démission du Premier ministre.
La source tient d’ailleurs à assurer que le chef du gouvernement est conscient de l’ampleur des défis économiques et financiers que son équipe affronte, à commencer par l’échéance des eurobonds. À ce sujet, le chef du gouvernement se décidera samedi, confie-t-elle, ajoutant que la décision ne prendra en compte que les intérêts du Liban et de ses citoyens.
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Le Hezbollah
Sauf que, contrairement aux attentes de M. Diab, le Hezbollah, un des principaux parrains de l’équipe ministérielle, a anticipé les prochaines étapes que le gouvernement entendait prendre dans la prochaine phase. Par la bouche de son secrétaire général adjoint, le cheikh Naïm Kassem, le parti chiite avait exprimé, il y a plus d’une semaine, son opposition catégorique à tout recours à un plan de sauvetage économique élaboré par le Fonds monétaire international, dont le Liban a demandé « l’assistance technique » pour résoudre la crise actuelle. Pour le Hezbollah, recourir à cette option reviendrait à « se soumettre à une instance hégémonique ».
Mais au Sérail, on ne perçoit pas les choses sous cet angle. On assure que Hassane Diab prendra la décision adéquate et on estime que Naïm Kassem a exprimé un point de vue politique. On laisse ainsi entendre que le gouvernement n’est pas nécessairement lié par les propos du numéro deux du Hezbollah. Un proche du Sérail avait d’ailleurs déclaré à L’OLJ que si le Premier ministre estime que le recours au FMI est le seul moyen de mettre un terme à la crise, il adoptera cette solution.
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En attendant, le gouvernement Diab s’est vu bénéficier hier de l’appui du leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, pourtant ouvertement rangé parmi les opposants au chef de l’État Michel Aoun, contre lequel il multiplie les critiques depuis quelques jours. « À l’ombre des graves crises, à savoir le (nouveau) coronavirus, l’électricité et les eurobonds, il est nécessaire de soutenir le cabinet, en dépit de toute autre considération, parce que le vide (gouvernemental) nous mènera tous vers l’inconnu », a averti M. Joumblatt hier sur son compte Twitter.
Pour les milieux du Premier ministre, il ne s’agit que d’une autre position politique, bien que saluée comme positive. Mais M. Diab préfère rester loin du domaine politique et il est prêt à collaborer avec tous ceux qui convergent avec lui sur la nécessité de réformer le pays. Mais à Moukhtara, on est soucieux de mettre les points sur les i : le PSP n’a pas changé son positionnement politique. Mais craint le vide à l’heure où le pays s’effondre à tous les niveaux, explique une source du parti à L’OLJ.
A contrario, les rapports entre M. Diab et le courant du Futur ne semblent pas au beau fixe. Même si les milieux du Sérail affirment que le chef du gouvernement « n’a aucun problème » avec le leader de ce parti, Saad Hariri. Quelques jours après les propos de Hassane Diab en Conseil des ministres portant sur « des tentatives de mener le cabinet à l’échec », dans ce qui avait sonné comme une flèche décochée en direction de la Maison du Centre, le groupe parlementaire haririen a critiqué l’équipe ministérielle. Sans s’en prendre nommément au Premier ministre, le bloc, réuni hier sous la présidence de Bahia Hariri, a dénoncé « l’approche simpliste » face au coronavirus. Il a par ailleurs souligné, dans un communiqué, qu’il suit de près la démarche de l’équipe Diab sur le plan monétaire, notamment pour ce qui est des eurobonds.
En face, Hassane Diab a reçu hier au Sérail une délégation de la Rencontre consultative sunnite, le sous-groupe parlementaire rassemblant les députés sunnites hostiles au Futur et gravitant dans l’orbite du 8 Mars.
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commentaires (8)
Je conseille à Mr Diab s il ne peut pas sortir le pays d une crise financière sans précédant il peut dejas commencer par certains reformes comme( le droit de la femme" à donner la nationalité à ses enfants" ou réguler la circulation par des amandes pour diminuer le nombre des morts sur la route …)et il y a bien d autres. Comme ca le monde se souviendra de lui après son départ proche...
youssef barada
16 h 50, le 04 mars 2020