Le Hezbollah a affirmé mardi ne pas vouloir se "soumettre" aux "instruments autoritaires" du Fonds monétaire international (FMI) pour gérer la crise économique que traverse le Liban, la plus grave depuis la fin de la guerre civile, il y a 30 ans.
Une délégation du FMI, arrivée jeudi à Beyrouth et qui avait prévu de repartir lundi, a finalement décidé de prolonger son séjour au Liban et poursuivre leur mission d’observation jusqu’à ce que le gouvernement du pays décide ou non de solliciter une assistance technique fournie par l’organisation. Cette délégation s'est entretenue avec plusieurs responsables libanais, dont le Premier ministre Hassane Diab, le président du Parlement, Nabih Berry, ou encore le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé.
"Nous sommes aujourd'hui face à une crise économique et financière très difficile exerçant une forte pression, conséquence de 30 ans d'accumulation, qui a besoin de temps pour être résolue", a déclaré le numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, lors d'une rencontre politique à Choueifate, dans le caza d'Aley. "Nous n'accepterons pas d'instruments autoritaires pour cela. Cela veut dire que nous n'accepterons pas de nous soumettre au FMI pour gérer la crise", a-t-il ajouté.
"Nous ne sommes pas contre des conseils, et c'est ce que fait le gouvernement. Ce dernier a la possibilité d'élaborer un plan et de prendre des mesures constructives pour traiter les problèmes monétaires et financiers afin de mettre le pays sur la bonne voie. Nous avons besoin d'un plan global de réformes financières, économiques et sociales, temporaires et stratégiques. Si Dieu le veut, le gouvernement fera cela et les premiers résultats commenceront à émerger", a conclu le secrétaire général adjoint du parti chiite.
Ces déclarations interviennent alors que le gouvernement de Hassane Diab a officiellement annoncé que les cabinets Lazard et Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP ont été sélectionnés pour épauler le Liban dans le processus de restructuration de la dette, confirmant l'information rapportée hier par L'Orient-Le Jour.
Depuis plusieurs semaines, les cercles économiques et politiques au Liban débattent de l’opportunité, dans un contexte de crise économique et financière aiguë, de rembourser une série d’eurobonds s’élevant à 1,2 milliard de dollars et arrivant à échéance le 9 mars. Certains milieux prônent de négocier dès à présent avec les créanciers de l’État une restructuration de la dette. Le gouvernement Diab, qui s’est donné jusqu’à fin février pour trancher, a déjà entamé selon plusieurs sources concordantes les préparatifs en vue de conduire des négociations préliminaires avec les créanciers.
Les difficultés économiques qui touchent le Liban depuis plusieurs mois se sont aggravées après le début en octobre d'une contestation inédite fustigeant l'ensemble de la classe politique accusée de corruption et d'incompétence. Des Etats occidentaux et sunnites du Golfe ont prévenu que tout soutien à Beyrouth dépendait de la mise en œuvre de réformes longtemps repoussées pour traiter les causes profondes de ses difficultés, comme la corruption et une gouvernance défaillante.
Lire aussi
Pourquoi le Hezbollah a peur du FMI
Le FMI prolonge sa mission au Liban, l’ONU l’exhorte à assister le pays
Mnuchin : Le FMI prêt à aider le Liban si les responsables font "les choix difficiles"
Pauvre Diab!
10 h 31, le 27 février 2020