Carlos Ghosn en novembre 2018. Photo AFP/Ludovic MARIN
Le ministre adjoint japonais de la Justice va se rendre au Liban pour tenter de convaincre les autorités que l'ancien patron de Nissan Carlos Ghosn, qui a fui au Liban en décembre dernier, doit être jugé au Japon, a annoncé vendredi le gouvernement japonais. Dans un communiqué, le ministère japonais de la Justice indique que Hiroyuki Yoshiie quittera Tokyo samedi et s'entretiendra lundi avec la ministre libanaise de la Justice, Marie Claude Najm.
Le 30 janvier dernier, la justice japonaise avait lancé des mandats d'arrêt à l'encontre de l'ancien PDG de Renault-Nissan et de trois complices présumés dans sa fuite spectaculaire au Liban, en violation des conditions de sa liberté sous caution au Japon. Outre un mandat d'arrêt contre M. Ghosn pour avoir quitté illégalement le pays, deux autres ont été émis contre Michael Taylor, 59 ans, un ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée, et Peter Taylor, 26 ans, fils de Michael Taylor selon les médias nippons. Un autre mandat d'arrêt vise George Zayek, un Libanais de 60 ans également soupçonné d'avoir directement participé à l'exfiltration de M. Ghosn du Japon.
L'ancien grand patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est soupçonné d'avoir quitté le Japon le soir du 29 décembre en se dissimulant dans un caisson de matériel audio. Il aurait de la sorte échappé aux contrôles à l'aéroport international du Kansai, près d'Osaka (ouest), car le passage aux rayons X des bagages n'était jusqu'à présent pas obligatoire au Japon pour les jets privés. M. Ghosn a refusé pour le moment de confirmer ou d'infirmer les détails de son évasion du Japon.
Sa fuite au Liban, ultra-médiatisée, a plongé dans l'embarras les autorités japonaises, qui ont réclamé son retour dans l'archipel pour qu'il y soit jugé pour les faits de malversations financières qui lui sont reprochés et qu'il nie en bloc. Une demande d'arrestation a été lancée à son encontre début janvier via Interpol, à l'attention des autorités libanaises. Cependant le Liban n'a pas d'accord d'extradition avec le Japon. La justice libanaise lui a interdit le 10 janvier de quitter le pays suite à cette "notice rouge" d'Interpol.
Le 23 janvier, la justice libanaise a demandé au Japon de lui envoyer le dossier de l'affaire, comportant les accusations portées par la justice japonaise à l’encontre de M. Ghosn, pour que son procès puisse avoir lieu au Liban. Aucun accord d'extradition ne lie le Japon et le Liban.
Carlos Ghosn fait l'objet de quatre inculpations par la justice japonaise, notamment pour abus de confiance et détournements de fonds. Il y a quelques jours, Nissan annonçait porter plainte devant un tribunal civil au Japon pour lui réclamer 83,4 millions d'euros de dommages et intérêts. Carlos Ghosn poursuit lui-même le constructeur automobile nippon pour rupture abusive de son contrat.
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commentaires (8)
La Situation économique et financière actuelle au Liban se trouvant être des plus précaires, quoi de plus logique que nos amis Japonais se précipitent pour utiliser pressions et menaces feutrées afin de récupérer celui qui les a ridiculises contre multiples promesses. Reste a savoir maintenant, si le Liban tient au delà et malgré toute ingérence a protéger ses ressortissants.
Cadige William
10 h 24, le 29 février 2020