Comme chaque samedi depuis plusieurs semaines, des Libanais ont organisé des marches à Beyrouth contre le pouvoir politique et les banques, au moment où le pays est secoué par une révolte populaire sans précédent, déclenchée le 17 octobre dernier et couplée à une grave crise économique et financière.
Contrairement aux précédentes marches qui se faisaient sous le slogan "Nous ne paierons pas le prix", la marche d'aujourd'hui s'est faite sous le slogan "Vous paierez le prix", en référence aux dirigeants politiques que les manifestants tiennent pour responsables de la crise.
Sur la place Sassine, à Achrafié, plus d'une centaine de contestataires se sont rassemblés dans une ambiance détendue, avant de se rendre sur la place des Martyrs dans le centre-ville de Beyrouth, où ils ont été rejoints par un autre groupe de manifestants rassemblés à Verdun.
(Lire aussi : « Est-ce vraiment le moment pour le Premier ministre d’accorder un poste à son épouse ? »)
"Peur du peuple"
"Est ce que la révolution a changé quelque chose ? Oui, maintenant ils ne font plus ce qu’ils veulent, ils ont peur du peuple", lance Jinane, 57 ans et femme au foyer, à notre journaliste à Sassine, Apolline Convain.
"On est encore dans la rue car rien n’a changé à part des noms, ce sont toujours les mêmes politiciens corrompus", estime toutefois pour sa part le père Agapios Kfoury, un prêtre de 46 ans.
“Révolte-toi Beyrouth !” : nouvelle marche à Achrafié contre le pouvoir politique. #Liban pic.twitter.com/gsgk1LoCUT
— L'Orient-Le Jour (@LOrientLeJour) February 22, 2020
La confirmation d'un premier cas au Liban d'infection par le nouveau coronavirus vendredi n'a pas l'air d'avoir découragé les manifestants. "Le Corona est une propagande pour nous empêcher de manifester, rien d’autre", estimé Léa, 28 ans et chef de cuisine.
Le Liban, secoué par une révolte populaire sans précédent déclenchée le 17 octobre dernier, croule sous une dette d'environ 92 milliards de dollars, soit plus de 150% de son produit intérieur brut, l'un des ratios les plus élevés du monde. En mars, il devra rembourser 1,2 milliard de dollars d'eurobonds - des obligations émises en dollars - arrivant à échéance. Mais les avis divergent sur le bien-fondé du paiement ou non de cette tranche. Certains milieux prônent de négocier dès à présent avec les créanciers de l’État une restructuration de la dette. Le gouvernement de Hassane Diab, qui s’est donné jusqu’à fin février pour trancher, a déjà fait un premier pas vers la restructuration de la dette.
Cette crise a poussé des centaines de milliers de Libanais dans le chômage, alors que d'autres voient leurs salaires réduits considérablement. Les mesures prises par les banques face à la dégradation de la situation économique et financière du pays ont par ailleurs limité la circulation du billet vert sur le marché et gonflé le taux livre/dollar sur le marché parallèle. Cette situation a pénalisé les Libanais ainsi que plusieurs secteurs payant leurs importations en devises.
Lire aussi
Comptes de méfaits, l'édito de Issa GORAIEB
La tournée de Diab dans le Golfe se fait attendre
Standard & Poor’s emboite le pas à Moody’s et dégrade la notation du Liban
Le journaliste Mohammad Zbib veut porter plainte contre l’ancien ministre Marwan Kheireddine
commentaires (2)
GARE AU FMI !
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 23, le 23 février 2020