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Politique - Partis

Le CPL devant la BDL aujourd’hui : Nous n’avons plus d’autre choix que la rue

Une responsable du parti explique les motivations derrière ce rassemblement qui en a surpris plus d’un. Un militant de la contestation parle de « schizophrénie »...

L’appel au rassemblement du CPL aujourd’hui à Hamra devant la BDL.

Le Courant patriotique libre donne rendez-vous à ses partisans aujourd’hui, à 17 heures, pour un rassemblement devant la Banque du Liban à Hamra, sous le slogan : « Il nous est interdit de retirer (de l’argent), est-ce qu’il vous est permis d’en transférer (à l’étranger) ? » Une référence à la polémique autour de supposés transferts de fonds hors du Liban de montants massifs après le début de la révolte libanaise, et ce malgré les restrictions bancaires draconiennes. Mercredi, le Premier ministre libanais, Hassane Diab, envisageait d’élargir l’enquête portant sur les supposés fonds transférés à tous les pays, et non seulement à la Suisse, et sur une période plus large (voir par ailleurs).

Le parti dirigé par le député et ancien ministre Gebran Bassil oriente donc son mouvement contre ces transferts d’argent, estimant n’avoir pas obtenu les réponses à ses questions sur le sujet.

Mais il s’est attiré de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux concernant cette initiative qui semble faire écho à la contestation civile, ininterrompue dans la rue depuis quatre mois et dirigée contre tous les partis au pouvoir (dont le CPL naturellement), et alors même que ce parti est considéré comme l’un des artisans de la formation du gouvernement actuellement en place. Que cherche le CPL par ce rassemblement aujourd’hui ? Est-ce qu’il a l’ambition, comme le décrit un analyste politique, « de diriger l’opposition d’un côté et le camp au pouvoir de l’autre » ? Interrogée par L’OLJ sur cette manifestation, Rindala Jabbour, coordinatrice du comité médiatique central du CPL, explique que « ce rassemblement vise à obtenir des réponses concernant les fonds qui ont été transférés du Liban vers l’étranger après l’éclatement du mouvement du 17 octobre ». « Le président du parti Gebran Bassil a formulé une demande dans ce sens dès la fin 2019, poursuit-elle. Le bloc du CPL a réitéré la question en début d’année. Mais ces interrogations sont restées sans réponse. Nous estimons qu’après avoir agi sans succès dans le cadre de la politique, nous n’avons plus d’autre choix que d’avoir recours à la rue. » « Nous estimons que les mesures de contrôle des capitaux prises par les banques sont aléatoires, poursuit-elle. Alors que certains sont capables de transférer des sommes conséquentes hors du pays, d’autres attendent pendant des heures pour retirer cent dollars de la banque. »

Rindala Jabbour indique que la mobilisation aura lieu au sein de la base du parti, avec une représentation de secteurs lésés par les mesures financières prises par les banques, comme l’industrie, le commerce, etc. Elle précise que les alliés politiques du parti n’ont pas été sollicités à cette occasion.

Le CPL essuie de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, en raison de sa décision de recourir à la rue, par des internautes qui rappellent que le fondateur du parti est président de la République, que ses cadres ont occupé de nombreux ministères durant des années, qu’il a un grand bloc parlementaire… Pourquoi manifester dans ces conditions ?

« Avoir occupé de nombreux ministères et être proches du président de la République ne signifie pas que nous détenons une majorité au sein de l’État et que nous obtenons tout ce que nous voulons, répond Mme Jabbour. Il est également faux de croire que nous sommes représentés au sein du nouveau gouvernement. »


(Lire aussi : Le CPL dément avoir détourné l’hymne national)



Dans l’opposition ?

Ce rassemblement signifie-t-il que le parti désire se positionner clairement dans l’opposition ? « Aujourd’hui, nous sommes hors du gouvernement et agissons donc en observateurs, répond Rindala Jabbour. Nous attendons de ce gouvernement qu’il effectue des changements importants au niveau des politiques économiques et financières. Nous le soutiendrons quand nous jugerons cela utile et nous nous opposerons à ses décisions quand elles ne nous paraîtront pas convaincantes. »

À la question de savoir comment un rassemblement organisé par le CPL, un parti considéré comme étant au pouvoir, pourrait être perçu par le mouvement de contestation né le 17 octobre, Mme Jabbour répond : « Nous n’organisons pas ce rassemblement contre la rue. Il s’agit d’un événement ponctuel, conçu dans un objectif très précis, celui de restituer les fonds transférés à l’étranger après le 17 octobre. Il n’entre donc pas en collision avec les autres rassemblements. »

Bien que la relation du CPL avec le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, n’ait pas toujours été au beau fixe, Mme Jabbour assure que cette mobilisation ne le vise pas personnellement. « Nous pensons que M. Salamé assume une grande responsabilité dans les politiques financières et qu’il détient les réponses aux questions que nous posons, affirme Rindala Jabbour. Toutefois, ce rassemblement ne le vise pas en personne. Preuve en est, nous ne demandons pas sa démission par exemple. Ce qui ne l’exempte pas d’apporter des réponses à des questionnements légitimes. »

Ce mouvement est-il en rapport avec ce qui se dit sur une restructuration au sein du CPL ? « Il n’y a pas de restructuration à proprement parler au sein du parti actuellement, indique-t-elle. Nous sommes dans un processus continu de remise en question et de changements précis là où nous le jugeons nécessaire. Il est crucial pour nous de réajuster continuellement notre politique afin qu’elle soit aussi adaptée que possible aux développements sur le terrain. »


(Lire aussi : Siège du CPL à Nahr el-Kalb : le parti affirme avoir « obtenu toutes les autorisations requises »)


Un mouvement « de pure forme »

Ce mouvement dans la rue peut-il convaincre les militants qui se rassemblent régulièrement devant la BDL et sur les places de la révolution depuis des mois ? Mohammad Bzeih, responsable estudiantin et militant au sein du Parti communiste libanais (connu pour son opposition systématique aux politiques des banques et de la BDL en particulier), pense que « toute action menée par l’un ou l’autre des partis au pouvoir devant cette institution n’est que de pure forme ». « Le CPL n’a-t-il pas fait partie de ceux qui ont renouvelé le mandat de Riad Salamé au sein du gouvernement précédent ? demande-t-il à L’OLJ. N’a-t-il pas activement contribué à la formation du gouvernement actuel qui entérine les politiques des banques et de la BDL ? Ces partis font preuve d’une schizophrénie lorsqu’ils font appel à la rue. »

Réagissant au fait que le CPL nie être représenté dans le gouvernement de Hassane Diab, M. Bzeih affirme que « cela n’est pas exactement vrai, cette équipe reflète le partage des parts entre les partis qui forment ce système ».

Pense-t-il que le CPL tente un repositionnement au sein de l’opposition ? Sous quel angle le mouvement de contestation pourrait-il considérer une telle reconversion ?

« Nous ne jugeons pas le repositionnement d’un parti suivant telle ou telle action, répond-il. Toute formation qui veut contribuer à un réel changement doit adopter une politique radicalement différente de celle des trente ans passés. Or nous constatons que ce nouveau gouvernement perpétue les mêmes politiques en faveur des banques et de la Banque centrale. Ce qu’il nous faut, ce sont des politiques qui protègent les petits déposants. Et ce n’est pas ce que nous inspirent les premières actions du gouvernement. »

Le 30 novembre dernier, c’est pour apporter un soutien au président de la République, à l’occasion du troisième anniversaire de son élection, que le CPL avait appelé ses partisans à une manifestation.


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commentaires (13)

Quelle belle publicité pour le CPL descendre dans la rue waw.....

Eleni Caridopoulou

17 h 04, le 20 février 2020

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Commentaires (13)

  • Quelle belle publicité pour le CPL descendre dans la rue waw.....

    Eleni Caridopoulou

    17 h 04, le 20 février 2020

  • Ils disent: "Nous n'avons plus d'autre choix". D'après ce que je lis dans les commentaires ici et là personne n'a été suffisamment alarmée par cette manifestation. Une tranche du pouvoir, pas n'importe laquelle, descend dans la rue, pourquoi? ils ont la faculté de convoquer la BDL à Baabda pour obtenir des informations et d'exprimer leur amertume et leurs doléances en direct. A quoi bon de mobiliser tout un monde pour aller interpeller la BDL à sa porte? ça sent mauvais....sous les pavés

    Shou fi

    16 h 06, le 20 février 2020

  • A case of FOMO (Fear of Missing Out)

    M.E

    14 h 50, le 20 février 2020

  • Le petit se ridiculise encore plus, jour après jour. LOL

    Remy Martin

    13 h 45, le 20 février 2020

  • C'est une manoeuvre inventée par le "président de l'ombre". Cela s'appelle "jeter de la poudre aux yeux" qui signifie "chercher à éblouir quelqu'un d'autre par un éclat souvent illusoire". Qui sont ceux qui ont transféré de fonds hors du Liban, il y a deux mois, 2,6 milliards de dollars ? On le saura bientôt, leur dossier est entre les mains du juge l'intègre Ghassan Oueidate.

    Un Libanais

    13 h 09, le 20 février 2020

  • Schizophrénie de masse

    Naji KM

    11 h 04, le 20 février 2020

  • Le Tayyar Imposteur de l'Axe de l'Imposture se ridiculise par ses contradictions évidentes. Au final il n'est pas plus imposteur que le Hezb ou le Estez, c'est juste que son imposture à lui est plus flagrante, donc plus ridicule et moins dangereuse.

    Citoyen libanais

    10 h 43, le 20 février 2020

  • vieille expression de chez nous : DARABNE WA BAKA ,SABAKNE WA CHAKA" comment osent-ils ???!!!

    Hamed Adel

    09 h 22, le 20 février 2020

  • Quelle hypocrisie....

    mokpo

    07 h 43, le 20 février 2020

  • LE CRIMINEL DEVANT L,EXECUTEUR DU CRIME. OU ETIEZ-VOUS LORSQUE SALAME DECLARAIT DEPUIS AU MOINS TROIS ANS ET JUSQUE AU DEBUT D,OCTOBRE 2019 QUE LES RESERVES DE LA BDL OR COMPRIS SONT 53 MILLIARDS DE DOLLARS ET QU,IL N,Y AVAIT AUCUN RISQUE DE FAILLITE DE L,ETAT LA BDL POUVANT COUVRIR LES TROIS PREMIERES ANNEES D,UN TEL EVENEMENT SUFFISANT POUR REDRESSER L,ECONOMIE ET LES FINANCES DU PAYS... VOUS MESSIEURS QUI GOUVERNAIENT PRATIQUEMENT CE PAYS DEPUIS PLUS D,UNE DECENNIE ? LA RUE N,EST PAS POUR VOUS. ELLE EST CONTRE VOUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 14, le 20 février 2020

  • Hypocrisie habituelle. Le premier ministre fait du progrès sur ce dossier et Bassil veut s'arracher du crédit.

    Zovighian Michel

    07 h 03, le 20 février 2020

  • "Aujourd’hui, nous sommes hors du gouvernement". Non mais, quel culot!

    Yves Prevost

    06 h 40, le 20 février 2020

  • plus d'autres choix?? OHHH que oui.. Y en a plein..dont le conseil de Monseigneur "abdel sater" à la saint maron... Il suffit d'écouter les gars.

    LE FRANCOPHONE

    01 h 17, le 20 février 2020

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