Le Courant patriotique libre (CPL) a dénoncé hier une « campagne programmée » à son encontre dans l’affaire de la construction de son siège sur le promontoire historique de Nahr el-Kalb, affirmant avoir obtenu toutes les autorisations requises pour l’entreprendre. L’affaire de la construction du quartier général du CPL à proximité des stèles de Nahr el-Kalb a suscité un tollé sur les réseaux sociaux tout le week-end, ce site étant considéré depuis 2003 comme « non constructible » par la Direction générale des antiquités (DGA) et classé sur la liste nationale des monuments historiques et dans le registre de la Mémoire du monde de l’Unesco (voir L’Orient-Le Jour du 17 février).
Dénonçant une « campagne programmée » à son encontre et des « rumeurs », le bureau de presse du CPL a affirmé avoir obtenu toutes les autorisations requises de la part des autorités concernées, notamment des ministères de la Culture et de l’Environnement, de la direction de l’urbanisme, de l’ordre des ingénieurs et de l’Union des municipalités du Metn. Le parti précise avoir obtenu ces autorisations « dans le cadre de la loi, avant de commencer la construction » du complexe.
« Les travaux d’excavation permettant d’élargir la surface de construction sont terminés depuis un moment et ils n’ont pas endommagé le site archéologique et historique. Aucun dégât n’a été enregistré », a ajouté le CPL. Et de préciser qu’il a prévu une distance de 20 mètres supplémentaires entre le futur bâtiment et le site historique.
Le CPL est le parti « qui veille le plus à protéger les sites archéologiques, environnementaux, naturels et historiques », précise le texte. « Nous n’attaquerons jamais un tel site et nous démentons formellement avoir endommagé les stèles de Nahr el-Kalb. Aucune preuve ne vient attester ces accusations », a souligné le parti aouniste.
« Peut-être qu’un jour on érigera un bâtiment dans le périmètre du temple de Baalbeck »
Les « autorisations nécessaires » suffisent-elles à justifier la construction d’un tel complexe à proximité d’un des sites historiques majeurs du pays ? Interrogé sur la question par L’OLJ, Ali Darwiche, président de Green Line et écologiste de longue date, estime que « techniquement, il est possible de construire là où l’on veut, à condition de soigner les fondations et d’effectuer les études géotechniques nécessaires ». « Toutefois, obtenir une autorisation de la part de la Direction générale de l’urbanisme, ou de tout autre organisme, justifie-t-il le changement de classement d’un terrain tel que celui-là? s’insurge-t-il. Malheureusement, tout est possible dans la république de la corruption. Peut-être qu’un jour, on érigera un bâtiment dans le périmètre du temple de Baalbeck, ou dans la vieille ville de Byblos, et l’on trouvera cela acceptable ! »
L’écologiste fait remarquer que « tout changement de classement d’un terrain doit être justifié par une cause d’intérêt général ». « Où est l’intérêt général dans la construction du siège d’un parti ? interroge-t-il. Ils auraient facilement pu ériger leur bâtiment ailleurs. Et pour ce qui est de la distance de 20 mètres qui sépare le bâtiment des vestiges, et que le CPL évoque dans son communiqué, je me demande qui a décrété qu’elle était suffisante. Est-ce l’organisme chargé de protéger le site? »
Ali Darwiche déplore par ailleurs la destruction des rochers caractéristiques de la région. « Les lois, tout comme les paysages naturels ou les vestiges du patrimoine, sont une vue de l’esprit dans un pays miné par la corruption », conclut-il.
Le site de Nahr el-Kalb est caractérisé par la présence de 22 stèles, reliefs et inscriptions commémoratives datant du IIe millénaire avant J.-C. (XIIIe siècle) jusqu’au IIe millénaire de notre ère (XXe siècle). En 2003, une réhabilitation des lieux, financée par la Fondation nationale du patrimoine, avait été menée. Les travaux exécutés comprenaient le nettoyage des stèles, l’aménagement des sentiers, la clôture d’une partie du site et l’installation des panneaux signalétiques et explicatifs.
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commentaires (13)
Dégoutant , il n 'existe aucun autre terme pour justifier cette construction. En propre terme on s'approprie un site historique.
DRAGHI Umberto
14 h 53, le 19 février 2020