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Économie - Crise

Restructuration de la dette : le Liban cherche des cabinets internationaux pour l’épauler

Deux appels à propositions ont été lancés hier à midi : l’un visant à sélectionner un cabinet d’avocats international et l’autre pour un cabinet de conseil financier international. Les firmes doivent présenter leurs propositions demain.

La délagation du FMI est attendue aujourd’hui au Grand Sérail. Photo d’archives

Le Liban a fait un premier pas hier en vue d’une restructuration de sa dette. Le ministère des Finances a officiellement lancé vers midi deux appels à propositions, l’un visant à sélectionner un cabinet d’avocats international et l’autre pour un cabinet de conseil financier international. « Toutes les firmes qui ont exprimé un intérêt ont été invitées à soumettre des propositions. Elles doivent les remettre vendredi », a indiqué une source proche du dossier à L’Orient-Le Jour. Il a été en revanche impossible de consulter une copie de ces appels à propositions en raison de leur caractère hautement confidentiel.

Sur le volet légal, trois grands cabinets spécialistes de la dette souveraine sont en compétition : Dechert LLP (dont fait partie l’ancien ministre Camille Abousleiman), Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP et White & Case LLP.

Sur le volet financier, sept cabinets sont appelés à soumettre leurs propositions : Rothschild & Co, Guggenheim Partners, Citibank, Lazard, JPMorgan, PJT Partners et Houlihan Lokey. Moelis & Company, qui était dans un premier temps convié à participer à cet appel à propositions, a finalement été retiré de la liste. En cause, une polémique naissante autour d’un potentiel conflit d’intérêts : le fils du ministre des Finances Ghazi Wazni, Karim Wazni, est vice-président du bureau de Moelis & Company à Dubaï.


(Lire aussi : Eurobonds cédés par les banques libanaises à des créanciers étrangers : le gouvernement demande des clarifications)



Effondrement du cours des eurobonds

L’appel à propositions ne signifie pas que le Liban a décidé de restructurer sa dette, « mais cela signifie que le Liban étudie toutes les options et les répercussions qui en découlent », a souligné une source citée hier par Reuters. Mais dès l’annonce de son lancement dans les médias, le marché a réagi de manière extrêmement négative : les cours des eurobonds ont plongé de 17 cents de dollar, soit leur pire contre-performance jamais enregistrée. Ils se négociaient hier à 55 cents/57 cents (selon les sources), pour un rendement supérieur à 1 500 %. Une situation inédite dans l’histoire de la dette souveraine. Ce niveau exceptionnellement élevé s’explique par les incertitudes qui règnent encore sur la possibilité que le Liban fasse ou non défaut à quelques semaines seulement d’une date-butoir cruciale : le pays est censé rembourser le 9 mars 1,2 milliard d’eurobonds arrivant à échéance. Les avis divergent toutefois sur le bien-fondé du paiement ou non de cette tranche. Le gouvernement Diab s’est donné jusqu’à fin février pour décider.

Du côté des créanciers de l’État, les principaux détenteurs d’eurobonds s’organisent également afin de sélectionner le (ou les) cabinet(s) d’avocat qui les représentera. « Il est trop tôt encore pour savoir si un seul cabinet sera retenu, cela dépendra de comment seront classées les obligations en fonction du Fiscal Agency Agreement (le contrat) des eurobonds », a indiqué une source à L’OLJ. Si une restructuration de la dette est décidée, les principaux détenteurs d’eurobonds se regroupent au sein d’un comité pour en négocier les termes avec l’État concerné. Une fois un accord conclu, les termes de la restructuration doivent être approuvés par une majorité de 75 % des détenteurs de chaque série, votant série par série. En général, une restructuration de la dette signifie que de nouvelles séries d’eurobonds sont émises avec des dates de maturité plus longues, une réduction des intérêts et souvent du principal. Les séries existantes sont alors échangées contre les nouvelles séries.


(Lire aussi : Fonds transférés à l’étranger : vers un élargissement de l’enquête ?)



Le FMI entame aujourd’hui sa visite

Dans ce contexte, et alors qu’un Conseil des ministres est prévu aujourd’hui, duquel figureront les dossiers économique et financier, les milieux politiques proches du gouvernement Diab continuent de se prononcer en faveur d’une restructuration de la dette. Le président du Parlement, Nabih Berry, a estimé hier, lors de sa réunion hebdomadaire avec des députés, « que la restructuration de la dette est la meilleure solution » à la crise actuelle, selon des propos rapportés par le député Ali Bazzi. Pour sa part, le président de l’Association des banques du Liban (ABL), Salim Sfeir, a affirmé, à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre Diab, que toute restructuration éventuelle de la dette publique du pays devrait se faire « de manière structurée » et sur base de négociations avec les créanciers. Mardi, Fitch a indiqué qu’il était plus que probable que le Liban se retrouve contraint de procéder à une « certaine forme de restructuration » de sa dette publique, une perspective qu’elle avait déjà soulevée en décembre après avoir dégradé la notation souveraine du pays, pour la seconde fois en un an, d’abord de « B- » à « CCC » puis à « CC ». Quant au Fonds monétaire international (FMI), à qui le Liban a demandé une assistance technique, il a confirmé qu’une délégation arrive aujourd’hui à Beyrouth pour une mission de trois jours. Elle « s’entretiendra avec les autorités pour savoir comment elles comptent faire face aux difficultés économiques du Liban, faire le point sur les récents développements macroéconomiques et fournir une assistance technique sur les politiques à mettre en place pour faire face aux défis macroéconomiques » du pays, a précisé dans un communiqué Gerry Rice, porte-parole du FMI. Il a souligné que « le Liban n’a pas demandé d’aide financière au FMI ».


L'avis des experts

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commentaires (4)

Les fonds d’investissement vautour logés dans la City se précipitent comme toujours sur les dettes souveraines en les achetant aux rabais durant les crises, si ils sont plus que 25% ils refuseront toutes restructurations de la dette et torpilleront tout accord et voudrons tout, plus les intérêts de retard. Ils sont parfois téléguidés politiquement pour punir un pays piloté par des partis qui ne sont pas dans les normes politiques imposées par les puissances qui ont le monopole du système financier international. Pourquoi est-on arrivé à cette débâcle. 1. Soit, la classe politique libanaise a fait le choix d’accepter le chantage des armes miliciennes sur la tempe en spoliant les budgets et recourir à l’inflation de la dette, ils prenaient ainsi le risque de casser à terme l’économie du pays. 2. Soit la classe politique libanaise a joué avec les maîtres-chanteurs en pompant habilement et a partagé des avantages via des marchés publics truqués. L’économie ouverte libanaise leur a permis de transférer leur magot dès qu’ils ont vu le crash arrivé. Dans les deux cas ils sont nuls incompétents et criminels.

DAMMOUS Hanna

10 h 12, le 20 février 2020

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Commentaires (4)

  • Les fonds d’investissement vautour logés dans la City se précipitent comme toujours sur les dettes souveraines en les achetant aux rabais durant les crises, si ils sont plus que 25% ils refuseront toutes restructurations de la dette et torpilleront tout accord et voudrons tout, plus les intérêts de retard. Ils sont parfois téléguidés politiquement pour punir un pays piloté par des partis qui ne sont pas dans les normes politiques imposées par les puissances qui ont le monopole du système financier international. Pourquoi est-on arrivé à cette débâcle. 1. Soit, la classe politique libanaise a fait le choix d’accepter le chantage des armes miliciennes sur la tempe en spoliant les budgets et recourir à l’inflation de la dette, ils prenaient ainsi le risque de casser à terme l’économie du pays. 2. Soit la classe politique libanaise a joué avec les maîtres-chanteurs en pompant habilement et a partagé des avantages via des marchés publics truqués. L’économie ouverte libanaise leur a permis de transférer leur magot dès qu’ils ont vu le crash arrivé. Dans les deux cas ils sont nuls incompétents et criminels.

    DAMMOUS Hanna

    10 h 12, le 20 février 2020

  • Depuis des années on désignait les ministres, surtout les plus importants: finances, affaires étrangères, énergie, défense et environnement en raison de leur appartenance à telle communauté religieuse ou tel parti. Sans s'assurer au préalable s'ils possédaient les qualifications requises pour leur ministère. Ces ministres s'entouraient de commissions innombrables dès qu'un problème surgissait...mais le problème dormait dans les tiroirs des ces commissions...sans jamais être vraiment résolu ! Pourtant ces ministres touchaient leurs salaires, les commissions aussi ! Et le navire Liban continuait de tanguer sur des vagues de plus en plus hautes de problèmes financiers et de dettes, d'électricité, de déchets et d'environnement massacré. Mais nos super-ministres continuaient de présider des séances, de faire des déclarations et d'accuser les autres d'incapacité etc., etc. Et maintenant, on cherche des cabinets internationaux pour épauler le Liban...??? Une question: comment les payer...? Car ils ne font certainement pas de bénévolat...! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 22, le 20 février 2020

  • LE PAYS VA FAIRE DEFAUT DE TOUTE FACON. QU,IL LE FASSE DES MAINTENANT EN NE PAYANT PAS LES 1.2 MILLIARDS D,EUROBONS ET QU,IL AILLE SANS RETARD A LA RESTRUCTURATION DE LA DETTE. IL FAUT PENALISER LES PROPRIETAIRES DES BANQUES. IL FAUT TOUCHER AUX POCHES DES MILLIARDAIRES ET DES MULTIMILLIONNAIRES. LES MILLIARDS ET LES MULTIMILLIONS NE S,AMASSENT PAS HONNETEMENT... LA PLUPART LE FURENT EN UN TRES COURT LAPS DE TEMPS... CORRUPTION ET VOL SONT DE LA PARTIE. ET POUR LA CORRUPTION ET LES VOLS COMMENCEZ PAR POURSUIVRE LE SCANDALE GENDRISSIMAL DU SIECLE DES BARGES TURQUES ET DE L,ELECTRICITE EN GENERAL QUI REPRESENTENT PLUS DE LA MOITIE DE LA DETTE DU PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 39, le 20 février 2020

  • Le plus relaxant à la lecture de cet article est l’absence, enfin, des traditionnels commentaires politiques Tenus par des incompétents notoires...

    Gros Gnon

    06 h 19, le 20 février 2020

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