Le Premier ministre Hassane Diab a reçu hier le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, qui l’a informé des résultats préliminaires de l’enquête sur les transferts de fonds supposés vers la Suisse à partir du 17 octobre, date du début du soulèvement populaire sans précédent contre la classe politique. Les deux responsables ont également « discuté de la possibilité d’élargir l’enquête de manière à ce qu’elle ne porte pas exclusivement sur la Suisse, mais sur l’ensemble des pays destinataires de ces transferts, et qu’elle porte sur une période antérieure au 17 octobre », a rapporté l’Agence nationale d’information (ANI officielle). La ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a également demandé au procureur Oueidate d’étendre son enquête. Elle a demandé au juge d’obtenir de la commission spéciale d’investigation (CSI) relevant de la Banque du Liban toutes les informations en sa possession concernant l’ensemble des versements effectués du Liban vers l’étranger depuis le 1er juillet 2019.
Vers la fin décembre, des rumeurs ont circulé à propos de « milliards de dollars » qui auraient été transférés en Suisse par des dirigeants politiques, alors que les clients des banques subissent des restrictions bancaires (difficulté de transférer de l’argent à l’étranger et de retirer du liquide). Selon le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, près de 2,6 milliards de dollars ont été transférés hors du pays depuis septembre, mais l’enquête diligentée auprès des banques concerne un milliard de dollars seulement.
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Mise au point de la CSI
En outre, la CSI est revenue hier sur la question, dans un communiqué qui s’apparente à une réponse aux propos tenus la veille par l’ancien ministre de l’Économie Mansour Bteich au sujet de l’enquête en cours concernant les transferts supposés vers la Suisse. Elle a notamment indiqué qu’elle allait soumettre les résultats de ses enquêtes au procureur général près la Cour de cassation afin qu’il prenne les mesures nécessaires.
« Le 2 janvier la CSI a reçu une demande d’assistance judiciaire du procureur général près la Cour de cassation, dans laquelle ce dernier demande que soit établi le volume des fonds qui ont été transférés depuis le 17 octobre et que soit connue l’origine licite ou illicite de ces fonds, peut-on lire dans un communiqué de la commission. La CSI a tenu une réunion le 9 janvier à l’issue de laquelle elle a demandé à l’ensemble des banques opérant au Liban de réexaminer les comptes ouverts chez elles et appartenant à des personnes politiquement exposées et plus précisément ceux ayant connu des transferts à l’étranger du 17 octobre au 31 décembre 2019. La CSI a demandé à ces banques de signaler tout cas suspect. » « Après avoir reçu les réponses de banques, la CSI a décidé, le 6 février, de demander aux établissements concernés de lui communiquer dans un délai d’une semaine les montants, les comptes et les opérations concernés par ces transferts », est-il ajouté. « La CSI va soumettre les résultats des enquêtes qu’elle a menées au procureur général financier pour qu’il prenne les mesures nécessaires », conclut le communiqué.
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Mardi, le groupe parlementaire du Liban fort, affilié au Courant patriotique libre de Gebran Bassil, a prévenu qu’il « ne restera pas silencieux » face à la polémique autour du transfert de plusieurs milliards de dollars à l’étranger. À l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc, présidée par M. Bassil, M. Bteich a affirmé que la formation « s’étonne de l’absence de réponse de la part de la Banque du Liban au sujet des transferts de fonds à l’étranger, notamment après le 17 octobre (...) ». « Nous n’accepterons plus de rester silencieux et nous avons des informations selon lesquelles des millions, des milliards même, ont été transférés, surtout après le 17 octobre », a-t-il ajouté, sans plus de détails.
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commentaires (4)
DES ENQUETES ON EN VERRA. COMBIEN SERIEUSES... UN DIEU SEUL LE SAIT. DE LA RECUPERATION DES MONTANTS VOLES ENTENDRA-T-ON PARLER JAMAIS ? ON ATTEND VOIR.
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 29, le 20 février 2020