Le Premier ministre libanais Hassane Diab, dont le gouvernement parrainé par le Hezbollah et ses alliés a obtenu mardi la confiance du Parlement, a été reçu mercredi, pour la première fois depuis sa désignation, à Dar el-Fatwa, la plus haute instance religieuse sunnite du pays, par le mufti de la République, Abdel Latif Deriane.
"Ma visite à Dar el-Fatwa et auprès du mufti, les références de la communauté musulmane du pays, est tout à fait naturelle", a déclaré le chef du gouvernement à l'issue de son court entretien avec le cheikh Deriane, qualifié d'"ami" par M. Diab, affirmant avoir "confiance en la sagesse" du mufti. "Nous avons évoqué avec le mufti les affaires des musulmans, la situation économique et sociale, ainsi que la nécessité des efforts concertés pour surmonter cette période difficile. Nous nous sommes également accordés sur la nécessité de poursuivre les contacts", a conclu le Premier ministre, insistant sur l'"unité de la communauté". Interrogé par une journaliste, le mufti a déclaré que Hassane Diab, dont "le gouvernement a obtenu la confiance", "est le Premier ministre de tous les Libanais".
Cette rencontre entre M. Diab, qui peine à bénéficier de l’appui de la rue sunnite, et le mufti Deriane aurait dû avoir lieu après la formation du gouvernement, comme l’avait annoncé le Premier ministre lui-même en marge des consultations parlementaires, le 21 décembre dernier.
Mais la désignation de Hassane Diab, poussée par le Hezbollah et ses alliés, avait été mal accueillie par les principaux dignitaires sunnites, et suscité la colère des partisans du courant du Futur de Saad Hariri, dont le gouvernement avait chuté sous la pression du mouvement de contestation contre la classe dirigeante qui secoue le Liban depuis près de quatre mois.
Faisant la sourde oreille à une rue bouillonnante de colère, le gouvernement Diab a obtenu hier soir la confiance du Parlement, à l'issue d'une séance parlementaire marquée par une polémique autour du quorum. Sur un total de 128 députés qui forment l'Hémicycle, 84 députés étaient présents au moment du vote : 63 ont accordé la confiance au nouveau cabinet largement conspué par la rue, alors que 20 élus ont refusé de la lui accorder.
Le gouvernement, qui doit se réunir jeudi, est confronté à la plus grave crise économique que traverse le Liban depuis la fin de la guerre civile, il y a 30 ans.
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Boukhari à Dar el-Fatwa : des messages en direction de Diab ?
IL A RECU LA BENEDICTION DU MUFTI. MAINTENANT AU TRAVAIL. MONTREZ-NOUS EN ACTES CE QUE VOUS AVEZ DECLARE EN PAROLES. ET SURTOUT SAUVEGARDEZ LES ECONOMIES D,UNE VIE EN DEPOTS DANS LES BANQUES DU PEUPLE LIBANAIS ET DE LA DIASPORA LIBANAISE.
20 h 26, le 12 février 2020