Le président libanais, Michel Aoun, qui présidait vendredi une réunion du Conseil supérieur de la défense, a insisté sur l'importance de "protéger la paix civile et la stabilité du pays", mettant toutefois en garde contre les "atteintes au prestige de l'Etat, de ses institutions et de ses responsables". Cette déclaration intervient alors que, ces derniers jours, plusieurs incidents ont opposé des manifestants aux partisans du député aouniste Ziad Assouad, dégénérant en échauffourées faisant plusieurs blessés.
Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion au palais de Baabda, le Conseil supérieur de la défense a souligné "l'importance de renforcer la coopération entre le différents appareils sécuritaires et militaires afin d'assurer la stabilité du pays et de prévenir les actes de vandalisme".
Au cours des dernières semaines, le mouvement de contestation que connait le pays depuis plus de trois mois avait pris un tour plus violent, avec de fréquents affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants. Ces incidents, marqués par des jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, avaient fait plusieurs centaines de blessés.
(Lire aussi : Un esclandre à Maameltein prend une tournure confessionnelle, Ziad Assouad se défend)
Tolérance zéro
Le chef de l'Etat a "insisté sur l'importance de contrôler la situation sécuritaire, afin de protéger la paix civile et la stabilité du pays", ajoute le communiqué du Conseil. Et de souligner que le président Aoun a appelé à pratiquer une politique de "tolérance zéro" envers toute tentative de "porter atteinte au prestige de l'Etat, de ses institutions et de ses responsables".
A plusieurs reprises depuis le début de la contestation, les protestataires ont conspué des personnalités politiques présentes dans des lieux publics, notamment l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, qui a été obligé de quitter un concert à l'Université américaine de Beyrouth, ou le vice-président de la Chambre, Elie Ferzli, qui s'est retiré d'un restaurant de Beyrouth. Ces incidents se sont produits sans qu'aucun heurt ne soit à déplorer, mais les choses ont dégénéré à deux reprises cette semaine lorsque des manifestants ont voulu obliger le député de Jezzine Ziad Assouad de couper court à deux dîners, le premier à Antélias, mardi dernier, et le second à Jounieh, mercredi. Lors de ce dernier incident, ses partisans ont attaqué à coups de bâton et de couteaux des contestataires et les ont insultés, s'en prenant notamment violemment à un jeune homme venu de Tripoli (Nord).
Avant la réunion du Conseil supérieur de Défense, le chef de l'Etat s'est entretenu avec le Premier ministre, Hassane Diab.
Réagissant au communiqué publié à l'issue de la réunion du Conseil, le député et ancien Premier ministre Nagib Mikati a dit craindre que "le gouvernement qui doit faire face aux défis se transforme prochainement en gouvernement pour faire face à la révolution populaire dans la rue". "Ce qui ressort des décisions du Conseil supérieur de défense indique qu'il y a une tendance à défier la volonté des gens par la force étatique", a estimé M. Mikati.
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commentaires (15)
POUR COMBIEN DE TEMPS ENCORE QU'IL VA CONTINUER À ABUSER DE SON POUVOIR AOUN ?
Gebran Eid
20 h 46, le 07 février 2020