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Politique - Contestation

Bataille feutrée pour le contrôle du centre-ville de Beyrouth

Dans des lieux désormais totalement plongés dans l’obscurité, des manifestants ont été « sommés » par des officiers des FSI de couper les branchements qui relient leurs tentes à un poteau municipal. Le mohafez de Beyrouth dément avoir pris une telle décision.

Les tentes au centre-ville sont éclairées avec les moyens du bord. Photo Marwan Assaf

Une affaire pour le moins incongrue secoue depuis hier les milieux des manifestants qui dorment dans les tentes du centre-ville depuis plus de trois mois. Marcelle Rached, qui en fait partie, raconte à L’Orient-Le Jour que les différents manifestants qui tiennent des tentes ont reçu lundi la visite d’officiers des Forces de sécurité intérieure les sommant de couper les fils qu’ils branchent sur un poteau électrique municipal pour approvisionner leurs tentes en courant. Cette nouvelle tentative intervient quelques jours seulement après une autre – ratée – de rouvrir les artères de la région fermées depuis le 17 octobre. « Les trois lieux où nous nous trouvons, les places des Martyrs et de Riad el-Solh et le parking des lazaristes, sont plongés dans le noir depuis des semaines, raconte Marcelle Rached. Ces places étaient abondamment illuminées avant la révolution, et voilà qu’elles sont totalement obscures. Et nous, nous avons besoin d’un peu de courant pour éclairer nos tentes. »

La militante, qui tient une tente très fréquentée au parking des lazaristes, reconnaît que la procédure en soi n’est pas légale. « Toutefois, il faut rappeler que nous ne sommes pas là pour le plaisir mais parce que nous défendons une cause et que nous ne sommes pas encore parvenus à nos fins, dit-elle. Pourquoi viennent-ils, après des mois, nous chicaner sur un peu de courant qui doit leur coûter une misère, alors que nous avons juste besoin de quoi allumer une lampe ou deux et faire fonctionner une prise électrique pour nos chargeurs ? Ceux qui veulent nous en priver ne sont-ils pas les mêmes qui ont gaspillé des milliards dans ce secteur ? Nous ne nous laisserons pas faire. »

Marcelle indique que « les officiers ont textuellement signifié aux manifestants de débrancher les fils électriques sous peine de voir des agents municipaux le faire deux jours plus tard, sous protection policière, en dressant des procès-verbaux à l’encontre des contrevenants ». « Cependant, remarque-t-elle, personne ne nous a montré un ordre d’exécution officiel. »

Et pour cause : la municipalité n’a visiblement pas pris la décision de débrancher ces fils électriques. Interrogé sur cette question par L’OLJ, le mohafez de Beyrouth Ziad Chbib, qui détient l’autorité exécutive de la ville de Beyrouth, assure « n’avoir pris aucune décision en ce sens ». « Personne d’autre que le mohafez ne peut prendre de telles dispositions et je peux affirmer que cela n’est pas arrivé », ajoute-t-il. Il dit n’avoir aucune explication concernant ce qui a été annoncé aux manifestants à ce propos. Le ministre de l’Intérieur, Mohammad Fehmi, était injoignable hier pour un commentaire. Enfin, une source d’Électricité du Liban a indiqué à la LBC que la compagnie n’a pas l’intention de priver ces manifestants d’électricité, soulignant cependant avoir reçu une plainte de la part d’une société d’affichage qui a installé des panneaux au centre-ville et qui a vu ses factures grimper.



(Lire aussi : Venus des quatre coins du pays, des Libanais ravivent la flamme de la révolution à Tripoli)



Une nouvelle stratégie feutrée ?
Existe-t-il une tentative feutrée de prendre le contrôle du centre-ville, occupé par les manifestants depuis le 17 octobre, début du soulèvement populaire ? À quelques jours seulement de la séance parlementaire du vote de confiance du nouveau gouvernement, prévue la semaine prochaine, la question se pose avec insistance. Depuis le début du soulèvement, chaque réunion parlementaire a été l’occasion de manifestations de grande ampleur dans le périmètre de l’hémicycle, qui se situe place de l’Étoile : alors que les manifestants avaient réussi à empêcher l’arrivée des députés à une séance parlementaire controversée, le 19 novembre, la réunion au cours de laquelle le budget national a été adopté, le 27 janvier, s’est elle aussi tenue sous la tension d’affrontements dans la rue.

Les autorités ont donc des raisons de redouter la présence continue des manifestants dans le centre-ville. L’épisode plutôt incongru des branchements électriques n’est pas le premier indicateur de ce fait : en début de semaine dernière, les forces de l’ordre avaient décidé d’ouvrir les routes de la place des Martyrs, ce qui avait provoqué une violente réaction des manifestants, qui les ont refermées avec des moyens de fortune. Plus tard, les FSI ont elles-mêmes réinstallé les barrières en fer qui bloquent les accès de la place aux voitures, et le ministre de l’Intérieur a assuré qu’il n’existe pas d’intention de démanteler les tentes. Auparavant, durant des semaines, les affrontements violents entre manifestants et policiers étaient quotidiens dans les alentours du Parlement.

Cette violence quotidienne a-t-elle laissé la place à une stratégie plus nuancée pour déloger les contestataires ? Marcelle Rached, elle, pense que c’est le cas. « C’est une nouvelle facette de la répression que l’on exerce contre nous, s’insurge-t-elle. Mais nous allons contre-attaquer. De nombreux nouveaux manifestants, venus de différentes régions, vont s’installer avec leurs tentes ces prochains jours. »



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Une affaire pour le moins incongrue secoue depuis hier les milieux des manifestants qui dorment dans les tentes du centre-ville depuis plus de trois mois. Marcelle Rached, qui en fait partie, raconte à L’Orient-Le Jour que les différents manifestants qui tiennent des tentes ont reçu lundi la visite d’officiers des Forces de sécurité intérieure les sommant de couper les fils qu’ils...

commentaires (6)

POURQUOI AUTANT DE TEMPS PERDU POUR AVOIR LA CONFIANCE DU PARLEMENT DONT LA MAJORITE EST ACQUISE LE TEMPS AU LIBAN NE COMPTE PAS DU TOUT TANT QUE LES POLITICIENS RESTENT SUR LEURS CHAISES TROUEES MESSIEURS LES DEPUTES SACHEZ QUE LE PEUPLE EST CONTRE VOUS POUR AVOIR RUINE LE PAYS ET VOUS ETRE ENRICHIS PAR LA CORRUPTION. VOUS N'AVEZ PLUS LE DROIT DE SORTIR DE VOTRE MAISON SAUF SI VOUS DEMISSIONNEZ EN MASSE. LE PEUPLE EST LA POUR VOUS LE FAIRE SAVOIR A CHAQUE FOIS QUE VOUS METTREZ LE NEZ DEHORS JOLI TRES PETITE VENGEANCE CONTRE CES DIEUX QUI SE CROYAIENT TOUT PERMIS ET LE PENSENT ENCORE EVIDEMENT

LA VERITE

18 h 59, le 05 février 2020

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • POURQUOI AUTANT DE TEMPS PERDU POUR AVOIR LA CONFIANCE DU PARLEMENT DONT LA MAJORITE EST ACQUISE LE TEMPS AU LIBAN NE COMPTE PAS DU TOUT TANT QUE LES POLITICIENS RESTENT SUR LEURS CHAISES TROUEES MESSIEURS LES DEPUTES SACHEZ QUE LE PEUPLE EST CONTRE VOUS POUR AVOIR RUINE LE PAYS ET VOUS ETRE ENRICHIS PAR LA CORRUPTION. VOUS N'AVEZ PLUS LE DROIT DE SORTIR DE VOTRE MAISON SAUF SI VOUS DEMISSIONNEZ EN MASSE. LE PEUPLE EST LA POUR VOUS LE FAIRE SAVOIR A CHAQUE FOIS QUE VOUS METTREZ LE NEZ DEHORS JOLI TRES PETITE VENGEANCE CONTRE CES DIEUX QUI SE CROYAIENT TOUT PERMIS ET LE PENSENT ENCORE EVIDEMENT

    LA VERITE

    18 h 59, le 05 février 2020

  • IL faudra changer la tactique de protester dans un pays en faillite totale dans touts les domaines .

    Antoine Sabbagha

    17 h 13, le 05 février 2020

  • Tant qu'à faire, Monsieur Soros les renflouera bientôt en leur offrant des équipements ultra-modernes pour l'éclairage ! L'argent du milliardaire coule à flot !

    Chucri Abboud

    13 h 26, le 05 février 2020

  • L'OLJ du 4/2/2020 à 22h52 : Des manifestants ont manifesté devant un restaurant à Antélias contre la présence du député CPL Ziad Assouad... Les révolutionnaires considèrent que le CPL est la cause principale de la crise au Liban. Par conséquent, voir Ziad Assouad et Eddy Maalouf attablés ostensiblement dans un restaurant pour une grande bouffe provocatrice, tandis que le peuple n'arrive pas à joindre les deux bouts... Cela a provoqué la bagarre. C'est normal.

    Un Libanais

    11 h 52, le 05 février 2020

  • On a l'impression que certains manifestants n'arrivent plus à sortir des habitudes prises dès le début du mouvement de contestation. A quoi cela sert-il encore de dormir dans des tentes au centre-ville ? Qu'ils restent chez eux et agissent autrement: en proposant de nouvelles idées et projets écrits et publiés, il existe assez de moyens pour cela ! A un certain moment, quand on voit que quelque chose ne donne pas les résultats escomptés...on réfléchit pour trouver une autre solution...non ??? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 31, le 05 février 2020

  • JE CONTINUE A CONSEILLER AUX CONTESTATAIRES DE DONNER UNE CHANCE A CE GOUVERNEMENT ET ENTRETEMPS D,ELIRE UN COMITE DE SUIVI ET DE FORMER UN GOUVERNEMENT DE L,OMBRE POUR SUIVRE, CONTROLER ET INTERVENIR DEMOCRATIQUEMENT. TOUTE AUTRE ALTERNATIVE A CE STADE EST UNE PERTE DE TEMPS ET APPROFONDIT LE GOUFFRE ECONOMIQUE ET FINANCIER DU PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 57, le 05 février 2020

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