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Politique - Contestation

La Place des Martyrs prend des allures de kermesse pour la "journée de la créativité"

"Nous voulons prouver que nous avons la volonté et le talent de construire un nouveau Liban", souligne l’un des organisateurs de l’événement. 

Dimanche, la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, accueillait la "journée de la créativité libanaise". Photo João Sousa.

Plus de 200 artistes ont pris par à la "journée de la créativité libanaise" au centre-ville de Beyrouth dimanche. Sur la place de martyrs, coeur du mouvement de protestation populaire depuis le 17 octobre, des peintres, des sculpteurs, des graffeurs ont exposé leurs œuvres pendant que des musiciens et des chanteurs se produisaient sur scène pour montrer que les Libanais ont du talent et font la révolution à leur façon.

La Place des Martyrs, avec ses tentes blanches toutes neuves pour abriter les artistes et leurs toiles, ses marchands ambulants et petite foule hétéroclite, avait des allures de kermesse en ce beau dimanche après-midi. Il y avait les artistes certes, mais aussi ces manifestants déterminés qui ne ratent aucune activité de la "thaoura", ainsi que ceux qui étaient venus découvrir les artistes et leurs activités.

"Nous voulons prouver que nous avons la volonté et le talent de construire un nouveau Liban", souligne à L’Orient-Le Jour Georges Younès, l’un des organisateurs de l’événement, soulignant l’importance de "garder le centre-ville vivant, loin de la violence". Ces dernières semaines, de violents affrontements ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre, qui ont eu recours aux gaz lacrymogènes et aux balles en caoutchouc. Organiser cette journée de mobilisation artistique, ne fut pas chose aisée, dans un premier temps, pour cet ancien chef d’entrepris. "Je n’avais pas les fonds nécessaires, mais quand j’ai commencé à en parler autour de moi, j’ai trouvé que de nombreuses personnes étaient prêtes à aider, en mettant à notre disposition du matériel gratuitement", dit-il.

Georges Younès et les quelques centaines de personnes présentes au centre-ville dimanche croient dur comme fer que les choses au Liban changeront pour le meilleur, inévitablement. Même si le changement nécessitera du temps, et du souffle.

Rita, la trentaine, note avec un grand sourire : "Ce changement prendra le temps qu'il prendra. Ils (les dirigeants) ne lâcheront pas facilement. Imaginez quelqu’un qui a une poule aux œufs d’or, il ne la cèdera pas au premier venu".

Ahmed, 33 ans, habite la banlieue-sud de Beyrouth. Il est au chômage depuis un an et trois mois. "Je suis un ouvrier, un simple journalier. La situation doit changer. Là où je viens, c’est le royaume de la corruption. Si tu es proche des partis qui représentent ta confession, tu trouveras en emploi et de l'aide. Sinon, tu pourras crever de faim sans que personne ne lève le petit doigt. Il faut que cela s’arrête", déclare-t-il, confiant qu’il n’a plus de carte téléphonique depuis de longs mois et qu’il utilise désormais son téléphone uniquement pour se brancher à Facebook à partir d’un wi-fi et que depuis qu’il est au chômage, c’est sa mère qui lui donne quelques milliers de livres par semaine, "histoire d’acheter deux ou trois paquets de cigarettes".

Zalfa Chelhot est actrice. Elle habite au Canada, mais est venue au Liban cet hiver pour prendre part aux manifestations. "Cette révolution nous a rendu notre dignité", déclare-t-elle. "Ne croyez pas que les Libanais de l’étranger sont heureux. Même si nous avons réussi à l’étranger, nous avons quitté le Liban à contrecœur et cela nous ne l’oublions jamais", poursuit-elle. Devant des peintures représentants un phénix, un bébé, ou une autre encore sur laquelle sont représentées des Libanaises, le poing levé, elle dit : "J’aime cet événement. Il nous ressemble, car la violence c’est l’apanage de nos dirigeants et nous ne pouvons pas les battre dans ce domaine. Nous, nous sommes les champions de la créativité".

Un peu plus loin, un homme invite les badauds à signer une pétition. Il s'appelle Mohammed Meslmani, il est venu de son village de Bireh dans le Akkar, jusqu'à Beyrouth, pour rassembler des signatures de soutien à la réouverture de l'aéroport de Kleiate. "Cela créera beaucoup d’emplois dans la région et permettra ainsi aux habitants de joindre les deux bouts", estime-t-il.

A mesure que la nuit tombe sur la place, l'attention se tourne vers la scène où se produisent une chorale, des danseurs de dabké, divers chanteurs, et où, aussi, est joué l'hymne national tandis que sur scène, les paroles sont "dites" par le langage des signes. La créativité, dans toutes ses dimensions.


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