A Beyrouth, le mur de la honte devient le Berri-lin Wall !

Parce qu’ils sont créatifs, puisant dans leur colère la rage nécessaire pour affronter, depuis plus de 100 jours, les politiciens qui les entourent et empêcher le désespoir de s’installer, des Libanais ont une fois de plus immédiatement réagi à l’actualité avec intelligence et humour.

Face à ce mur de la honte et les fils de fer barbelés qui l’accompagnent, une insulte de plus que le président du Parlement Nabih Berry leur a lancé au visage, face à ces blocs de béton qui, finalement, enferment les députés, (soi-disant) porte-paroles du peuple, dans leur déni, la réponse des jeunes est surprenante. D’abord de magnifiques œuvres d’art, dessins, tags, messages, ont immortalisé, ici aussi, en beauté la résistance, avant que l’humour, encore, toujours, ne vienne transformer ce mur de la honte en Berri-lin Wall.

Rebaptisé ainsi en référence au mur de Berlin, qui a surtout servi à séparer les peuples d’un même pays durant des années, présent sur… Google Maps (voir ici), il devient ainsi un « établissement ouvert 24 heures sur 24 » et une page devenue virale ouverte à toutes les réactions des internautes.

Classé 4.5, ce « site historique » inspire les commentaires les plus fous, et les plus drôles : « Construit en 2020 par les proto-sapiens qui se cachent derrière… Ne vous approchez pas trop et n’hésitez pas à y déposer vos poubelles » ; « Un beau bloc de béton avec vue sur le cœur de la corruption » ; « Si vous ne l’avez pas encore visité, ne ratez pas la visite d’un site historique aussi important d’où se dégagent les parfums de la corruption » ; « Je ne donnerais pas à The Berri-lin Wall plus que trois étoiles si la nuitée y était confortable. Malheureusement, l’odeur de la corruption empeste » ; « Absolument Magnifique ! L’art, l’histoire, l’architecture sont à couper le souffle… Mais n’oubliez pas de prendre vos masques à gaz ! » ; « Emplacement idéal, ce mur est un testament, un témoignage de l’ancien et du nouveau Beyrouth » ; « Je lui aurais donné plus d’étoiles mais les 120 employés derrière le mur ont un très mauvais service et leur directeur ne se montre jamais. » ; « Superbe vue, la meilleure chose que le Liban a à offrir. Ne rate pas le changement des gardes ! » Ou encore, « c’est un vrai mystère… les pierres de ce mur ont été volées à l’ancienne civilisation maya ».

Les commentaires continuent de circuler, ingénieux, imaginatifs et drôles. Et confirment, au 4e mois de la thaoura, qu’il vaut mieux, et nous savons si bien le faire, en rire. Plutôt que d’en pleurer.

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