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Économie - Dette

Fitch pourrait dégrader la note du Liban en cas de « swap » d’eurobonds

« La proposition de la BDL témoigne de la pression exercée actuellement sur le Liban quant au financement extérieur », estime un des directeurs de Fitch. Photo d’illustration AFP

La note souveraine du Liban pourrait être de nouveau dégradée par l’agence de notation américaine Fitch si l’opération d’échange d’eurobonds (titres de dette publique en dollars) entre la Banque du Liban (BDL) et les banques venait à avoir lieu, selon l’agence Bloomberg, qui a interrogé hier un des directeurs de l’agence, Toby Iles.

Le « swap » proposé par le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, consiste à échanger des eurobonds de longue maturité détenus par la BDL contre d’autres détenus par les banques et arrivant à échéance en mars, avril et juin de cette année. Il est également en négociation avec un important fonds d’investissement à l’étranger extrêmement intéressé par un swap similaire. Une telle opération d’échange de titres permettrait à la BDL de détenir la majorité (environ 70 %) des eurobonds arrivant à échéance en 2020. Ce qui signifie que lorsque la BDL devra couvrir (pour le compte de l’État) les échéances de 2020 en puisant dans ses réserves en dollars, elle n’en perdra qu’une partie minime car la majeure partie des réserves utilisées à cet effet lui reviendront. Ainsi, en faisant ce swap, Riad Salamé décalerait d’au moins un an la possibilité que l’État fasse défaut.

Mais si Riad Salamé avait demandé aux patrons des banques de lui donner une réponse dans les plus brefs délais, il a finalement indiqué cette semaine que cette opération n’aura pas lieu sans un accord du (futur) gouvernement. Et ce après qu’une source anonyme a déclaré à Bloomberg que le ministère des Finances avait envoyé un courrier à la BDL lui demandant de suspendre l’opération après avoir été notifié par « des agences de notation », sans les citer, que le swap risquait d’être assimilé à un « défaut sélectif », notamment parce qu’il est considéré comme une solution « de détresse ».


(Lire aussi : Pas de « swap volontaire » sans décision du gouvernement, promet Salamé)



« La proposition de la BDL témoigne de la pression exercée actuellement sur le Liban quant au financement extérieur, et la nécessité pour la BDL de conserver ses réserves en dollars et de s’assurer que le Liban honorera ses engagements auprès de ses créanciers », indique à Bloomberg Toby Iles. « Nous évaluerons le swap proposé lorsqu’il sera annoncé, et déterminerons s’il s’agit d’un échange de créances en difficulté dans le cas où il y a (...) une extension de maturité et que l’opération est menée pour éviter un défaut », a-t-il poursuivi. Il laisse toutefois entendre que ce swap ne serait pas nécessaire puisqu’il estime, dans ses déclarations à Bloomberg, que la BDL a suffisamment de réserves brutes en dollars, plus de 30 milliards de dollars, pour couvrir les échéances des eurobonds à court terme, même si celles-ci tombent à 12 milliards de dollars lorsqu’on retranche les réserves obligatoires des banques à la BDL (sans prendre en compte les certificats des dépôts), et que le creusement continu du déficit de la balance des paiements impliquera une baisse régulière des réserves de la BDL.

Face à ces récents développements, le marché secondaire des eurobonds a réagi négativement : le prix des titres de dette arrivant à échéance en mars a significativement baissé ces dernières 48 heures, de sept cents dollars lors de la journée d’hier à seulement 79 cents. Leurs détenteurs cherchent à s’en débarrasser puisque la perspective du swap proposé par M. Salamé semble s’éloigner, ce qui alimente leurs craintes d’un défaut de paiement imminent.


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