Le président de l’Association des banques du Liban et PDG de Bank of Beirut, Salim Sfeir, a déclaré à Reuters qu’il était « probable que la dette (publique du pays soit) restructurée d’une manière ou d’une autre mais sans que cela affecte les dépôts (bancaires) », ajoutant qu’une telle opération serait de la responsabilité du futur gouvernement. L’ancien exécutif a en effet démissionné fin octobre peu après le début des manifestations contre le pouvoir qui se poursuivent depuis près de trois mois, sur fond de crise économique et financière. Les partis politiques n’ont toujours pas réussi à constituer une nouvelle équipe.
Salim Sfeir a en outre jugé, toujours selon Reuters, que cette probable restructuration ne pénalisera ni l’économie ni les épargnants et a assuré que les créanciers étrangers – les détenteurs d’eurobonds, titres de dette en devises émis par l’État – seront remboursés. « Par restructurer (…) il s’agit de travailler sur les échéances (des titres émis) et les taux d’intérêt », a-t-il indiqué pour toute précision.
Augmentation de capital
Un financier contacté par L’Orient-Le Jour, et s’exprimant sous couvert d’anonymat, a affirmé avoir des difficultés à comprendre comment le président de l’ABL pense qu’une opération aussi lourde que la restructuration de la dette libanaise qui frôle les 89,5 milliards de dollars depuis fin novembre – dont près de 40 % en dollars – pourrait réalistement se faire sans affecter ni les banques ni les déposants.
« Deux tiers de la dette est détenue par les banques. Si on en enlève 50 %, ce qui est généralement le minimum quand il y a une restructuration, le montant soustrait risque de dépasser le montant des fonds propres des banques », explique-t-il. « S’il s’agit, comme il semble le dire, de rallonger les échéances de la dette en baissant les taux d’intérêt pour la diluer dans le temps, cela va tout de même se répercuter négativement sur le bilan des banques, voire sur les déposants. À moins, bien entendu, qu’il y ait une subtilité comptable derrière tout ça », ajoute-t-il.
Le président de l’ABL a évoqué d’autres aspects de la crise de liquidités et de change que traverse le pays, en se disant notamment opposé à ce que les restrictions mises en place de façon informelle par les banques sur les retraits de dollars en espèces ou les transferts à l’étranger soient généralisées et officialisées, que ce soit par une loi ou par la Banque du Liban, mandatée par le Parlement. « Ce sera difficile de revenir à la normale après coup », a-t-il jugé.
S’agissant de l’augmentation de capital réclamée par la BDL début novembre (de 20 % par rapport à leur niveau au 31 décembre 2018 en deux temps d’ici à fin juin prochain), Salim Sfeir a assuré que les banques « y travaillent » et qu’il « n’anticipe pas de difficultés majeures ». Pour l’heure, seule une poignée d’établissements ont entamé l’opération.
Enfin s’agissant du Swap volontaire évoqué une nouvelle fois ce week-end par la BDL et proposé aux détenteurs d’eurobonds arrivant à maturité en mars 2020 – soit 1,2 milliard de dollars sur un total de 2,5 milliards arrivant à échéance cette année – Salim Sfeir a assuré que « les détenteurs étrangers seraient bien payés ».
Lire aussi
Réglementation des restrictions bancaires : mieux vaut tard que jamais ?
Décryptage des principales déclarations télévisées de Riad Salamé
Dans les bureaux de change et au Duty Free de l’AIB, le dollar s’envole
Reportage
« Je n’aurais jamais imaginé que nous serions un jour réduits à mendier 100 dollars à la banque »
IL EVOQUE MAIS IL RESTE VAGUE. LE PATRIARCHE FAIT DE MEME. IL N,Y A QUE LE METROPOLITE AUDI QUI DIT LES CHOSES ET LES NOMS A HAUTE VOIX.
17 h 18, le 14 janvier 2020