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Lifestyle - Rencontre

Lama Lawand : « Nous n’avons fait que survivre après la guerre »

« Je suis dans la rue, je manifeste, j’écoute les jeunes, je les calme et je m’interpose s’il le faut entre eux et les forces de l’ordre. Après tout, je suis mère de deux garçons. »


Lama Lawand, une manifestante convaincue. Photo DR

Oubliée la télévision où elle a officié pendant 30 ans et le relooking, son second métier. Depuis le 17 octobre dernier, Lama Lawand a endossé la tenue de révolutionnaire. Aux premiers rangs des manifestations contre la classe politique libanaise depuis plus de 60 jours, il est facile de reconnaître cette femme à la tête pleine, toujours très féminine, qui accorde autant d’importance à la forme et au fond – elle est consultante en image et relooking : « Il n’y aura pas de retour en arrière, dit-elle avec passion. Et même si nous rentrons aujourd’hui à la maison, nous aurons déjà gagné. » « L’équation est simple : nous n’avons plus peur et ce sont eux, tous ces politiques, qui nous craignent désormais. Il est impossible que cette révolution échoue, car nous avons brisé tous les tabous », ajoute-t-elle. Pour celle qui a vécu le soulèvement du 17 octobre comme une thérapie, c’est une manière d’enterrer à jamais la guerre de 1975 : « Quand les canons se sont tus, les Libanais se sont sentis en sécurité. Nous avons estimé qu’il fallait aller de l’avant, convaincus que la stabilité du pays était définitive. Mais malheureusement, nous avons eu d’autres combats à mener au quotidien, avec le manque d’électricité, d’eau, la crise des déchets, la pollution… En fait, nous n’avons fait que survivre après la guerre. »


La guerre omniprésente
Les Libanais n’ont pas oublié le visage de Lama Lawand qui a débuté sa carrière à la télévision à 18 ans, alors qu’elle était étudiante à la BUC, présentant des programmes en français sur le Canal 9 et le Canal 7, ainsi que les nouvelles en langue arabe. Après Télé-Liban, elle a travaillé pour plusieurs chaînes locales et arabes. Le dernier programme qu’elle a présenté était Alam al-Sabah à la Future TV, où elle exerçait ses talents de relookeuse, après s’être lancée dans le domaine de la mode en 2003 suite à une formation à Nice, en France. « Ce métier m’a beaucoup rapprochée des femmes et de leurs insécurités », souligne-t-elle. « Miser sur l’intelligence plutôt que sur la beauté est une question de choix. J’ai compris très tôt que la beauté est accessoire et que c’est l’intelligence qui mène les femmes là où elles le désirent. » Et de poursuivre : « La plus grosse injustice que j’ai vécue, c’est la guerre. J’avais quatorze ans quand elle s’est déclenchée, et toute ma famille a été géographiquement éparpillée. Nous avons été obligés de voyager. J’ai commencé à travailler à la télévision à Beyrouth, alors que mes frères et sœurs étaient restés en France pour leurs études, se souvient-elle. Mon frère est mort en France suite à un accident et jusqu’à présent je suis persuadée que si nous avions été près de lui, les choses se seraient passées différemment. »

Cette révolution est clairement pour elle une façon de tourner la page du passé et de construire un Liban nouveau, un pays non confessionnel où l’injustice, qui bouleverse Lama Lawand, n’aura pas de place. Pour elle, pour ses fils Omar 31 ans et Shérif 29 ans, et pour tous les jeunes qui manifestent leur colère contre un système corrompu.


« Une révolution sociale avant tout »
Dans son combat contre l’injustice, elle défend également les animaux maltraités et abandonnés, notamment à travers sa page Facebook The Voice of the Voiceless (La voix des sans voix) et soutient les plus démunis en faisant du volontariat depuis trois ans auprès de l’association Dafa, qui distribue vêtements et nourriture aux plus démunis.

Ses différentes batailles et ses messages quotidiens atteignent un grand nombre d’internautes, elle a cinquante mille followers sur Instagram, huit mille sur Twitter et dix-sept mille sur Facebook.

Mais se battre d’une manière virtuelle ne lui suffit pas. Elle a donc choisi de rejoindre la rue et de prendre part à toutes les manifestations. « En étant sur le terrain, j’écoute ce qui se dit, je prête l’oreille aux jeunes surtout, je prends part à leurs discussions. J’ai deux fils et je considère tous les manifestants ainsi que les forces de sécurité et l’armée comme mes propres enfants. Les Libanais meurent de faim et il est interdit de rester les bras croisés. Cette révolution est une révolution sociale avant tout », martèle-t-elle.

Et toujours pleine d’énergie, heureuse de se renouveler, Lama Lawand s’est également lancée dans une carrière d’actrice à la télévision dans Berdené ana, et au cinéma dans Listen de Philippe Aractingi. « Je fais ça pour ma satisfaction personnelle »…



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Oubliée la télévision où elle a officié pendant 30 ans et le relooking, son second métier. Depuis le 17 octobre dernier, Lama Lawand a endossé la tenue de révolutionnaire. Aux premiers rangs des manifestations contre la classe politique libanaise depuis plus de 60 jours, il est facile de reconnaître cette femme à la tête pleine, toujours très féminine, qui accorde autant...

commentaires (2)

CAR LES MEMES LORDS DE LA GUERRE CIVILE GOUVERNENT ET SEVISSENT ENCORE. RESPONSABLE : LE PEUPLE !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 07, le 30 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • CAR LES MEMES LORDS DE LA GUERRE CIVILE GOUVERNENT ET SEVISSENT ENCORE. RESPONSABLE : LE PEUPLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 07, le 30 décembre 2019

  • Outre le manque d'électricité, d'eau, potable ou pas, de bons salaires, des emplois pour les jeunes diplômés et de la main d'œuvre libanaises. Les libanais au lieu d'avancer en profitant de la période poste guerre se sont vus punis par leur dirigeants sans parler du Liban qui a subi les pires atrocités au niveau de ses rivières jadis transparentes et pures dans laquelle on s'abreuvait. Ils ont réduit ce pays à une gigantesque poubelle et ont réduit ses surfaces sablonneuse en projets gigantesques pour les hommes politiques qui se sont convertis en promoteurs immobiliers, privant ainsi la population du droit de se baigner sur leur plage ou même étendre une serviette pour profiter du soleil de leur pays gratuitement comme c'est le cas dans tous les pays du monde. Nous libanais n'avons aucun droit. On trime, on buche, on paie les impôts et les taxes mais n'avons droit à rien en retour. Ni éducation, ni se faire soigner dignement ni aucun accès à l'utilisation de notre argent par les dirigeants voleurs. Nous avons droit à trouver une bonne université à nos enfants hors du pays pour les mettre à l'abri des folies meurtrières d'un mégalomane vendu et des insomnies accompagnées de douleurs résultant de la peur du stress, de l'inconnu et de la pollution. Notre mer est polluée, nos rues saccagées et garnies de détritus puants notre air est saturé de pollution la vie est aussi cher qu'en Suisse ou même plus cher que certains pays civilisés. Qu'ont ils donc fait ces incapables

    Sissi zayyat

    13 h 14, le 30 décembre 2019

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