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À La Une - Liban

Un "dimanche de la reddition des comptes" pour les contestataires libanais

Sit-ins dominicaux devant les domiciles de Hassane Diab et Mohammad Choucair. 

"Nous voulons un Premier ministre qui soit un cultivateur, qui sème de la conscience, pour que nous puissions récolter de l'honneur", est-il écrit sur la pancarte de ce manifestant, lors d'un sit-in devant le domicile du Premier ministre désigné, Hassane Diab, à Beyrouth, le 29 décembre 2019. Photo AFP / ANWAR AMRO

Répondant aux appels lancés sur les réseaux sociaux, quelques centaines de personnes se sont rassemblées, armées de leur parapluie, sur la place des Martyrs dans le centre-ville de Beyrouth, afin de réclamer "la restitution des fonds pillés" et la "reddition des comptes" par les responsables depuis plus de 30 ans, une des revendications majeures de la contestation que connait le Liban depuis 75 jours. 

Sur place, les manifestants de tous âges, en famille ou seuls, réclamaient le départ de toute la classe dirigeante et dénonçaient son incompétence, comme lors de tous les rassemblements organisés depuis le 17 octobre. Ils ont notamment pointé du doigt la mauvaise gestion du secteur de l'électricité et les "contrats douteux" passés par les différents responsables politiques depuis des dizaines d'années. 

Les invitations à manifester en ce dimanche soir, partagées notamment sur le site "Daleel Thawra", qui reprend tous les événements organisés dans le cadre de la révolution populaire, rappelaient les différents secteurs dans lesquels les fonds publics ont été dilapidés au cours des dernières années et appelaient à ce que les dirigeants corrompus soient jugés. Ces appels mentionnaient notamment "les 38 milliards de dollars gaspillés dans le secteur de l'électricité" et les "450 millions de dollars partis dans le port de Beyrouth". "Pour que chaque dirigeant qui n'accomplit pas son travail soit jugé, du plus petit fonctionnaire jusqu'au président de la République", était-il écrit sur une des invitations.
En 2018, Électricité du Liban a absorbé près de 2 milliards de dollars de subventions, alors que ses capacités ne lui permettent pas d’alimenter tous les foyers libanais 24 heures sur 24, ce qui oblige la quasi-totalité d’entre eux à s’abonner à des générateurs privés. En 2019, les avances du Trésor à Électricité du Liban devraient s’élever à près de 1,66 milliard de dollars (2.500 milliards de livres), ce qui représente 9,7 % des dépenses totales de l’État. 



(Lire aussi : Appels à "donner une chance" au gouvernement de Hassane Diab)



Diab et Choucair 
Par ailleurs, une nouvelle mobilisation a été organisée contre la désignation de l'universitaire et ex-ministre Hassane Diab au poste de Premier ministre, les manifestants estimant que ce dernier appartient à la même classe dirigeante corrompue dont ils réclament la chute depuis le 17 octobre.

Des dizaines de protestataires étaient partis plus tôt dans l'après-midi de la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, jusqu'au domicile de M. Diab, dans le quartier de Tallet el-Khayat. Drapeaux au vent, ils ont avancé dans les rues de la capitale en criant les mêmes slogans devenus célèbres du mouvement de contestation. Arrivés dans le quartier, en raison d'un important déploiement militaire, ils se sont rassemblés dans la rue principale du quartier de Verdun. Les manifestants présents critiquaient le "manque d'indépendance" de Hassane Diab, alors que la contestation réclame depuis plus de deux mois un gouvernement de technocrates entièrement indépendants de la classe politique actuelle. Ils ont également reproché au Premier ministre désigné de ne pas avoir présenté de "feuille de route" sur base de laquelle travaillerait le futur cabinet. Des rassemblements similaires devant le domicile de M. Diab ont eu lieu de manière quotidienne depuis la fin de la semaine. 
Désigné il y a 10 jours, Hassane Diab a promis de former un gouvernement de spécialistes indépendants, en écho aux attentes de la rue, dans un délai d'un mois à six semaines, dans un pays où la formation des cabinets peut durer des mois. 

Une poignée de protestataires se sont en outre rassemblés dans l'après-midi devant le domicile du ministre sortant des Télécoms Mohammad Choucair, dans le quartier de Hamra à Beyrouth, pour protester contre le renouvellement des contrats des deux opérateurs de téléphonie mobile Touch et Alfa qui arrivent à expiration le 31 décembre. Selon des vidéos postés sur les réseaux sociaux, des échauffourées ont éclaté entre gardes du corps du ministre et contestataires qui tentaient d'entrer dans l'immeuble où habite M. Choucair.


(Lire aussi : Pas de gouvernement avant le début de l’année prochaine)



Un sapin de casseroles
A Tripoli, au Liban-Nord, un sapin de Noël constitué de casseroles a été installé sur la place el-Nour, centre de la contestation dans cette grande ville. Interrogée par la chaîne LBC, l'instigatrice du projet a souligné que les casseroles représentent un des symboles de la contestation, elles sont utilisées pour "faire du bruit en espérant que les responsables politiques entendent les cris" des manifestants. Elle a indiqué avoir lancé un appel aux Libanais pour collecter tous les ustensiles accrochés sur l'arbre. Ils lui ont été envoyés signés de tout le Liban et de plusieurs pays de la diaspora. Elle a par ailleurs souligné avoir utilisé, pour construire le sapin, des écorces d'arbres coupés sur le chantier controversé du barrage de Bisri.

Après plusieurs semaines de mobilisation sur le site de construction de ce barrage, les engins de chantier en avaient été évacués et le projet avait été suspendu. La construction de ce barrage est refusé par plusieurs groupes d'activistes, qui arguent qu'une fois construite, l'infrastructure va engloutir une vallée au riche patrimoine historique, archéologique et à l'importante biodiversité, sans toutefois améliorer l'approvisionnement en eau vers la capitale. 

Comme depuis le début de la révolte libanaise, les manifestants étaient présents en nombre sur la place el-Nour, où sera organisée une soirée artistique, en présence de musiciens et chanteurs de tout le Liban.



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