Le ministre libanais sortant de l'Economie, Mansour Bteich, a menacé lundi, à la veille des fêtes de Noël, "des plus graves sanctions" les commerces augmentant les prix de manière injustifiée, alors que le Liban est au bord de l'effondrement économique.
"Le ministère comprend les hausses de prix de certaines marchandises, mais certains propriétaires de sociétés commerciales continuent d'augmenter les prix de manière non justifiée la plupart du temps", dénonce M. Bteich dans un communiqué. "Ceux qui continuent de manipuler les prix, de jouer sur la qualité des produits ou de frauder s'exposent aux sanctions les plus dures allant jusqu'à la fermeture", met en garde le ministre, indiquant que les équipes de la Direction générale de la protection du consommateur (DPC) poursuivent leurs inspections "particulièrement dans cette situation difficile".
Selon ce communiqué, les sanctions prévues par la loi consistent en des amendes s'étendant de 10 000 à 20 millions de livres libanaises ou des peines de prison pouvant aller de trois jours à un mois. Le ministère ajoute que si des commerces commettent plus d'une fois la même infraction dans le courant de l'année, ils peuvent être fermés pour une durée pouvant aller de trois jours à un mois.
L'une des explications de cette hausse des prix réside notamment dans la raréfaction du dollar sur le marché intérieur. Alors que le taux officiel fixé par la Banque du Liban (BDL) depuis 1997 s’élève à 1507,5 livres libanaises, ce taux reste plus bas que celui pratiqué par les changeurs, qui oscillait aujourd'hui entre 2 000 et 2 050 livres.
Cette fluctuation dans les bureaux de change, qui a commencé à se manifester au début de l’été, est liée aux restrictions mises en place par la Banque du Liban et les établissements bancaires sur la circulation du billet vert dans le pays et les transferts à l’étranger, sur fond de crise économique et sociale. Cette situation a poussé de nombreuses entreprises et particuliers à acheter des dollars sur le marché secondaire, ce qui a contribué à faire grimper son cours. Les banques qui fournissent encore des quantités limitées de dollars pratiquent en revanche un taux de 1515/1518 livres, avalisé par la BDL.
De plus en plus d’entreprises ont en outre commencé à aligner les prix des marchandises qu’ils importent (parfois même celles produites localement) sur le cours du dollar revu à la hausse, soit directement, soit en indiquant à leurs clients le taux de change qu’ils prenaient en compte.
Contactée à ce sujet en novembre, la DPC, rattachée au ministère de l’Économie et du Commerce, avait indiqué que sa compétence se limitait à contrôler les prix des biens et des services commercialisés sur le territoire et qu’elle ne pouvait pas obliger un commerçant à pratiquer le taux officiel de la parité livre / dollar pour fixer ses prix ni celui de contraindre les bureaux de change à ne pas gonfler leurs cours. La DPC peut en revanche verbaliser les commerçants qui haussent leurs prix de façon injustifiée et / ou excessive.
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commentaires (7)
Mon conseil a ce brillant ministre : qu’il aille faire un tour dans tous les supermarchés pour comparer les prix actuels avec ceux pratiqués avant octobre. Mais je crains que son excellence ne connaisse même pas le prix d’une boîte de labneh
Lecteur excédé par la censure
10 h 17, le 24 décembre 2019