Juge à la Cour internationale de justice (CIJ) et ancien ambassadeur du Liban aux Nations unies (New York), Nawaf Salam, dont le nom a été avancé par 14 députés pour former le nouveau gouvernement, mais aussi par nombre de contestataires dans le cadre de la révolte du 17 octobre contre la classe dirigeante, a répondu dimanche dans un communiqué à ce qu’il considère comme "une campagne de diffamation qui l’a visé" au cours des dernières semaines, et dont "il continue de faire l’objet", à savoir qu’il est "l’homme des Américains". Il a dans ca cadre estimé que "la confiance des jeunes est la meilleure réponse à la campagne diffamatoire" dont il est la cible.
Voici l’essentiel de ce communiqué : "Dès le début de cette campagne de diffamation programmée qui a tenté de me viser, je n’ai pas jugé bon d’y répondre, car elle ne reposait au départ sur aucune preuve, ni même un début de preuve ; je me devais également au devoir de réserve qui me lie aujourd’hui en ma qualité de juge à la CIJ. À quoi pouvais-je répondre d’ailleurs ?"
"Répondrais-je, par exemple, à l’accusation qui fait de moi l’homme de tel ou tel camp étranger, après avoir passé dix années au service du Liban aux Nations unies ? À supposer que ces fausses accusations soient justifiées, ne faudrait-il pas savoir pourquoi mes accusateurs ne les ont pas soulevées plus tôt, tout au long des années au cours desquelles j’ai représenté le Liban à ce poste délicat auquel j’ai été affecté par une décision unanime du Conseil des ministres ?"
"Ce qui confirme le caractère mensongers de ces propos diffamatoires, ce sont les centaines de prises de position et de discours parfaitement documentés que j’ai prononcés, ainsi que mes livres et articles, en défense du Liban et des causes des Arabes et de la Palestine, sans que personne n’y trouve rien à redire (…)."
"La meilleure réponse"
"A quoi donc pouvais-je répondre ? (…) Ce qui m’attriste particulièrement, c’est la conviction de ceux qui me diffament qu’ils peuvent continuer de se moquer des gens et persister dans leur mensonge, dans la croyance qu’à force de répéter un mensonge il se transformera en vérité".
"Heureusement, plus important que tout cela, il me reste à dire que j’ai été très ému de la confiance que m’ont accordée de nombreux jeunes de mon pays (…), en particulier ceux et celles qui cherchent à édifier un État véritablement démocratique, l’État de la citoyenneté inclusive et de la justice sociale, l’État civil qui repose sur le règne de la loi et où prévaut le principe de la reddition des comptes (…). Il se peut bien que cette confiance soit la meilleure réponse à la campagne diffamatoire dont je suis la cible."
L'ancien ministre et universitaire Hassane Diab avait été désigné jeudi dernier Premier ministre après avoir été soutenu par le Hezbollah et ses alliés. La rue reste toutefois sceptique quant à sa désignation. Le mouvement de contestation estime que M. Diab fait partie de la même classe politique corrompue dont les manifestants réclament le départ depuis le 17 octobre tandis que, dans les régions sunnites, les contestataires, majoritairement des partisans du Premier ministre sortant, Saad Hariri, estiment qu'il ne bénéficie pas d'une couverture sunnite suffisante, n'ayant recueilli les voix que de six députés sunnites sur 27.
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commentaires (9)
Une déclaration honorable d'un homme honorable! Esperons que pour une fois le Liban reconnaîtra ses Grands hommes de leur vivant plutôt qu'après des décennies de leur disparition! Inchallah qu'un jour prochain on verra des hommes de l'étoffe de Mr Salam à la direction de la Patrie!! Ta'amalou bil khayr tajidouh!!
Wlek Sanferlou
15 h 28, le 23 décembre 2019