Les différents groupes du mouvement de contestation que vit le Liban depuis plus de deux mois ont tous refusé de répondre à l'invitation au dialogue lancée dimanche par le Premier ministre désigné Hassane Diab. Alors que ce dernier avait annoncé qu'il recevrait dans la journée de dimanche des représentants de la contestation, seuls de rares individus se sont présentés à son domicile à Tallet el-Khayat, refusant pour la plupart de décliner leur identité ou la qualité en laquelle ils se sont entretenus avec le Premier ministre désigné.
"Tous les groupes du mouvement de contestation ont annoncé qu'ils ne participeraient pas aux négociations avec Hassane Diab, étant donné que les revendications de la contestation sont très claires", a affirmé à L'Orient-Le Jour un militant s'occupant de la coordination médiatique des différents groupes. "Toute personne qui se présente aux négociations le fait en son nom propre", a-t-il ajouté.
Les militaires à la retraite, très impliqués dans de nombreuses activités du mouvement de révolte, ont souligné quant à eux dans un communiqué que "le dialogue n'est pas nécessaire parce que les revendications politiques, économiques et sociales de la contestation ont déjà été annoncées et soutenues pas les formations politiques". Ils ont estimé qu'il n'était pas nécessaire non plus que la contestation soit représentée au sein du futur gouvernement "parce que n'importe quel Libanais indépendant, compétent et dénué de tout soupçon de corruption peut représenter la contestation et tous les Libanais".
Ahmad Cheaïb, un des militants impliqués dans la contestation à Saïda, a expliqué dans un communiqué avoir été contacté par la présidence du Conseil samedi soir, afin de fixer l'heure d'un entretien de 30 minutes avec Hassane Diab, mais affirmé avoir refusé d'honorer ce rendez-vous, accusant l'ancien ministre Diab de vouloir mettre en avant le fait qu'il reçoit des représentants de la contestation afin de se donner "une légitimité fictive".
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Tensions
Dans le courant de la journée, plusieurs personnes se sont présentées chez M. Diab, mais aucune d'elles n'a fait de déclaration aux journalistes présents sur les lieux.
Par ailleurs, à plusieurs reprises, des tensions ont éclaté devant le domicile du Premier ministre désigné, entre certaines personnes sortant d'un entretien avec Hassane Diab, estimant qu'il faut donner une chance à ce dernier de former un gouvernement, et des manifestants refusant tout dialogue. Pour éviter toute escalade, une brigade anti-émeute a été déployée devant le domicile du Premier ministre désigné, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
Samedi, M. Diab avait mené des concertations parlementaires avec les blocs parlementaires. A l'issue de ces discussions, il avait à nouveau affirmé sa volonté de former un gouvernement d'experts indépendants. Lors du discours prononcé peu après sa désignation à la tête du futur cabinet, l'ancien ministre de l'Education et universitaire avait annoncé qu'il "élargirait les consultations avec le mouvement de contestation.
La rue reste toutefois sceptique quant à sa désignation. Le mouvement de contestation estime que Hassane Diab fait partie de la même classe politique corrompue dont les manifestants réclament le départ depuis le 17 octobre tandis que, dans les régions sunnites, les contestataires, majoritairement des partisans du Premier ministre sortant, Saad Hariri, estiment qu'il ne bénéficie pas d'une couverture sunnite suffisante, n'ayant recueilli les voix que de six députés sunnites sur 27.
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commentaires (10)
ILS DEVRAIENT LUI DONNER LA CHANCE DE S,EXPRIMER ET MEME DE CONTROLER AVEC LUI LA FORMATION DE SON EQUIPE D,EXPERTS INDEPENDANTS DE TOUTE FORMATION POLITIQUE COMME IL DIT. SI C,EST VRAI CE QU,IL PROMET... MEME SI LES DIABLES L,ONT NOMME... POURQUOI LUI REFUSER LA CHANCE DE LE PROUVER ?
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 30, le 23 décembre 2019