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Économie - Consommation

L’inflation en novembre portée par les prix de l’alcool et du tabac

La hausse des prix sur cette période est essentiellement liée à la hausse du prix du billet vert chez les changeurs.

Une des boutiques hors taxe de l’Aéroport international de Beyrouth. Photo P.H.B.

L’Indice des prix à la consommation (IPC) a encore augmenté en novembre, a confirmé hier l’Administration centrale de la statistique (ACS) en publiant la dernière édition de son indicateur qui mesure l’inflation dans le pays, qui traverse une importante crise économique et financière sur fond de manifestations contre le pouvoir qui se poursuivent depuis le 17 octobre. Selon l’institution, qui est rattachée à la présidence du Conseil des ministres, l’IPC a en effet gagné 1,96 % par rapport à son niveau en octobre, au cours duquel il avait déjà progressé de 1,36 % en rythme mensuel. En rythme annuel, l’inflation a atteint +3,17 %.

Ce sont les prix de l’alcool et du tabac qui ont affiché la plus forte hausse mensuelle, avec un bond de 12,44 %. Ceux de l’ameublement (+ 9,56 %) et des aliments et des boissons non alcoolisées (4,01 %) complètent le podium. Il n’y a eu aucune baisse de prix en rythme mensuel par rapport à octobre et l’essentiel des postes de dépenses affichent des hausses proches de la moyenne sur cette période. Le prix des vêtements ont par exemple augmenté de 3,16 %, ceux des loisirs de +1,73 %, devant les communications (+1,39 %), les transports (+1,01), l’hôtellerie et la restauration (+0,56 %) et le logement (+0,51 %). Les dépenses d’éducation et de santé sont restées stables (+ 0 % et +0,01 % respectivement en rythme mensuel).

Les prix ont enfin augmenté dans tous les mohafazats, le Liban-Nord ouvrant la marche avec +2,9 % en rythme mensuel, devant le Mont-Liban (+2,06 %), Nabatiyé (+1,8 %), la Békaa (+1,68 %), le Liban-Sud (+1,03 %) et enfin Beyrouth (+0,95 %).


(Lire aussi : Un défaut de paiement de l’État libanais n’est pas inévitable, selon Goldman Sachs)



Dollar à 2 100 livres

L’ACS, qui calcule l’IPC depuis 1999, a identifié un panier de produits qu’elle utilise pour calculer les prix à la consommation grâce aux résultats dégagés suite à un sondage réalisé entre 2004 et 2005, et qui s’est déroulé sur tout le territoire libanais. Ce panier est composé de douze catégories de dépenses, conformément à la « Classification des fonctions de consommation des ménages (Coicop) » déterminés par les Nations unies. Chacun de ces postes de dépenses possède une pondération spécifique. Ainsi, le logement, les aliments, et les boissons non alcoolisées, et le transport sont les postes qui pèsent le plus dans le calcul de l’IPC. Or sur ces trois postes, deux ont augmenté d’un mois sur l’autre dans des proportions inférieures à la moyenne sur la période étudiée. « Cela explique que la hausse globale de l’IPC ne soit pas plus importante. Il faut garder à l’esprit que les gérants d’hôtels et de restaurants, nombreux à voir leur fréquentation s’effondrer en marge des mouvements sociaux, n’étaient pas en mesure d’augmenter leur marge », observe un banquier sous couvert d’anonymat.La hausse des prix au mois de novembre est, elle, comme lors du mois précédent, essentiellement liée à la hausse du prix du billet vert chez les changeurs où il se négociait entre 2 100 et 2 070 livres hier, selon plusieurs sources concordantes, alors que son prix est officiellement toujours de 1 507,5 livres, un taux fixe en vigueur depuis 1997. Cette hausse a été provoquée par la décision de la Banque du Liban depuis la fin de l’été de restreindre la quantité de dollars sur le marché. Les banques ont, elles, réagi à cette mesure en mettant en place des restrictions sur certains services bancaires, notamment les transferts à l’étranger.


(Lire aussi : La zone franche de l’AIB fixe le cours du dollar à 1 750 livres)


Cette combinaison de mesures a obligé de nombreux entrepreneurs – commerçants, industriels, voire même agriculteurs dans certains cas – à acheter au prix fort les dollars nécessaires pour payer leurs fournisseurs étrangers et répercuter le surcoût sur leurs prix de vente. Selon les informations recueillies par L’Orient-Le Jour en novembre, la hausse des prix dans les commerces a été très chaotique, avec un spectre allant de 0 % – certains distributeurs ayant décidé d’assumer un temps le surcoût lié au change ou étaient en train d’écouler des stocks constitués avant que le prix du dollar ne grimpe chez les changeurs – à 20 %, surtout dans les commerces. Enfin, certains prix ont enregistré des tendances contradictoires en fonction des régions. Les prix des vêtements par exemple ont baissé à Beyrouth de 8,39 % en rythme mensuel pendant qu’ils augmentaient de 11,73 % dans la Békaa. La hausse des prix de plusieurs catégories de biens de consommation devrait se poursuivre en décembre, les banques ayant continué de durcir les restrictions bancaires et le prix du dollar dans les bureaux de change s’étant désormais stabilisé depuis une grosse dizaine de jours autour de 2 000 livres. Cette semaine a en outre été marquée par la décision de l’opérateur qui gère les boutiques hors taxe de l’Aéroport international de Beyrouth – la société Phoenicia Aer Rianta Company (PAC) – d’ajuster ses prix en comptant le dollar à 1 750 livres. Une décision sanctionnée jeudi par les services du ministère de l’Économie et du Commerce, compétents pour contrôler les prix sur le territoire, et qui a publié en novembre une circulaire imposant à tous les commerçants d’afficher leurs prix en livres libanaises. Contacté, le ministère assuré que PAC devait respecter la réglementation libanaise, même si elle opère dans la zone franche de l’AIB.

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Ces entrepreneurs qui se sont lancés peu avant le 17 octobre

L’Indice des prix à la consommation (IPC) a encore augmenté en novembre, a confirmé hier l’Administration centrale de la statistique (ACS) en publiant la dernière édition de son indicateur qui mesure l’inflation dans le pays, qui traverse une importante crise économique et financière sur fond de manifestations contre le pouvoir qui se poursuivent depuis le 17 octobre....

commentaires (2)

je n achèterai rien alors de l AIB.POINT.

Marie Claude

12 h 44, le 21 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • je n achèterai rien alors de l AIB.POINT.

    Marie Claude

    12 h 44, le 21 décembre 2019

  • On parle en général d'effets pervers dans une économie en mouvement, mais dans ce cas ci que l'alcool et le tabac en prennent un coup c'est tout bénéfique pour la santé publique. De là à dire que c'est un coup du hezb libanais de la résistance, je vous souhaite en levant mon verre, à la bonne vôtre. Avec modération bien entendu.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 36, le 21 décembre 2019

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