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À La Une - Liban

Hassane Diab, soutenu par le Hezbollah et ses alliés, désigné Premier ministre

L'ancien ministre de l’Education dans le gouvernement de Nagib Mikati entre 2011 et 2014 a obtenu 69 voix dont seulement six des 27 députés sunnites.  


Le Premier ministre désigné Hassane Diab s'adressant à la presse après sa désignation officielle à l'issue des consultations parlementaires au palais de Baabda, le 19 décembre 2019. REUTERS/Mohamed Azakir

L'ex-ministre de l'Education et vice-président des Programmes régionaux externes (REP) de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), Hassane Diab, qui a reçu l'appui du tandem chiite Hezbollah-Amal ainsi que celui du Courant patriotique libre de Gebran Bassil, a été désigné jeudi pour former le prochain gouvernement du Liban, miné par une crise économique aiguë et agité par une contestation populaire inédite. Désigné à l'issue des consultations parlementaires contraignantes au palais de Baabda, M. Diab succède à Saad Hariri qui a démissionné fin octobre, sous la pression de la rue qui manifeste depuis deux mois pour réclamer la chute de toute la classe dirigeante. 

En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir du Liban, le poste de Premier ministre revient à un membre de la communauté sunnite quand celui de président revient aux chrétiens maronites et la présidence de l'Assemblée nationale aux musulmans chiites. Reste que M. Diab ne bénéficie pas de la couverture sunnite. Car cet ingénieur de 60 ans, peu connu du grand public, a été désigné par 69 députés, issus des rangs du Hezbollah et ses alliés dont le Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président Aoun, et le parti chiite Amal de M. Berry.  En revanche, il n'a pas obtenu le soutien des hauts responsables sunnites, au premier rang desquels le courant du Futur de Saad Hariri. Seuls six sunnites sur un total de 27 l'ont nommé pour le poste de Premier ministre. De quoi laisser augurer une tâche difficile pour M. Diab, dans un pays abonné aux interminables tractations dans la formation de ses gouvernements.

Peu après les consultations parlementaires, reportées à deux reprises ce mois, Hassan Diab s'est rendu jeudi en fin d'après-midi au palais présidentiel de Baabda, où il s'est entretenu avec M. Aoun et le président du Parlement, Nabih Berry. Répondant ensuite à la presse, il s'est proclamé "indépendant" et a accepté de former un nouveau gouvernement le plus vite possible, sans préciser sa nature.



Le président Michel Aoun (centre) entouré du Premier ministre désigné Hassane Diab (droite) et du président du Parlement Nabih Berry à l'issue des consultations parlementaires contraignantes au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra.



Diab tend la main aux protestataires
M. Diab a également tendu la main aux Libanais qui protestent depuis le 17 octobre contre le pouvoir accusé d'être incompétent et corrompu et qui réclament inlassablement la formation d'un cabinet de technocrates indépendants du sérail politique.

Dans une tentative de rassurer les manifestants, Hassane Diab a promis des consultations élargies au mouvement de révolte. S'adressant depuis Baabda directement aux contestataires, M. Diab a déclaré : "De ma position d'indépendant, je vous parle en toute franchise et transparence. Ces derniers 64 jours, j'ai entendu vos voix exprimant douleur et colère. J'ai senti que votre intifada me représente ainsi que toute personne qui veut un véritable État. Vos voix doivent demeurer une sonnette d'alarme". "Les Libanais ne permettront pas un retour à l'avant 17 octobre (date du début du mouvement de contestation)", a ajouté M. Diab, appelant les protestataires à "participer à l'opération du sauvetage du pays". Trois jours après le déclenchement de la contestation, M. Diab avait qualifié le mouvement d'"historique", écrivant sur les réseaux sociaux que "le peuple libanais" s'était "uni pour défendre ses droits à une vie libre et digne".

Les promesses de M. Diab n'ont pas réussi à calmer la rue. En très peu de temps, plusieurs axes routiers ont été bloqués à travers le pays, tandis que les places de la contestation se remplissaient au fur et à mesure de protestataires promettant de "faire tomber" le Premier ministre nouvellement désigné.



(Portrait : Hassane Diab, un « bûcheur » très « instruit » et « honnête », mais qu’en est-il de ses qualités politiques ?)



"Un schisme sunnite-chiite"
Hassane Diab a été ministre de l'Education (2011-2014) dans un cabinet dirigé par Nagib Mikati et dominé par le Hezbollah et ses alliés, après la démission en 2011 d'un gouvernement de coalition déjà dirigé à l'époque par M. Hariri. Sur son site internet, il se présente comme "l'un des rares ministres technocrates depuis l'indépendance du Liban". Selon Imad Salamey, chercheur en sciences politiques à l'Université libanaise américaine (LAU), "si M. Diab est nommé Premier ministre, alors le prochain gouvernement sera dominé par le Hezbollah (et ses alliés) sans couverture politique pour Hariri et les sunnites". Une situation, a-t-il dit à l'AFP, qui "provoquerait un schisme sunnite-chiite au Liban, et noierait la révolution dans les discours confessionnels".

Mercredi, M. Hariri avait dit renoncer à sa propre succession et son bloc parlementaire n'a nommé aujourd'hui aucun candidat pour le remplacer. Des hauts responsables du courant du Futur ont par ailleurs dit jeudi qu'ils pourraient ne pas faire partie du prochain gouvernement faisant craindre l'émergence d'un clivage susceptible de compliquer la mise en œuvre des réformes demandées par les contestataires et la communauté internationale. Selon des sources de la Maison du Centre citées par la chaîne locale LBCI, Saad Hariri "va continuer à prendre ses responsabilités politiques et poursuivre son action nationale dans l'idée d'atténuer les dommages et ce, dans le cadre des dispositions de la Constitution en cette période dangereuse".

Le leader druze Walid Joumblatt a dans ce contexte critiqué l'approche du groupe parlementaire du Futur, estimant que le parti de Saad Hariri a "laissé tomber Nawaf Salam par crainte du changement". "Que les forces du 8 Mars choisissent leur candidat et que cela se solde par un succès, ce n'est pas étonnant. Au moins, ces formations ont un projet", a écrit M. Joumblatt sur son compte Twitter. "Mais que le Futur, qui se cache derrière la +technocratie+ comme si tous ses députés avaient travaillé dans la Silicon Valley, laisse tomber Nawaf Salam par crainte du changement, cela prouve leur futilité et leur faillite", a-t-il ajouté. "Nous étions une minorité et nous le resterons", a encore souligné le chef du Parti socialiste progressiste.

L'ex-ministre de l'Education et vice-président des Programmes régionaux externes (REP) de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), Hassane Diab, qui a reçu l'appui du tandem chiite Hezbollah-Amal ainsi que celui du Courant patriotique libre de Gebran Bassil, a été désigné jeudi pour former le prochain gouvernement du Liban, miné par une crise économique aiguë et agité par une...

commentaires (10)

Mr Ali Baba et les 40 voleurs ( Mr Berry ) est toujours présent il a peur de perdre son fauteuil et aller en prison

Eleni Caridopoulou

00 h 48, le 20 décembre 2019

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Commentaires (10)

  • Mr Ali Baba et les 40 voleurs ( Mr Berry ) est toujours présent il a peur de perdre son fauteuil et aller en prison

    Eleni Caridopoulou

    00 h 48, le 20 décembre 2019

  • Vice président fe l'American University of Bayrooot..et...proche du hezbollah... ????

    Wlek Sanferlou

    23 h 59, le 19 décembre 2019

  • Pour une fois d'accord avec Mr Joumblatt! Mais à quoi jouait exactement Mr Hariri? En se cachant derrière son jeu communautaire, comme quoi c'est lui ou personne comme premier ministre, secondé par Dar El Fatwa, on revenait aux zizanies du passé... Et, en refusant de nommer un Nawaf Salam, personnalité vraiment non politisée et très respectable, on l'a débusqué et démontré qu'il n'est pas mieux que les autres politiciens pourris... Là, est-il content de voir une personne du camp 8 Mars pro-Syrien prendre sa place? Bien que, le Mr. Diab soit assez intègre, qualifié et pas corrompu comme le reste, mais je pense qu'on va revenir au cirque du passé, avec blocages de toutes parts, réaction violente de la rue, et re-belotte sans fin. Pauvre Liban!

    Saliba Nouhad

    22 h 30, le 19 décembre 2019

  • Merci monsieur Hassane pour les technodrates que vous allez nous amener Ah ! Y’a Ebola tu es entrain de mener notre pays vers son étape ultime sans pitié avec acharnement car c est ce que veut ton guide et les moutons te suivent sans clochette aveuglément !

    PROFIL BAS

    21 h 13, le 19 décembre 2019

  • CA NE VA PAS MARCHER. C,EST VOUE A L,ECHEC. POINT DE DONATEURS ET D,INVESTISSEURS DE CEDRE. POIBT DE SAUVATAGE DU PAYS. L,EFFONDREMENT PAR LES SOINS DES DEUX MILICES IRANIENNES ET DE LEUR PARAVENT CPL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 47, le 19 décembre 2019

  • Au moins Mr Diab pourra dire qu'il a été 1er ministre du Liban, même si c'est pour quelques jours. On se moque vraiment du peuple. Ya haram.

    Achkar Carlos

    19 h 18, le 19 décembre 2019

  • Que personne ne crie victoire trop tôt. Nous verrons la réaction de la rue, d’une part, et de la proposition de cabinet. Nous verrons bien.

    Bachir Karim

    19 h 16, le 19 décembre 2019

  • Le Liban va enfin pouvoir prendre la direction qui conviendra à sa future politique du détachement définitif et total, du groupe des prédateurs honnies par le monde actuel.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 07, le 19 décembre 2019

  • Voilà ce qui arrive lorsque les TRAITRES se rallient aux mercenaires étrangers en leur permettant d'avoir la majorité des voix, le contrôle des forces de sécurité intérieure, une armée étrangère qui annule le rôle de l'armée officielle puisqu'elle est grassement armée pour garder le Liban sous leur contrôle et les clefs du palais présidentiel. Ils ne savent peut être pas que Hassan Nasrallah avait promis il y a des annees de transformer le Liban en un état islamique chiite et son plan est en train de se réaliser gtace à notre president, son gendre et leur allié Geagea pour préserver le droit des chrétiens. Aoun a eu la solution pour faciliter la tâche à HN il a invité les citoyens à immigrer. C'était la phrase magique pour donner le feu vert à HN et Berry de faire ce bon leur semble tant que lui reste president et son gendre le sous président même sous la botte de n'importe qui. Pauvres malheureux vous nous dégoûtez.

    Sissi zayyat

    19 h 00, le 19 décembre 2019

  • Hassane Diab nommé par 6 députés sunnites pro-Hezbollah sur un total de 27 députés sunnites au Parlement, soit 22%. Ce n'est pas valable. Changez d'aiguille. Mon premier baluchon est près de la porte.

    Un Libanais

    18 h 36, le 19 décembre 2019

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