Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a annoncé hier que sa formation n’intégrera ni un gouvernement composé de technocrates ni un gouvernement techno-politique dirigé par Saad Hariri, affirmant que dans ces cas, le CPL rejoindra les rangs de l’opposition.
« Si M. Hariri reste attaché à la règle du “Moi et personne d’autre” et si le Hezbollah et le mouvement Amal insistent à former un gouvernement techno-politique présidé par M. Hariri, alors nous ne sommes pas intéressés par une participation à de tels cabinets », a déclaré M. Bassil à l’issue d’une réunion exceptionnelle du groupe du Liban fort, au siège du parti fondé par le chef de l’État, Michel Aoun, à Mirna Chalouhi.
Le leader du parti aouniste s’est prononcé en faveur d’un gouvernement « efficace, productif et de salut public, qui empêcherait le Liban de sombrer dans l’effondrement et le chaos, composé d’experts compétents et courageux en son sein et à sa tête ». « Il faut former un gouvernement qui a des solutions et qui doit réussir », a-t-il insisté. Et de préciser : « Hariri choisira un Premier ministre dans ce cadre. Le PM désigné devra alors, en concertation avec le chef de l’État, former ce gouvernement, conformément aux équilibres politiques afin que le Liban soit représenté de la meilleure des manières auprès de la communauté internationale », a-t-il ajouté. « Prenez tous les sièges, mais proposez-nous une politique économique, mettez en œuvre le plan sur l’électricité et stoppez la dilapidation des fonds publics », a lancé M. Bassil. « Nous sommes prêts à nous sacrifier pour le bien du pays et éviter l’effondrement », a-t-il fait valoir.
M. Bassil a critiqué l’attitude du Premier ministre sortant, l’accusant d’avoir « surfé sur la vague du mouvement de contestation ». « Nous ne pouvons pas ignorer la représentativité de Saad Hariri, nous n’avions pas besoin de Dar el-Fatwa pour cela », a déclaré M. Bassil, en référence au soutien de la plus haute autorité religieuse sunnite du pays au PM sortant. « Mais d’un autre côté, Saad Hariri tente d’instaurer un nouvel équilibre en éliminant ses adversaires. Nous n’acceptons pas que quiconque surfe sur la vague de la contestation. Je n’accepte pas qu’il laisse penser que tous les partis sont responsables de la situation (de crise), mais pas lui », a-t-il ajouté. Et de lancer : « Personne ne peut éliminer qui que ce soit. Le changement de cet équilibre est inacceptable. On tente de nous imposer une réalité, mais nous n’accepterons pas de remettre en cause le pacte national et la véritable représentativité des composantes du pays. »
« Nous avons dit que nous allions renverser la table, mais les gens nous ont devancés », a poursuivi le chef du CP qui a exposé « les réalisations enregistrées grâce à l’entente politique qui avait permis l’élection du général Michel Aoun à la tête de la République sur base du pacte national, à savoir que chaque composante principale du pays est représentée par la personnalité la plus forte de sa communauté », en précisant que cette entente était fondée sur la « consolidation de l’État et non pas sur un compromis ou un marché ». Les « réalisations » qu’il a détaillées sont les suivantes : la consolidation de l’équilibre national à travers le partenariat, la libération du pays des terroristes (en allusion aux groupes jihadistes), le renforcement de la sécurité et de la stabilité, l’élaboration d’une loi électorale qui a donné lieu à des élections parlementaires traduisant une véritable représentativité du peuple, favorisé la formation de gouvernements équilibrés et permis l’adoption de budgets alors que les dépenses étaient incontrôlées pendant plus de douze ans, et lancé de nombreux projets dont notamment la prospection pétrolière et gazière offshore.
En contrepartie, M. Bassil a reconnu que cette entente a échoué au niveau de « la lutte réelle contre la corruption et l’édification d’un État moderne, la réforme des politiques financière, monétaire et économique ». « Nous avons aussi échoué à assurer les droits les plus élémentaires de la population (infrastructures, électricité, déchets, carte de santé, assurance-vieillesse), (…) à élaborer un plan national pour le retour des réfugiés », a-t-il ajouté en estimant qu’aujourd’hui, « le peuple libanais, le régime et toutes les forces politiques, dont le CPL, paient le prix de cet échec parce que les gens perçoivent l’entente sous l’angle de marchés conclus et d’intérêts convergents entre le président Hariri et moi-même, ce qui est injuste ». « Si je faisais vraiment partie du système de corruption, aurais-je été la cible d’un assassinat politique tel que c’est le cas aujourd’hui ? » s’est-il interrogé.
J.A.R.
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a annoncé hier que sa formation n’intégrera ni un gouvernement composé de technocrates ni un gouvernement techno-politique dirigé par Saad Hariri, affirmant que dans ces cas, le CPL rejoindra les rangs de l’opposition.« Si M. Hariri reste attaché à la règle du “Moi et personne d’autre” et si le Hezbollah et le mouvement...
commentaires (2)
BON DEBARRAS !
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 58, le 13 décembre 2019