Fayçal Karamé, député libanais sunnite de Tripoli, a réagi mardi à l'incident qui avait éclaté la veille devant son domicile entre des manifestants et ses gardes du corps, accusant les individus ayant lancé des insultes contre lui et sa famille de vouloir "provoquer une sédition". Lors d'une conférence de presse, le député a appelé à "sauver" la capitale du Liban-Nord du "blocus provoqué par la fermeture des routes et de certaines institutions".
"Ce que j'ai vu hier, lorsqu'un groupe a violé une propriété privée, insulté des martyrs et fait preuve de comportements qui contredisent l'esprit moral de la ville et de la révolution, m'a rendu encore plus convaincu de l'importance de défendre Tripoli jusqu'au bout", a déclaré M. Karamé. "Quelles que soient nos divergences d'opinion, nous restons à Tripoli une famille unie qui ne permettra jamais que soit ternie la réputation de notre ville", a-t-il ajouté.
Il a encore condamné les insultes lancées à l'encontre de son père, l'ancien Premier ministre Omar Karamé et de son oncle Rachid Karamé, qui a également occupé le poste de président du Conseil à de nombreuses reprises. "Ceux qui ont lancé ces insultes veulent provoquer la sédition", a-t-il déclaré, soulignant avoir dû faire preuve "de la plus grande retenue" face à ces injures.
Le député a par ailleurs condamné "le blocus que subit" la grande ville du Liban-Nord en raison du blocage des routes et de certaines institutions publiques, appelant à lever ces obstacles afin de "protéger la révolution et la révolte" des Tripolitains.
Lundi, un incident était survenu alors que les contestataires effectuaient une tournée des maisons des députés et responsables politiques de Tripoli, à l'entrée desquelles ils lançaient des sacs de déchets. Devant le domicile de M. Karamé, les gardes du corps de ce dernier ont réagi, en renvoyant les déchets en direction des manifestants. La tension est alors montée d'un cran entre les deux parties qui se sont échangé des jets de pierres. Certaines personnes présentes sur les lieux ont également accusé les gardes du corps de Fayçal Karamé de s'en être pris de manière violente aux protestataires, hommes et femmes confondus, au moyen notamment de matraques électriques. Alors que plusieurs personnes ont été blessées et ont dû être hospitalisées, l'armée s'est déployée sur place et a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour séparer les deux parties.
"Ruiner la réputation de la révolte"
Réagissant à ces incidents, l'armée a indiqué mardi que, lors d'une tournée devant les maisons des députés du Nord, "la situation a dégénéré en altercations et provocations. Des jets de pierres et de sacs poubelles ont été échangés entre les gardiens du domicile du député Omar Karamé et les manifestants". "Six militaires ont été blessés lors de l'intervention de patrouilles, qui se sont déployées pour séparer les deux parties", a souligné la troupe dans un communiqué. Les militaires ont "empêché que la situation ne tourne à l'émeute et ont empêché les contestataires de mettre le feu à des conteneurs de poubelles", ajoute le communiqué de l'armée, qui annonce avoir arrêté une des personnes présentes sur les lieux.
L'ancien président du Conseil Nagib Mikati, également député de Tripoli, a pour sa part dénoncé, sans mentionner précisément l'incident de la veille, "le langage de certaines personnes qui porte atteinte à la moralité des habitants de Tripoli". Il a condamné le fait que certaines personnes "connues" veulent ruiner la réputation de la révolte" en s'attaquant aux biens publics et en bloquant les entrées à la ville. M. Mikati a dans ce cadre appelé les forces de sécurité à "prendre des mesures claires pour protéger la révolte et empêcher toute atteinte aux Tripolitains".
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commentaires (3)
IL EST CHANCEUX QUE LE RIDICULE NE TUE PAS ! LES LONGUES LANGUES TOUT AUSSI !
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 50, le 10 décembre 2019