Neuf manifestants, qui avaient déversé des ordures hier soir devant la maison de Fayçal Karamé à Tripoli, pour marquer leur dégoût de la classe politique, ont été blessés par les hommes du député qui les ont attaqués à coups de matraque électrique, ont indiqué des témoins à L’Orient-Le Jour.
À l’appel d’étudiants de l’Université libanaise, des manifestants dans la capitale du Liban-Nord ont effectué hier une tournée des maisons de plusieurs députés et responsables politiques, déversant des sacs d’ordures devant leurs domiciles, pour leur signifier leur responsabilité dans la crise des déchets. Après être passés devant les domiciles de l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi et de l’ancien député du courant du Futur Mohammad Kabbara, ils sont arrivés devant le domicile de M. Karamé, où une trentaine d’hommes de ce dernier les attendaient de pied ferme et ont renvoyé les ordures en direction des manifestants, selon des témoins. La tension est alors montée d’un cran et les deux parties ont échangé des jets de pierres, avant que les hommes de M. Karamé attaquent les protestataires, hommes et femmes, au moyen de matraques électriques. Neuf manifestants ont été blessés, selon des témoins. L’armée est intervenue et a dû faire usage de gaz lacrymogène pour séparer les deux parties.
Samedi, les manifestants à Tripoli avaient déjà fait la tournée des domiciles des responsables politiques, s’arrêtant devant chacun pour chanter, au mégaphone, une chanson tournant le responsable en dérision.
Réagissant aux échauffourées d’hier soir, le conseiller de Fayçal Karamé, Ala’ Jleilati, a estimé qu’il était « clair qu’il y avait une intention de provoquer des incidents avec les gardes du corps » du député. Il a ajouté que les manifestants étaient étrangers au mouvement de contestation dans la ville et qu’il était clair « à quelle partie politique ils appartiennent ». « Il s’agit d’un message qui intervient à la suite des propos de M. Karamé au sujet de la rencontre de Dar el-Fatwa », a ajouté le conseiller, cité par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). La veille, le député de Tripoli avait critiqué la plus haute autorité religieuse sunnite au Liban pour avoir « plébiscité Saad Hariri avant même la tenue des consultations parlementaires, violant l’accord de Taëf ». M. Karamé doit tenir une conférence de presse aujourd’hui.
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