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Liban - Décryptage

Tractations gouvernementales : retour à la case départ

En dépit du nouveau rendez-vous fixé pour les consultations parlementaires contraignantes, la tendance générale est au pessimisme. De l’avis de plusieurs sources concordantes, le tableau global fait penser à un retour à la case départ dans les négociations pour la formation du prochain gouvernement.

Selon les sources proches des deux formations chiites, Amal et le Hezbollah, le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri a mené la partie avec beaucoup de brio pour s’imposer comme le seul candidat possible, à la demande de Dar el-Fatwa et des anciens Premiers ministres, faisant lui aussi fi des consultations parlementaires. Pourtant, il avait été le premier et le principal candidat sollicité pour former le nouveau gouvernement et c’est lui qui, dans un communiqué officiel, avait annoncé son refus d’assumer cette responsabilité, se déclarant prêt à aider tout autre candidat ayant les qualités requises.

Saad Hariri avait même avancé le nom de Mohammad Safadi, avant de se rétracter. C’est lui aussi qui avait lancé le nom de Bahige Tabbarah et c’est encore lui qui avait proposé celui de Samir Khatib. Échaudés par les deux premières expériences, les deux émissaires chiites, le ministre Ali Hassan Khalil (Amal) et le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah Hussein Khalil, avaient eu une ultime rencontre avec lui mardi dernier pour bien s’assurer de son refus de présider le prochain gouvernement et de son appui à Samir Khatib. En peu de mots, mais avec une grande clarté, Saad Hariri avait répondu par l’affirmative aux deux questions qui lui ont été posées, selon ces sources. Après ce jour-là, il avait même tenu trois réunions avec le candidat potentiel à sa succession, Samir Khatib, et selon des sources proches de ce dernier, les discussions avaient porté sur les noms des ministrables, entrant dans les détails de la formation du gouvernement.

Certes, certains indices poussaient à la méfiance, comme le soudain souci de Saad Hariri d’envoyer des messages demandant de l’aide aux différentes capitales « amies du Liban », dès que la date de la rencontre du groupe international de soutien au Liban a été fixée (mercredi 11 décembre à Paris). Malgré tout, les deux émissaires chiites estimaient avoir obtenu une réponse suffisamment claire de la part du Premier ministre démissionnaire, et c’est ce qui avait poussé le chef de l’État à convoquer les blocs parlementaires pour les consultations hier lundi.

Le coup de théâtre est arrivé dimanche de Dar el-Fatwa. L’instance sunnite a annoncé par la voix de Samir Khatib être favorable à la candidature de Saad Hariri pour former le prochain gouvernement. Khatib s’est ensuite rendu chez le Premier ministre démissionnaire qui, selon ses propres dires, avait proposé son nom, pour l’informer de la position du mufti et annoncer son retrait de la course.

Désormais, les choses ont le mérite d’être claires. En raison de la position sans ambiguïté de Dar el-Fatwa et celle des trois anciens Premiers ministres, Saad Hariri est le seul candidat possible à sa propre succession. Aucune autre personnalité, même si elle est assurée de son soutien, ne se risquera plus à se lancer dans la course, sachant qu’elle n’obtiendra pas la couverture religieuse du mufti ni celle, politique, des anciens Premiers ministres. Pour la couverture populaire, c’est un autre problème. Celle-ci ne semble pas inquiéter Saad Hariri ni le courant du Futur. La rue qui avait manifesté contre une potentielle désignation de Mohammad Safadi et de Samir Khatib acceptera-t-elle celle de Saad Hariri, et ce d’autant plus que c’est Dar el-Fatwa qui a dicté cette décision, alors que les manifestants réclament un État laïc ? La réponse à cette question est reportée, l’essentiel des contacts politiques portant actuellement sur la possibilité de trouver un accord avec cheikh Saad pour la formation du prochain gouvernement, dans les plus brefs délais.

En théorie, les positions ne sont pas aussi éloignées qu’on pourrait le croire. Entre un gouvernement de technocrates et un autre comportant quatre ministres politiques et 18 technocrates, la différence peut paraître minime. La réalité est toutefois différente.

Les négociations butent actuellement sur deux obstacles principaux : premièrement, pour la présidence de la République et le Courant patriotique libre, Saad Hariri étant lui-même une figure politique, il ne peut pas présider un gouvernement de technocrates, car ce serait un retournement sur les rapports de force issus des dernières législatives et cela ferait de lui le chef absolu du gouvernement, contrairement aux dispositions de Taëf qui ont mis le pouvoir exécutif entre les mains du Conseil des ministres réuni. En même temps, la présidence et le CPL se retrouvent pris au piège de leur propre théorie qui avait justifié l’élection de Michel Aoun à la tête de la République, selon laquelle le leader le plus fort au sein de sa communauté doit occuper le premier poste de celle-ci au sein de l’État. C’est d’ailleurs pourquoi, depuis le début des négociations, la présidence et le CPL insistaient pour que ce soit Saad Hariri qui choisisse le candidat à sa succession. Deuxièmement, Amal et le Hezbollah refusent un gouvernement de technocrates dans l’absolu, considérant que cette revendication cache une décision américaine d’écarter le Hezbollah du gouvernement, pour l’isoler politiquement avant de se retourner contre lui.

Avec Samir Khatib, les négociations avaient abouti à une formule de compromis : quatre ministres politiques, quatre du mouvement de protestation et 16 technocrates choisis par les différentes parties politiques (Amal, Hezbollah, PSP, courant du Futur, CPL et d’autres), à condition toutefois de ne pas choisir des figures considérées comme « provocatrices ». Aujourd’hui, les sources proches des formations chiites et du CPL estiment que si Saad Hariri revient à la tête du gouvernement, cela signifiera que les figures des autres partis politiques peuvent aussi revenir, notamment le chef du CPL Gebran Bassil. Le Hezbollah tient à la participation de ce dernier au gouvernement, parce que selon ses informations, les Américains auraient mis un veto sur son nom. Bassil, lui, ne semblait pas intéressé à participer au prochain gouvernement, mais le retour inéluctable de Saad Hariri à la présidence du Conseil pourrait changer la donne.

Les négociations ne se poursuivent donc pas à partir de là où elles s’étaient arrêtées avec Samir Khatib. Elles reprennent du début. Presque 55 jours après le déclenchement du mouvement de protestation populaire, la crise semble s’installer sur fond de risque d’effondrement économique et financier.

En dépit du nouveau rendez-vous fixé pour les consultations parlementaires contraignantes, la tendance générale est au pessimisme. De l’avis de plusieurs sources concordantes, le tableau global fait penser à un retour à la case départ dans les négociations pour la formation du prochain gouvernement. Selon les sources proches des deux formations chiites, Amal et le Hezbollah, le Premier...

commentaires (9)

Chère Scarlett, Un entre parenthèses rapide : la nouvelle concernant la declaration de mortaza ghorbani où, sans discuter negocier ou même informer le gouvernement libanais ou même un planton libanais quelconque, il avance comme volontaire le liban, malgré lui, à faire la guerre au voisin du sud et de le detruire pas mokns que ça avec les fusées bien futées qui rivalisent en intelligence avec alkawarizmi et almoutanabi mis ensemble.!! Ceci mérite t il un décryptage où est-ce trop évident?

Wlek Sanferlou

19 h 07, le 10 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Chère Scarlett, Un entre parenthèses rapide : la nouvelle concernant la declaration de mortaza ghorbani où, sans discuter negocier ou même informer le gouvernement libanais ou même un planton libanais quelconque, il avance comme volontaire le liban, malgré lui, à faire la guerre au voisin du sud et de le detruire pas mokns que ça avec les fusées bien futées qui rivalisent en intelligence avec alkawarizmi et almoutanabi mis ensemble.!! Ceci mérite t il un décryptage où est-ce trop évident?

    Wlek Sanferlou

    19 h 07, le 10 décembre 2019

  • Vous écrivez "Mouvement de protestation populaire", vous pourriez utiliser sans crainte le mot Intifada, qui est entré dans le dictionnaire français. Mais intifada ou soulèvement risque de mettre en valeur un peu plus al-thoura comme il plaît au peuple de l'appeler.

    Shou fi

    15 h 01, le 10 décembre 2019

  • IL FAUT ÊTRE UN VÉRITABLE C....POUR CROIRE QUE L'AGENT IRANIEN, HASSAN NASRALLAH VA LAISSER L'AGENT SAOUDIEN HARIRI DIRIGER TOUT SEUL LE PAYS. DONC OUBLIANT CETTE POSSIBILITÉ D'UN GOUVERNEMENT TECHNOCRATE À SA TÊTE HARIRI COMME PREMIER MINISTRE. IL FAUT UN AUTRE PREMIER MINISTRE POUR UN GOUVERNEMENT TECHNOCRATE, SINON ÇA SERA UNE PERTE DE TEMPS POUR TOUJOURS. ET L'IDÉE DE REFAIRE COMME AVANT, PARTAGER LE GÂTEAU, NE MARCHERA PLUS.

    Gebran Eid

    14 h 07, le 10 décembre 2019

  • il avait été le premier candidat sollicité pour former le nouveau gouvernement et c’est lui qui avait annonce son refus NON MADAME VOUS FAITES ERREUR IL A DIT ETRE PRET A FAIRE UN GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES UNIQUEMENT NON NOMME PAR LES PARTIS ET SANS AUCUN POLITICIEN ( MEME PAS 4 SUR 20 ) Deuxièmement, Amal et le Hezbollah refusent un gouvernement de technocrates dans l’absolu, VOILA LA VRAI RAISON DU BLOCAGE , VOUS LE DITES TRES CLAIREMENT Avec Samir Khatib, les négociations avaient abouti à une formule de compromis : quatre ministres politiques, quatre du mouvement de protestation et 16 technocrates choisis par les différentes parties politiques COMPROMIS ENTRE QUI , LA MEME CLIQUE QUI A AMENE LE PAYS A L'EFFONDREMENT? VOUS Y CROYEZ SINCEREMETN Mm HADDAD NOUVEAU BLOCAGES LES PARTIS NE CHOISISSENT PERSONNE C'EST CLAIR DES LE PREMIER JOUR MAIS LES PARTIS S'ACCROCHENT A LEUR POUVOIR MEME SI LE PAYS MEURT ENTRE TEMPS CESSONS DE TERGIVERSSEZ MEME MR HARIRI A PERDU AUPRES DU PEUPLE L'ESTIME QU'IL AVAIT PU AVOIR AU MOMNENT DE SA DEMISSION DONC MEME LUI EST DEJA HORS CIRCUIT LE NOM DE M SALAM EX DIPLOMATE A L'ONU REVIENT SUR LE TAPIS. POURQUOI NE PAS L'ESSAYER AVEC UNIQUEMENT 14 SPECIALISTES POUR 6 MOIS ET VOIR CE QUI SE PASSERA? LE SALUT DU LIBAN NE VAUT PAS CET ESSAI? VOUS AURIEZ DU CONCLURE VOTRE ARTICLE PAR CELA ET NON PAR les négociations ne se poursuivent donc ...

    LA VERITE

    11 h 43, le 10 décembre 2019

  • Le refus du Hezbollah de consentir a ce que Monsieur Saad Hariri préside un gouvernement de salut public apolitique se base sur deux arguments principaux : le fait que le Président du conseil serait le seul politicien du nouveau cabinet, et que cela signifiait l’isolement du Hezb et de ses alliés. Mais cet argument ne tient pas car ces derniers (le CPL et Amal) occupent les deux autres présidences, celle de la République et du Parlement. De plus, le 8 mars détient la majorité au Parlement ce qui contrebalance largement le pouvoir de ce qui est de facto un Premier ministre et non un Président du Conseil, celui ci étant le plus souvent présidé par le locataire du palais de Baabda

    Tabet Ibrahim

    10 h 31, le 10 décembre 2019

  • Bref...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 29, le 10 décembre 2019

  • Que cessent toutes ces "concertations" pour la formation du gouvernement! Rien, absolument rien ne justifie la décision du nouveau report des consultations parlementaires. Hariri a toujours été clair: il refuse de présider un conseil des ministres dont la composition aura été concoctée d'avance. Il n'accepte d'être premier ministre que d'un gouvernement de "technocrates" qu'il aura composé lui-même. Il me semble que c'est une position conforme à la Constitution, contrairement aux "tractations" actuelles.

    Yves Prevost

    06 h 53, le 10 décembre 2019

  • Chère Scarlett, Merci de cet article où vous démontrer magistralement les bas coups que le hezb et son acolyte donne au pays pour l'occuper complètement bien sûr pour faire de nous, les hommes, des chairs à canon et des femmes des productrices de gosses pour la gloire du fakih! Ils ont mis la main sur la decision chiite par la force des armes, sur la décision chrétienne par la force des appâts de pouvoir et ils essaient de forcer hariri pour qu'ils mettent la main sur la decision sunnite. Voilà pourquoi le hezb refuse la révolution et la oulmaniah car ceci réduira son rôle à juste une bande d'hommes armés guidés par leurs fusées intelligentes...

    Wlek Sanferlou

    04 h 28, le 10 décembre 2019

  • UN ARTICLE QUI AURAIT PU ETRE OBJECTIF SANS LES ORDINAIRES GLISSEMENTS PARTISANS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 11, le 10 décembre 2019

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