Des poussées de fièvre ont de nouveau eu lieu mardi soir dans plusieurs régions du Liban, à la veille du 42e jour d'une contestation inédite contre la classe dirigeante. De Bickfaya, dans le Metn, à Aïn el-Remmaneh, en banlieue de Beyrouth, jusqu’à Tripoli, au Liban-Nord, plusieurs incidents ont été recensés, mais la situation semblait maîtrisée après l'intervention de l’armée libanaise.
A Bickfaya, un face à face tendu a opposé des partisans du Courant patriotique libre fondé par Michel Aoun et dirigé par Gebran Bassil à des partisans des Kataëb habitant dans la localité. A l'origine de la tension, un convoi de voitures à bord desquelles se trouvaient des partisans du CPL qui a tenté de traverser Bickfaya, en proférant des insultes, selon un témoin sur place. Rapidement, les habitants se sont rassemblés à l'entrée de la ville, pour bloquer le passage du convoi au niveau de la statue de Pierre Gemayel et des jets de pierres ont été signalés. Des échauffourées ont éclaté entre l'armée et les habitants qui tentaient de s'opposer à l'ouverture des routes. Les voitures ont finalement réussi à poursuivre leur trajet en direction de Naas et Baabdate sans entrer à Bickfaya, après de longues minutes d'attente. Selon la Croix-Rouge, quatre personnes ont été blessées dans cet accrochage.
Réagissant à l'incident, Serge Dagher, membre du bureau politique du parti Kataeb, a affirmé à la LBC que les habitants de Bickafaya ont été provoqués par le convoi et n'ont pas compris la raison pour laquelle il s'est dirigé vers leur localité. "A quoi rime cette provocation aujourd'hui ?" a-t-il demandé, assurant toutefois que sa formation ne répondra à aucun acte de provocation.
Le ministre sortant de la Défense Elias Bou Saab (CPL) s'est lui aussi dit contre les provocations. "Ce qui s'est passé ce soir est désolant, a-t-il déclaré à la LBC. Nous devons compter uniquement sur notre armée".
Quelques minutes plus tard, un autre face à face tendu opposait des protestataires contre le pouvoir politique à des partisans du Hezbollah, au niveau du carrefour entre Aïn el-Remmaneh et Chiyah. L'armée s'est massivement déployée dans la région et s'est interposée entre les deux camps pour éviter tout dérapage. A l'origine de la tension ici, une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux portant atteinte au secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, a expliqué à la LBC un habitant de Aïn el-Remmaneh et responsable au sein des Forces libanaises. Ce dernier a assuré que la vidéo est ancienne, rejetant son contenu et dénonçant le fait qu'on la rediffuse ce soir pour créer des tensions.
Plusieurs blessés à Tripoli
A Tripoli, au Liban-Nord, des protestataires s'en sont pris aux agences de deux banques différentes et à l'armée qui intervenait pour rétablir le calme. Les protestataires ont brisé les vitrines de l'agence de la Fransabank ainsi que celles de l'agence BankMed. Ils ont saccagé le distributeur automatique de billets (DAB) de la première agence et mis le feu au second. Selon l’armée, quatre personnes ont été arrêtées, dont une avait lancé un cocktail Molotov qui n'a pas explosé. Un soldat a été blessé par des jets de pierres. Un peu plus tôt, des manifestants qui se trouvaient devant un bureau du CPL sur la place al-Nour ont réclamé sa fermeture et le retrait des drapeaux du CPL dans la ville. L'armée est intervenue et a tiré en l'air pour disperser les manifestants. Un homme a été blessé. Après un bref retour au calme, des échauffourées ont de nouveau éclaté dans la nuit entre différents groupes de manifestants et l'armée a tiré du gaz lacrymogène pour les disperser. Selon la Croix-Rouge, sept personnes ont été transportées à l'hôpital et 17 autres traitées sur place.
"Une escalade dangereuse"
Un face à face tendu avait déjà eu lieu plus tôt en début de soirée sur la route du palais présidentiel de Baabda, entre des protestataires répondant à l'appel du parti Sabaa et des partisans du CPL. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), des échauffourées ont éclaté entre les deux groupes et les forces de l'ordre sont intervenues pour les séparer. L'armée s'était, là aussi, fortement déployée sur place. Les activistes de Sabaa ont appelé le président Michel Aoun à lancer les consultations parlementaires contraignantes en vue de désigner un Premier ministre et accélérer la formation d'un nouveau gouvernement. Cette mobilisation intervient alors que des sources à Baabda avaient annoncé quelques heures plus tôt que les consultations parlementaires se tiendront en principe en fin de semaine. Cette décision a suivi l'annonce faite par le Premier ministre sortant Saad Hariri qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession.
Ces incidents viennent s'ajouter à une série d'attaques menées ces deux dernières nuits par des partisans des deux partis chiites Amal et Hezbollah contre des rassemblements du mouvement de contestation à Beyrouth, à Tyr (sud) et mardi soir encore à Baalbeck (Békaa).
Les autorités ont "échoué à protéger convenablement les contestataires de violentes attaques", ont dans ce contexte réagi mardi dans un communiqué des experts des droits humains affiliés aux Nations unies. Amnesty International les a appelées à "agir immédiatement pour protéger les manifestants", d'attaques qui "pourraient signaler une escalade dangereuse".Lire aussi
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commentaires (10)
J'ai bien peur que ces provocations synchronisés n'aient un but bien plus vicieux que l'on veut nous faire croire. A mon avis, (et je sais que l'armée n'est pas dupe) ils essayent de créer des foyers incendiaires un peu partout dans le pays pour déborder l'armée et surtout pour détourner son rôle de gardienne de frontières pour faire rentrer qui ils veulent et préparer l'après révolution en cas 'échec retentissant de HB. Ainsi ils pourront provoquer une autre guerre sur le sol libanais avec leurs ennemis combattus hier en Syrie et à qui ils auraient ouvert les frontières comme Assad en Syrie l'a fait, quitte à détruire le pays, ainsi ses prophétise se réalisent et il pourrait justifier sa possession d'armes et se replacer en RESISTANT pour re exister et prouver au monde qu'il est le seul à pouvoir maintenir l'ordre, et du même coup jeter le discrédit su l'armée. Les habitants proches et sur la frontière devraient être très vigilants et ne pas céder à l'appel du confessionalisme et empêcher avec l'aide de l'armée quiconque de fouler notre sol libanais.
Sissi zayyat
16 h 06, le 27 novembre 2019