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Liban - Récit

« A Tyr, on sentait l’agression venir dès l’après-midi »

Des partisans d’Amal et du Hezbollah ont brûlé lundi en soirée plusieurs tentes sur la place Alam, mais elle ont été réinstallées ce matin. Et les protestataires ont observé dans l'après-midi un sit-in de solidarité avec la Révolution.

A Tyr, des tentes réinstallées, mardi 26 novembre 2019, sur la place Alam après les incidents de la veille. Photo tirée de la page Facebook "Tyr se révolte".

Les images sont choquantes. Des chaises lancées contre des manifestants, des tentes incendiées, une pluie d'insultes, des cris et des tirs...

La soirée de lundi a été chaude à Tyr, sur la place Alam qui accueille les manifestants depuis le 17 octobre dernier. Au lendemain des attaques perpétrées contre des manifestants par des sympathisants d'Amal et du Hezbollah dans le centre-ville de Beyrouth, c'était au tour, lundi soir, du campement des manifestants de Tyr d'être détruit par les partisans du tandem chiite.

« Nous avions observé un sit-in de recueillement pour le repos de l’âme des deux victimes de l’accident de voiture fatal de Jiyé, vers 17 heures », raconte un militant qui préfère garder l’anonymat. Ironie du sort, c’est en raison de ces deux décès, imputés à la fermeture de l’autoroute à Jiyé par les manifestants de Barja dans l’Iqlim el-Kharroub (bien que la voiture ait heurté une barrière métallique installée par l’armée et non par les protestataires) que des agressions contre les mouvements de contestation ont été menées lundi par des partisans du tandem chiite Amal-Hezbollah en plusieurs endroits à Beyrouth et au Liban-Sud. Les deux victimes, un homme et sa belle-sœur, sont originaires du Sud.

« Dès l’après-midi, des hommes en mobylette sillonnaient les rues autour de la petite place, raconte ce militant. Nous sentions l’agression venir. Et pourtant, à Tyr, nous ne fermons aucune route et n’insultons personne. »

En soirée, les agresseurs sont passés à l'action. « Des dizaines de partisans se sont postés près de la place et ont commencé à harceler les manifestants, répétant des slogans en faveur des deux partis et de leurs leaders, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et le président du Parlement Nabih Berry, poursuit-il. Ils criaient “Nos leaders sont une ligne rouge !”. Or nous n’avons jamais attaqué personne. Nos revendications sont strictement sociales. »

Les partisans survoltés ont ensuite disparu durant une trentaine de minutes avant de réapparaître, encore plus nombreux. C’est alors que le chaos a commencé : chaises lancées sur les manifestants, tentes brûlées… « Les coups pleuvaient, raconte-t-il. En raison de la fumée épaisse, il y a eu un cas d’évanouissement. Les incidents se sont poursuivis jusqu’à plus de 23 heures. » Le dénouement de cette triste affaire fut, alors, totalement ubuesque : « Des responsables des deux partis sont venus s’excuser auprès des manifestants et leur assurer que ce type d'attaque ne se répéterait plus. ils ont également sommé agresseurs de se retirer de la place », souligne-t-il.





« La haine contre la révolution »

Le militant s’interroge sur la protection assurée par l’armée. « Un simple habitant comme moi a pu facilement sentir qu'une agression se profilait de par le comportement des partisans dès l’après-midi. Or seulement trois soldats étaient déployés, lundi, sur la place, c'est à dire moins que les jours précédents. Avec une vingtaine de militaires, ils auraient pu protéger la place. La caserne est toute proche. »

Selon le jeune homme, ce qu’il faut retenir de cet incident, « c’est la haine des partisans (du Hezbollah et d'Amal, ndlr) contre la révolution ». « Ils ont estimé hier avoir “occupé” la place Alam, lui donnant le nom d’un des martyrs de la résistance », ajoute-t-il. Pourquoi tant de haine ? « Les partis mènent campagne contre nous depuis plusieurs semaines dans leurs médias, n’insistant que sur les aspects négatifs comme telle insulte proférée ici ou là, ou tel discours contre les armes de la résistance qui n’a rien à voir avec notre place, dit-il. Hier, les partis ont utilisé cet accident tragique pour alimenter la polémique autour de nous. À mon avis, ils ont laissés leur partisans se défouler pour pouvoir mieux les contenir, sachant que la plupart de ces partisans, notamment ceux d’Amal, ne sont pas disciplinés. »

Dans tous les cas, cette attaque n'a pas suffi à décourager les intrépides manifestants de la place Alam. Les quelques tentes brûlées ont été remplacées dès mardi matin, et un sit-in de solidarité avec la révolution à Tyr était organisé à 17 h. Les manifestants, nombreux, ont alors distribué des fleurs aux soldats et policiers déployés sur place, et ce bien plus massivement que la veille, et des pâtisseries aux passants. Rejoints par des manifestants de Nabatiyé, Kfarrremane, et Saïda, ils ont assuré qu'ils poursuivront leur mobilisation jusqu'à la formation d'un gouvernement de salut qui gère la crise économique dont souffre le pays.


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commentaires (6)

Mais où étaient les forces de sécurité sensés protéger les citoyens. Pourquoi ils n'anticipent pas ces agressions en prenant des mesures pour empêcher qu'ils arrivent au contact ces citoyens pacifistes? Lorsque c'est l'homme choisi par Berry tient la sécurité ça craint. C'est le but de cette révolte. Il faut que chaque libanais bénéficie d'une protection sans faille lorsque sa vie est mise en danger par autrui. Comment faire confiance à un pays dont la sécurité est confiée à des chefs choisis par les personnes pouries qu'on veut combattre? Il ne faut pas s'étonner que le peuple se révolte de plus en plus et crie à l'injustice qui crève les yeux un peu plus tous les jours. On a beau les encenser ils poussent le bouchon un peu trop loin par leur laxisme à la carte.

Sissi zayyat

00 h 01, le 27 novembre 2019

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Commentaires (6)

  • Mais où étaient les forces de sécurité sensés protéger les citoyens. Pourquoi ils n'anticipent pas ces agressions en prenant des mesures pour empêcher qu'ils arrivent au contact ces citoyens pacifistes? Lorsque c'est l'homme choisi par Berry tient la sécurité ça craint. C'est le but de cette révolte. Il faut que chaque libanais bénéficie d'une protection sans faille lorsque sa vie est mise en danger par autrui. Comment faire confiance à un pays dont la sécurité est confiée à des chefs choisis par les personnes pouries qu'on veut combattre? Il ne faut pas s'étonner que le peuple se révolte de plus en plus et crie à l'injustice qui crève les yeux un peu plus tous les jours. On a beau les encenser ils poussent le bouchon un peu trop loin par leur laxisme à la carte.

    Sissi zayyat

    00 h 01, le 27 novembre 2019

  • Mais où étaient les forces de sécurité sensés protéger les citoyens. Pourquoi ils n'anticipent pas ces agressions en prenant des mesures pour empêcher qu'ils arrivent au contact ces citoyens pacifistes? Lorsque c'est l'homme choisi par Berry tient la sécurité ça craint. C'est le but de cette révolte. Il faut que chaque libanais bénéficie d'une protection sans faille lorsque sa vie est mise en danger par autrui. Comment faire confiance à un pays dont la sécurité est confiée à des chefs choisis par les personnes pouries qu'on veut combattre? Il ne faut pas s'étonner que le peuple se révolte de plus en plus et crie à l'injustice qui crève les yeux un peu plus tous les jours. On a beau les encenser ils poussent le bouchon un peu trop loin par leur laxisme à la carte.

    Sissi zayyat

    19 h 15, le 26 novembre 2019

  • 140 morts en Iran et maintenant ils veulent faire la même chose au Liban pour commencer une guerre civile merci le Hezbollah et Amal

    Eleni Caridopoulou

    19 h 14, le 26 novembre 2019

  • -ILS- VEULENT FAIRE TAIRE TOUTE VOIX CHIITE AUTRE QUE LA LEUR. C,EST LA FAKIHOCRATIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 35, le 26 novembre 2019

  • Quel malheur! Le Hezb est entrain d' entrainer le Liban vers le gouffre par ses actions d' un autre et qui sont rejeter ar les libanais et surtout ceux des chiites pris en otages par lui! le hezb se fait gouverner par les balles et les fusées intelligentes et perd la raison!

    Wlek Sanferlou

    18 h 12, le 26 novembre 2019

  • Le Hezb sait peut-être faire la guerre, la résistance, terroriser les gens, et de la propagande mais ne sait pas faire ni de la politique ni de l’économie...

    Jack Gardner

    17 h 40, le 26 novembre 2019

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