Les tentes des manifestants, place Alam, à Tyr, incendiés par des partisans d'Amal et du Hezbollah. Photo tirée du compte Twitter de Akhbar al-Saha
Vingt-quatre heures après l'attaque perpétrée par des hommes brandissant des drapeaux du Hezbollah et de Amal contre des manifestants bloquant le Ring, au coeur de Beyrouth, la tension remontait de nouveau d'un cran à travers le Liban.
Peu après 23 heures lundi, des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal ont jeté de l’essence sur les tentes des protestataires installés sur la place Alam à Tyr, avant d'y mettre le feu. Des tirs nourris ont été entendus sur la place et l'armée est intervenue.
Dans la foulée, notre correspondante dans la Békaa rapportait que des manifestants coupaient plusieurs routes dans la Békaa, dont celles de Marj et de Dahr el-Baïdar, a rapporté notre correspondante sur place Sarah Abdallah.
(Reportage : Retour sur une « nuit d’horreur » rue Monnot)
Une dispute a également éclaté lundi dans la nuit sous le pont de Cola, à Beyrouth, entre partisans du Courant du Futur d'une part, et partisans du Hezbollah et du mouvement Amal de l'autre. Des coups de feux ont été entendus. L'armée libanaise est intervenue. Selon la LBCI, le quartier a retrouvé un calme relatif et il n'y a pas eu de blessés.
Plus tard, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), a rapporté que les forces de sécurité ont coupé les routes suivantes : celle Cola dans les deux sens, le rond point de Tayyouné en direction de l'hippodrome de Beyrouth et la route de la cité sportive en direction de Cola.
Dans la soirée, le courant du Futur avait appelé ses partisans à ne pas descendre dans la rue ou organiser des convois de voitures et de motos. "Le courant du Futur appelle ses partisans à ne participer à aucun mouvement de protestation, à se retirer de tout rassemblement populaire et à s'abstenir d'organiser des convois de voitures et de motos et tout ce qui pourrait porter atteinte à la paix civile", pouvait-on lire dans ce communiqué. "Compte tenu de la gravité des mouvements que l'on observe dans la rue, le courant du Futur appelle tous ses partisans à Beyrouth et dans les autres régions libanaises à se conformer aux instructions du Premier ministre Saad Hariri et à éviter d'être entraînés dans des provocations pouvant créer des conflits", était-il ajouté. Le Futur appelle en outre ses partisans à coopérer avec l'armée et les forces de sécurité.
Quelques minutes plut tôt, l'armée avait dû intervenir à Kaskas, à Beyrouth, pour s'interposer entre des partisans d'Amal et du Hezbollah d'une part et des partisans du courant du Futur d'autre part. Là aussi, des coups de feu avaient été entendus. Cet accrochage faisait suite au passage de convois d'hommes du Hezbollah et de Amal à mobylette à travers Beyrouth. Ces hommes, brandissaient également des étendards noirs sur lesquels il était marqué "Ya Hussein", s'étaient en outre approché du centre-ville de Beyrouth, épicentre de la contestation. L'armée s'était immédiatement interposée entre les manifestants présents sur place et les motocyclistes, qui étaient alors partis en direction de Tayyouné.
C'est dans ce contexte de tension qu'un accident au cours duquel deux personnes ont péri, à l'aube lundi, sur l'autoroute reliant Beyrouth au Liban-Sud a pris une tournure confessionnelle dans la journée, le Hezbollah le qualifiant de "crime terroriste". Lundi soir, des centaines de personnes se sont rassemblées, brandissant des drapeaux du Hezbollah et du mouvement Amal, dans la banlieue-sud de Beyrouth, ainsi qu'à Nabatiyé et Tyr, au Liban-Sud, et à Baalbeck dans la Békaa, à la mémoire des victimes.
L’accident s’est produit à l’aube, sur l’autoroute de Jiyé, au niveau du croisement de Barja, lorsqu’une voiture circulant à vive allure a percuté des blocs installés par l’armée pour dévier la circulation vers l’ancienne route côtière, l’autoroute étant bloquée un peu plus loin par des manifestants. Selon des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, le véhicule a pris feu et deux de ses occupants ont péri carbonisé.
Les voyous se connaissent et agissent dans la honte malgré les apparences et les justifications qu'ils mettent de l'avant (comme le malheureux accident de la route). Ils savent très bien qu'ils ont déjà perdu même s'ils finissent par taire la révolution momentanément. Personne n'est assez aveugle pour ne pas reconnaître de quel côté de l'Histoire il se place. Je les plains.
15 h 04, le 26 novembre 2019