C’est vers 3h45 du matin que des centaines d’hommes vraisemblablement affiliés au Hezbollah et au mouvement Amal ont déferlé rue Monnot, après avoir sévi pendant plusieurs heures sur la voie express du Ring. Jusqu’à 5 h du matin, ils ont terrorisé les habitants du quartier et brisé les vitres de plusieurs véhicules stationnés dans la rue. Certains ont même tenté de s’introduire dans des appartements.
« Des dizaines d’hommes ont pénétré dans notre immeuble et ont donné des coups de pied sur la porte d’entrée. Mes enfants et ma femme ont commencé à crier, raconte à L’Orient-Le Jour un habitant de la rue Monnot, sous couvert d’anonymat. On leur a demandé de partir, on leur a dit qu’on ne voulait pas riposter à leurs actions. Ils sont redescendus, mais ont brisé les vitres de ma voiture au passage », ajoute-t-il, tout en balayant les éclats de verre sur le trottoir. « Il y avait des centaines de personnes dans la rue, des adolescents pour la plupart. Ils ont arraché les pavés du trottoir pour les jeter sur l’armée. Beaucoup de militaires ont été blessés, explique ce commerçant de 50 ans qui dit être né dans le quartier. Nous avons passé une nuit d’horreur. Nous sommes pacifiques, je ne comprends pas cette violence ni ce qu’ils voulaient ».
Un peu plus loin, dans le parking adjacent à la Bibliothèque orientale, certaines voitures ont des vitres cassées. Le parpaing qui a servi à cabosser un des véhicules gît encore par terre, à côté de la voiture qui en a fait les frais. Des débris de bouteilles sont visibles sur le sol ainsi que sur les véhicules endommagés. Sur les murs de certains des restaurants de la rue, les casseurs ont écrit en lettres noires « Hezbollah » et « Amal ».
Contactée dans la nuit de dimanche à lundi par L'Orient-Le Jour, Rana Sahili, responsable adjointe des relations médias du Hezbollah, n'a pas confirmé que les assaillants étaient des membres du parti. « Nous n'avons rien à voir avec cela. Ce sont des gens qui font partie du peuple. Aucune décision n'a été prise (par le parti) d'envoyer ses hommes à la rue » , a-t-elle dit.
(Lire aussi : Affrontements dans le centre-ville de Beyrouth : le jour d'après)
« Les pierres pleuvaient sur nous »
Avant les actes de vandalisme à Monnot, les heurts avaient commencé de manière sporadique en soirée au niveau de la voie express du Ring, où des manifestants pacifiques bloquaient la route. Ils ont ensuite pris une tournure violente à partir de 23h30, selon des militants qui étaient présents sur place.
« Nous étions installés sur le Ring, dans une ambiance pacifique et festive. Beaucoup de manifestants étaient venus en famille, avec des enfants en bas âge, raconte à L’OLJ Van Meguerditchian, militant de 32 ans. Des hommes sont ensuite arrivés pour nous dire qu’ils allaient donner une leçon à ceux qui oseraient critiquer le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ils ont même invité les gens qui comptaient le faire à quitter le pays », ajoute-il.
« Vers 23h30, des centaines de personnes ont commencé à affluer, à mobylette, sur la voie du Ring. Ils étaient armés de pierres et de bâtons. Les pierres pleuvaient sur nous, de tous les côtés. Il y a eu au moins 20 blessés de notre côté. Aucune réaction des forces de sécurité pendant ce temps-là », déplore le militant. Selon lui, les forces de sécurité, qui se sont longtemps contentées de se déployer entre les deux parties, ne sont intervenues pour mettre fin aux violences que vers 3h du matin, en tirant des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, après avoir été elles-mêmes agressées par les casseurs.
AFP / ANWAR AMRO
Un peu plus loin, la place des Martyrs, dans le centre de la capitale, offre, en ce lundi matin, un spectacle de désolation, avec ses tentes saccagées et des détritus partout sur le sol. Des militants présents dans la tente du parti Sabaa confient avoir reçu des menaces la veille. « Une des manifestantes nous a indiqué avoir reçu un message (dimanche) demandant que les tentes soient démantelées sous peine d'être la cible d'attaques des chemises noires », raconte une membre de Sabaa à L’OLJ, sous couvert d’anonymat.
Un manifestant de 41 ans, originaire de la Békaa, et qui dit avoir été témoin des attaques perpétrées dans la nuit, critique, quant à lui, le slogan « chiites, chiites, chiites », scandé par les casseurs. « Si d’autres se mettent à crier sunnites ou chrétiens, on va droit vers la guerre civile. Qu’ils se réveillent pour qu’on n’arrive pas à ça. Nous en voulons aux hommes politiques, mais pas au peuple. Pourquoi, au moindre problème, parle-t-on de confessions ? » dit-il à L’OLJ.
La contestation opte pour l’escalade, mais la fermeture des routes ne fait pas l’unanimité
Un forcing diplomatique dans l’espoir d’un dénouement de la crise
COMBIEN D'ARRESTATIONS? ZERO Vu que c'est le seigneur Hassan et le President depuis 29 ans qui les ont envoyes bien que les deux nient leur responsabilite Quelle honte de nier l'evidence ou alors dire que la rue leur echappe ce qui equivaudrait a leur suicide politique
16 h 41, le 26 novembre 2019