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Liban - Gouvernement

Nouveau gouvernement : les compteurs remis à zéro

Le CPL et le Futur s’écharpent autour du retrait de Mohammad Safadi.

Mohammad Safadi. Cynthia Karam/ Reuters

Coup de théâtre : le consensus atteint vendredi dernier entre le Courant patriotique libre, le tandem Amal-Hezbollah et le courant du Futur, autour de la désignation de Mohammad Safadi pour former le nouveau gouvernement est tombé à l’eau. Les compteurs sont donc remis à zéro, dans l’attente… d’une nouvelle entente.

C’est donc à une véritable course contre la montre que le pouvoir devrait se livrer afin d’accélérer la mise sur pied de la future équipe pour tenter d’épargner au pays un effondrement économique et financier qui semble imminent. Mais les positions politiques restent éloignées, ce qui explique que les tractations en vue de la nomination du Premier ministre sont à nouveau au point mort.

Pour en revenir à M. Safadi, un nom que le mouvement de protestation n’avait pas tardé à rejeter, il devait être désigné à la faveur de consultations parlementaires contraignantes qui devaient avoir lieu aujourd’hui à Baabda après des atermoiements. Mais, à l’issue d’une réunion avec le Premier ministre sortant, Saad Hariri, samedi soir, il a décidé de se retirer.

Dans un communiqué publié par son bureau de presse, il a expliqué les motifs de sa décision, estimant « difficile de mettre sur pied un cabinet pour prendre des mesures de sauvetage immédiates destinées à freiner l’effondrement économique et financier et répondre aux attentes de la rue ». « Je demande donc que mon nom soit retiré des tractations en cours en espérant que Saad Hariri sera nommé de nouveau », a conclu M. Safadi.

Selon une source proche de l’ancien ministre contactée par L’Orient-Le Jour, c’est lorsqu’il a pris conscience du fait que les promesses qui lui auraient été faites par Saad Hariri n’ont pas été tenues que M. Safadi a décidé de jeter l’éponge. De même source, on souligne que c’est M. Hariri qui aurait demandé à voir M. Safadi jeudi dernier pour l’informer de son appui à sa nomination. Et c’est, en revanche, M. Safadi qui a pris l’initiative de rencontrer le Premier ministre sortant, samedi, pour le notifier de son retrait. Et de préciser qu’en dépit de ce désaccord, les rapports entre les deux hommes sont bons.



(Lire aussi : Les dessous de la parenthèse Mohammad Safadi, le décryptage de Scarlett HADDAD)



« Moi ou personne »
Outre le fait de doucher les espoirs d’un nouveau cabinet dans les plus brefs délais, la décision de Mohammad Safadi a déclenché une nouvelle polémique entre le CPL et le courant du Futur, le premier accusant le second d’œuvrer pour que la reconduction de Saad Hariri à la présidence du Conseil soit la seule issue à la crise. Le bureau de presse du Premier ministre sortant avait déploré, dans un communiqué, « les déclarations et fuites médiatiques imputant à M. Hariri la responsabilité du retrait de Mohammad Safadi ». « Les manœuvres et les fuitages pratiqués par le CPL sont irresponsables dans le contexte de l’énorme crise nationale que vit notre pays », ajoute le communiqué, selon lequel le gouvernement aurait été formé et la « dangereuse » crise économique nationale aurait commencé à être résorbée sans une telle attitude. « Depuis que l’ancien ministre Mohammad Safadi a demandé à retirer sa candidature » pour le poste de Premier ministre, le CPL veut « faire porter la responsabilité de ce retrait à Saad Hariri », poursuit le texte, affirmant qu’« à deux reprises, Gebran Bassil a insisté sur le nom de Mohammad Safadi. Une option que M. Hariri a rapidement acceptée après avoir constaté que ses propositions, dont le nom de Nawaf Salam, ont été refusées ». « Il n’est guère étonnant que M. Hariri prenne une telle position à la faveur de son amitié avec M. Safadi », peut-on encore lire dans le communiqué, qui précise que le Premier ministre sortant insiste pour un cabinet de spécialistes, « seul capable, selon lui, de faire face à la grave crise économique ».

En face, le CPL s’est dit « surpris » par le communiqué du bureau de Saad Hariri qui « comporte des erreurs et une fausse représentation des faits ». « Le Liban se trouve dans cette situation difficile en raison des politiques monétaire, économique et pratique qui favorisent la corruption depuis 30 ans. Nous avons souffert ces dernières années parce que nous avons refusé ces pratiques, pendant que le courant du Futur y est resté attaché et a voulu protéger ses hommes », rapporte un communiqué publié par le courant aouniste. « Le CPL a pris l’initiative de combler le vide provoqué par la démission de Saad Hariri. Il a offert des facilités pour accélérer l’opération de sauvetage en ne rejetant aucun nom proposé par M. Hariri et en n’insistant de son côté pour aucun nom en particulier. Sauf qu’il est devenu clair que la politique de M. Hariri repose sur le principe “Moi et personne d’autre”. Et cela est prouvé par le fait qu’il tient à présider un gouvernement de technocrates », ajoute le texte. « Ce qui importe pour le CPL, c’est la formation d’un cabinet capable de mettre fin à la crise financière et prévenir le chaos (...). Nous lui demandons de se joindre à nos efforts pour tenter de trouver un Premier ministre qui unisse tous les Libanais. Nous avons encore l’occasion de sauver le pays », conclut le communiqué. Face à ce bras de fer, l’impasse semble totale. Baabda préfère attendre « l’issue des contacts de Saad Hariri dans la prochaine phase », comme le confie à L’OLJ une source proche de la présidence, qui assure que les consultations n’auront naturellement pas lieu prochainement.

Mais on ne s’attend pas à ce que Saad Hariri change de position au sujet de son exigence d’un cabinet intégralement formé de spécialistes indépendants, comme le souligne à L’OLJ Moustapha Allouche, membre du directoire du Futur. « Que le CPL fasse pression sur le président Michel Aoun pour qu’il mène les consultations parlementaires contraignantes sans l’accord du Futur, si le substitut à Saad Hariri existe », dit-il. Cependant, le CPL ne semble pas prêt pour cela. Pas de gouvernement sans l’approbation du courant du Futur, continue-t-on de dire de source du courant aouniste.



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commentaires (6)

Ils vont tous sauter car le Liban ne recevra pas un sou sans que les résolutions 1559 et 1701 ne soient appliquées. Personne mais personne ne peut sauver la situation économique du pays sans que le Hezbollah ne déposent les armes. A bon entendeur salut!

Pierre Hadjigeorgiou

14 h 07, le 18 novembre 2019

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Commentaires (6)

  • Ils vont tous sauter car le Liban ne recevra pas un sou sans que les résolutions 1559 et 1701 ne soient appliquées. Personne mais personne ne peut sauver la situation économique du pays sans que le Hezbollah ne déposent les armes. A bon entendeur salut!

    Pierre Hadjigeorgiou

    14 h 07, le 18 novembre 2019

  • Nous avons chassé les étrangers : palestiniens, israéliens et syriens. Bientôt nous jugerons et enfermerons les libanais qui ont trahi et pillé le Liban. La Révolution est en marche et rien ne l'arrêtera. Tous ceux qui n'ont pas encore compris peuvent commencer à préparer leurs bagages.

    Achkar Carlos

    13 h 20, le 18 novembre 2019

  • Il ne pourra se former qu'un gouvernement aux couleurs du désir des vœux de la majorité au POUVOIR. De REVE-ILLUSION ON PASSE AU STADE DE REVOLUCION RÉSISTANCE. LA VERITABLE REVOLUTION CELLE QUE LES PEUPLES APPELLENT DE TOUS LEURS VOEUX, CEST CELLE QUI DÉGAGERA LES PRÉDATEURS PILLEURS ET USURPATEURS DE LA RGION , CAD JE LES NOMME, USA ISRAEL BENSAOUDIE ( LA FAMILLE) . GROS BISOUS LES NOUNOURSES.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 21, le 18 novembre 2019

  • Il ne s'agit pas vraiment d'un "coup de théâtre" car il était évident que cette nomination serait refusée par le peuple qui avait organisé huit jours avant in pique-nique géant à Zeitouna Bay. En fait, cette nomination relevait purement et simplement de la provocation. "Ce qui importe pour le CPL, c’est la formation d’un cabinet capable de mettre fin à la crise financière et prévenir le chaos". Un peu gonflé le gars! Alors que c'est lui qui bloque depuis trois semaines la formation d'un gouvernement de "technocrates", seul à même de redonner confiance à la population.

    Yves Prevost

    07 h 34, le 18 novembre 2019

  • Qu’attend donc le Président pour mener des consultations parlementaires contraignantes sans l’accord du Futur ? Est-ce qu’on va encore une fois attendre des mois pour que Bassil et le Hezbollah soient d’accord pour donner un gouvernement au pays ? À la première opportunité il faudrait apporter des amendements à la constitution pour délimiter les responsabilités : 1) Le président a l'obligation de nommer un nouveau Premier ministre dans un délai de sept jours à partir de la date de démission du gouvernement. 2) Le Premier ministre doit soumettre la composition de son gouvernement au président dans un délai d’un mois suite à quoi le président désignera un remplaçant. 3) Le chef du parlement a l'obligation de convoquer l'assemblée générale dans les délais constitutionnels sinon il est de facto démissionnaire (en 2006 il a fermé le parlement pendant un an et demi). 4) La majorité parlementaire composera l'exécutif et assumera la responsabilité (abolir le "consensuel" qui est pratiqué depuis l'accord de Doha). 5) Sur cette base, l'approbation du président sur la composition du gouvernement n'est plus nécessaire mais aussi, il n'y a plus le justificatif pour présider les sessions du gouvernement.

    Zovighian Michel

    07 h 12, le 18 novembre 2019

  • IL N,Y A QUE HARIRI A LA TETE D,UN GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES QUI POURRAIT SAUVER LE PAYS DE L,IMMINENT EFFONDREMENT. CEUX QUI NE VEULENY PAS LE COMPRENDRE SONT CEUX QUI REVENT DE MAINMISE TOTALE SUR LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 48, le 18 novembre 2019

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