L'ancien ministre Mohammad Safadi, sur lequel s'était entendue dans la nuit de jeudi à vendredi la majorité sortante pour diriger le prochain gouvernement, a annoncé samedi soir qu'il se retirait de la course après avoir constaté la difficulté de former un cabinet répondant aux revendications légitimes de la rue. M. Safadi a également affirmé qu'il soutient la désignation de Saad Hariri pour diriger le prochain gouvernement.
"Quelques jours après que le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri s'est déclaré disposé à ma désignation pour former le prochain cabinet, m'assurant de son plein et total soutien et ayant mis son équipe à ma disposition, il était indispensable, en tant qu'individu responsable et conscient de la gravité du moment, que j'effectue une série de discussions et d'entretiens avec les différents pôles politiques", écrit M. Safadi dans un communiqué. "Le dernier de ces entretiens a eu lieu samedi soir avec M. Hariri pour examiner la formation d'un gouvernement harmonieux répondant aux revendications légitimes de la rue, d'autant que le Liban traverse une période décisive de son histoire, qui demande conscience et sagesse", poursuit ce texte.
"Mon communiqué est l'occasion de dire aux différentes parties qui ont proposé mon nom pour une désignation, avec M. Hariri à leur tête, qu'après 30 jours de présence des gens dans la rue pour réclamer leurs droits les plus élémentaires, la situation ne permet plus d'attente, de tergiversations ou de discussions supplémentaires.
"Je remercie le président Michel Aoun, Saad Hariri et tous ceux qui ont proposé mon nom pour former le prochain gouvernement, mais j'ai estimé qu'il était difficile de former un gouvernement harmonieux et soutenu par l'ensemble des parties politiques, leur permettant de prendre les mesures immédiates pour mettre fin à la dégradation économique et financière et répondre aux aspirations des gens dans la rue. En conséquence, je demande que mon nom soit retiré de la liste des noms proposés pour former le prochain cabinet, espérant que le président Saad Hariri soit à nouveau désigné. Que Dieu protège le Liban, son peuple et sa jeunesse", conclut ce texte.
(Pour mémoire : La nomination de Safadi compromise avant même d’être officiellement entérinée)
Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par une contestation sans précédent contre l'ensemble d'une classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence dans un contexte de crise économique aiguë. La pression de la rue a poussé le Premier ministre Saad Hariri à présenter la démission de son cabinet le 29 octobre. Jeudi, le président Michel Aoun avait affirmé que le nouveau gouvernement pourrait être formé "dans les jours à venir", soulignant que les revendications des Libanais, qui manifestent par dizaines de milliers pour réclamer entre autres la lutte contre la corruption et le départ de la classe politique, feront partie des "premiers objectifs" du futur cabinet.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, un accord entre la majorité sortante faisait émerger le nom de l'ex-ministre des Finances et richissime homme d'affaires âgé de 75 ans, comme candidat à la présidence du Conseil. Mais la rue a immédiatement fait entendre sa voix, rejetant cette candidature. Aucune annonce officielle n'a été faite jusque-là par le président Aoun qui doit procéder, selon la Constitution, à des consultations parlementaires à l'issue desquelles il nomme le Premier ministre.
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commentaires (11)
La Parisienne: Un lapsus révélateur qui désigne "le président Saad Hahiri" dans votre information. D'où vient-il?
Saab Edith
11 h 45, le 17 novembre 2019