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Liban - Kesrouan

À Zouk, on voit se profiler une nouvelle phase de la révolution

Les routes qui relient le Kesrouan aux autres régions sont coupées de toutes parts.


Photo Michel Sayegh

À Zouk Mosbeh, à l’endroit qui a servi de lieu de rassemblement des manifestants durant plusieurs jours avant que l’autoroute ne soit rouverte par l’armée mardi dernier, quelques manifestants ont le dos adossé aux voitures garées de manière à bloquer la route. « Nous étions très nombreux hier soir, mais les gens sont allés se reposer avant de revenir le soir », disent-ils. La route n’est pas bloquée qu’à Zouk, elle l’est également au niveau de Nahr el-Kalb par d’autres voitures ainsi que par des barils et d’autres objets massifs.

Deux jeunes hommes discutent des derniers développements. « Nous passons à une nouvelle phase de la révolution, disent-ils à L’OLJ. Ce n’est plus le moment de chanter et de danser, l’étape est plus sérieuse et la situation plus grave après une première victime tombée à Choueifate. »

Comme tous les manifestants présents, ces deux hommes reconnaissent que c’est le discours du président Michel Aoun de la veille qui les a poussés à revenir dans la rue sans même réfléchir. « C’est comme si ce n’était pas lui, comme s’il récitait ce que lui aurait dicté (le secrétaire général du Hezbollah Hassan) Nasrallah, affirment-ils. Nous ne serions pas étonnés de savoir que Ala’ Abou Fakhr a été assassiné de manière délibérée pour faire éclater une discorde interdruze. À ce niveau, l’appel au calme de l’ancien député Walid Joumblatt était crucial, et l’armée s’est aussi montrée discrète. »

Ils tiennent à adresser un message aux émissaires étrangers, notamment l’émissaire français actuellement au Liban, lui demandant « de tenir compte de la volonté du peuple libanais et de ne pas privilégier la stabilité au détriment de tout le reste ».

Hoda et Gaia, une tante et sa nièce, sont redescendues dans la rue après avoir écouté le président la veille, et par respect pour la mort de Ala’. « Notre cause en est sortie renforcée, ils voulaient nous faire peur mais nous leur donnons tort », disent-elles. Pour elles, « la fermeture des routes, même si elle est impopulaire, est la seule pression qui vaille ».

Pour ce qui est de la conférence de presse du président, elles estiment que « son rôle doit se limiter à un appel aux concertations, pas à former lui-même le cabinet, ce qui revient au Premier ministre désigné ». Elles lui reprochent « un ton provocateur à l’encontre des protestataires ».

Christina, elle, fustige ce qu’elle considère comme « un appel à l’émigration du peuple dans son discours, sans ambiguïté malgré toutes les tentatives d’explication ». « C’est comme si le président avait un seul souci, celui d’excuser le Hezbollah, poursuit-elle. Nous ne pouvons nier que le Hezbollah est un grand parti, mais pour nous, les armes doivent être exclusivement aux mains de l’armée. »

Pour Christina, les acquis de la révolution sont évidents. « Notre génération est restée attachée aux partis que nos parents ont aimés, souligne-t-elle. Mais nos enfants voient le mal qu’ils nous ont tous fait, et les rejettent en bloc. Ils nous ont enseigné la tolérance et la nécessité d’aller au-delà de l’appartenance partisane. C’est ainsi que j’ai appris à aimer Tripoli et d’autres villes que je prenais pour des repaires d’extrémistes. »

« Ils nous gardaient divisés pour mieux nous diriger », conclut-elle.

À Zouk Mosbeh, à l’endroit qui a servi de lieu de rassemblement des manifestants durant plusieurs jours avant que l’autoroute ne soit rouverte par l’armée mardi dernier, quelques manifestants ont le dos adossé aux voitures garées de manière à bloquer la route. « Nous étions très nombreux hier soir, mais les gens sont allés se reposer avant de revenir le soir »,...

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