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À La Une - Liban

"Si vous manifestez, vous serez expulsés" : les menaces d'une directrice d'école suscitent un tollé

Un avocat dénonce "un crime passible d'un an de prison" ; le ministre sortant de l’Éducation annonce l'ouverture d'une enquête. 

La soeur Mona Wazen, directrice du collège des soeurs salvatoriennes de Abra, au Liban-Sud, offrant une icône au ministre sortant des AE, Gebran Bassil. Photo tirée de Facebook

Ses menaces ont fait le tour du Liban et provoqué un tollé. Dans un message vocal destiné aux élèves en terminale au collège Notre-Dame des sœurs salvatoriennes de Abra, près de Saïda au Liban-Sud, la directrice de l'établissement, sœur Mona Wazen, menace d'expulsion tous ceux qui ont l'intention de participer à la révolte populaire inédite qui secoue le Liban depuis le 17 octobre. 

"Ecoutez-moi bien. Pour tous les élèves qui participent ou participeront au mouvement de contestation, ce sera demain votre dernier jour au sein de l'école. Vous serez expulsés définitivement", menace la directrice dans un message ayant circulé mardi. Elle ajoute que les diplômes de tous les élèves de terminale concernés "ne seront pas présentés à l'Etat" et qu'ils devront "se débrouiller" pour trouver un autre établissement scolaire les acceptant. "Réfléchissez bien et ayez bien conscience de l'école dans laquelle vous êtes inscrits", martèle-t-elle, soulignant que "même si Dieu intervient", elle ne reviendrait pas sur sa décision. 

Alors que les élèves et étudiants sont largement mobilisés depuis le début du mouvement, et notamment ces derniers jours, ce bref message a rapidement été condamné de toutes parts. Sur les réseaux sociaux, plusieurs photos sur lesquelles une religieuse, identifiée comme la directrice du collège MSA de Abra, pose avec le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, une des cibles principales des manifestants, ont par ailleurs beaucoup fait parler.


(Lire aussi : Les étudiants, tiraillés entre leurs études et leur volonté de ne pas quitter la rue)


Crime puni d'un an de prison
Dans ce contexte, le ministre sortant de l’Éducation, Akram Chehayeb, a souligné qu'il n'accepterait en aucun cas que certains établissements ayant décidé de rouvrir leurs portes, exercent des pressions sur les élèves ou interdisent aux étudiants qui le souhaitent de participer aux "mouvements populaires". "Le ministre Chehayeb condamne le message vocal envoyé par la sœur Mona Wazen et va lancer une enquête sur cet incident", précise le bureau de presse du ministre dans un communiqué publié mardi soir. Il souligne que tout incident similaire fera l'objet d'enquêtes et que des mesures seront prises contre les responsables scolaires concernés. 

L'avocat Nizar Saghieh a, lui, écrit, sur son compte Twitter que "les menaces d'expulsion d'élèves en cas de participation au mouvement national signifient que la directrice de l'école leur interdit d'exercer leur droit à la liberté, pourtant garanti dans la Constitution". "Les mineurs peuvent jouir de la liberté d'expression autant que les personnes majeures", a-t-il ajouté, affirmant que sœur Wazen a, dans ce cadre, commis un crime passible d'une année de prison. L'avocat conclut en invitant la directrice à lire "l'article 329 du code pénal", qui qualifie de délit le fait d’interdire à tout citoyen d’exercer son droit civil.

En fin de soirée, l'ordre des sœurs salvatoriennes a publié un communiqué dans lequel il souligne que les mesures annoncées par la directrice de l'école de Abra ont été prises "dans la précipitation", en raison "de la pression qui est tombée sur les épaules des responsables pédagogiques dans les circonstances exceptionnelles" que vit actuellement le Liban. 

Depuis mardi, les élèves des écoles de Saïda sont fortement mobilisés dans le cadre de la révolte qui secoue le Liban depuis le 17 octobre. Mercredi matin, ils ont appelé "tous les élèves et étudiants du Liban" à soutenir le mouvement de contestation. 



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Ses menaces ont fait le tour du Liban et provoqué un tollé. Dans un message vocal destiné aux élèves en terminale au collège Notre-Dame des sœurs salvatoriennes de Abra, près de Saïda au Liban-Sud, la directrice de l'établissement, sœur Mona Wazen, menace d'expulsion tous ceux qui ont l'intention de participer à la révolte populaire inédite qui secoue le Liban depuis le 17...

commentaires (12)

Bonjour pourquoi est ce que mes commentaires tres respectueux ne sont pas publies? Merci. Alain.

Sabri

10 h 41, le 07 novembre 2019

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Commentaires (12)

  • Bonjour pourquoi est ce que mes commentaires tres respectueux ne sont pas publies? Merci. Alain.

    Sabri

    10 h 41, le 07 novembre 2019

  • je suis rarement VRAIMENT scandalise mais la chapeau !! cette bonne soeur a contrevenu a presque toutes les notions de la charite chretienne ! les photos avec le gendre qui-voulait-etre-calife-a-la-place-du-calife et d'autres photos montrant l'armee protegeant cette ecole ont fait deborder le vase ! bonne chance a cette bonne soeur a la prochaine reunion des parents Yekyekyek PS : j'aurais adore y'etre

    Lebinlon

    10 h 03, le 07 novembre 2019

  • Sa supérieure doit la limoger immédiatement sous peine d’être accusée de complicité

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 48, le 07 novembre 2019

  • IL FAUT L,EXPULSER A ELLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 08, le 06 novembre 2019

  • Elle est quant alle fort ... La betise n'a pas de foi

    Khalil S.

    19 h 33, le 06 novembre 2019

  • À lire ce que cette religieuse a déclaré à ses élèves me fait penser à notre armée et à son comportement impeccable, toujours bienveillant dans les manifestations. Nous avons même vu des soldats aux yeux mouillés par l’émotion. Ils ont fait preuve de patience, de courtoisie et d’humanisme. Nos soldats et cette religieuse… Notre armée serait-elle plus humaine et plus indulgente que cette nonne?

    Hippolyte

    19 h 13, le 06 novembre 2019

  • Mona Wazen (sœur?) démissionnez. Ou la supérieure de l’ordre devrait la déchoir de ses fonctions de directrice.

    Allam Charles K

    14 h 46, le 06 novembre 2019

  • C' est elle que l' on doit virer !

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 51, le 06 novembre 2019

  • "Même si dieu intervient" que Dieu soit en majuscule ou en minuscule, cette phrase fait partie du vocabulaire des voyous. Ancien élève d'une école de "Soeurs" dans ma prime enfance, je n'accepte pas cette phrase de la part d'une religieuse qui a offert sa vie à Dieu. D'autre part, quel est le motif de la présence de Gebran Bassil, ministre des Affaires étrangères, dans une école religieuse et son acceptation d'un cadeau des mains de la soeur-directrice de l'institution éducative et scolaire ?

    Un Libanais

    13 h 40, le 06 novembre 2019

  • Qu'elle aime Bassil, c'est son droit, même si c'est difficile à comprendre, mais qu'elle interdise à ses élèves d'exercer leur droit civique est ahurissant. Elle doit être virée illico !

    Yves Prevost

    13 h 34, le 06 novembre 2019

  • Quelques brebis galeuses au sein de quelques unités des forces de ordre se jettent à plusieurs et tabassent un manifestant pacifique et le traite comme un terroriste. Des membres de cette même unité les regardent faire sans broncher comme si c'était NORMAL alors qu’on Les paie pour nous protéger. Et en plus on les aime. Et maintenant les suceuses de sang, je veux parler des bonnes sœurs qui ne sont bonnes qu'à racketter Les familles pauvres en infligeant à leurs rejetons des humiliations devant les autres élèves mieux lotis. Elles mettent leur grain de sable dans la machine et se mêlent de politique. HÉ HO. On ne vous a pas sonné. Éduquez plutôt nos enfants en leur inculquant La Liberté, à refuser l’injustice et à se battre pour vivre libres et la tête haute . Sœur Machine n'a rien à voir dans le sytème éducatif de nos enfants.

    Sissi zayyat

    12 h 14, le 06 novembre 2019

  • Jésus est le premier vrai révolutionnaire et miséricordieux. Comme on est loin du Christ.

    Eddy

    11 h 58, le 06 novembre 2019

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