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À La Une - Liban

Contestation au Liban : risque ou opportunité? s'interroge Israël

Le Hezbollah est un "supplétif de l'Iran", et s'il "peut faire ce qu'il veut au Liban cela devient une menace pour nous", estime un porte-parole de l'armée israélienne. "Aujourd'hui, il y a peut-être une bonne opportunité pour changer ça", ajoute-t-il, en référence aux manifestations.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus à la base militaire de Har Dov sur les hauteurs du Mont Hermon, le 30 octobre 2019 AFP / JALAA MAREY

"Là, le Hezbollah est très, très, fort": sur les hauteurs du Mont Hermon, un soldat israélien observe le Liban. Et se demande si l'actuel mouvement de contestation qui s'y déroule peut affaiblir le Hezbollah, grand ennemi d'Israël, ou au contraire le renforcer.

L'écho du 1er septembre résonne encore, en effet, le long de la frontière en zigzag séparant le Liban d'Israël, un décor enchanteur avec ses arbres fruitiers, ses vallées, son ciel d'azur, mais ses technologies d'espionnage de pointe à la Big Brother.

Ce jour-là, le Hezbollah tirait en effet trois missiles antichars en sol israélien, près de la bourgade d'Avivim, une première frappe près de civils depuis la guerre de 2006 entre le parti chiite armé libanais, allié de l'Iran, et l'Etat hébreu.

Sur la route longeant la partie israélienne de la frontière, un automobiliste averti peut encore sentir dans l'asphalte deux crevasses circulaires d'environ 30 centimètres de diamètre chacune, stigmates de ces frappes ayant fait craindre une escalade.

Plus loin, des véhicules militaires israéliens arpentent leur côté de la frontière, traversée à l'occasion par des trafiquants d'armes et de haschich et patrouillée depuis le ciel par des drones. Encore cette semaine, un missile a été tiré depuis le Liban en direction d'un drone israélien qui n'a pas été touché.


(Lire aussi : « On espère tous que le Liban ne subira pas le même sort que la Syrie »)


"Opportunité"

La contestation au Liban, qui depuis près de trois semaines a mis des centaines de milliers de manifestants dans les rues contre l'ensemble de la classe politique, jugée incompétente, est scrutée attentivement par Israël.

"Nous suivons avec intérêt ce qui se passe au Liban, mais nous ne sommes en rien impliqués dans ce qui s'y passe", déclare à un petit groupe de reporters le porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus, à la frontière israélo-libanaise.

Cette contestation va-t-elle renforcer ou au contraire affaiblir la menace posée par le Hezbollah? Fait nouveau, un tabou a été levé avec des manifestations antipouvoir dans des cités tenues par le parti pro-iranien, dont le chef Hassan Nasrallah n'a pas échappé plus que les autres aux slogans hostiles de la rue.

Lui s'était prononcé contre la démission du gouvernement de Saad Hariri au début de la contestation, disant craindre "le chaos" et un "effondrement économique". Cette démission a cependant eu lieu mardi, et vendredi, Hassan Nasrallah a appelé à la formation rapide d'une nouvelle équipe.

Un dossier inquiète en particulier Israël: la conversion par le Hezbollah, au Liban, de roquettes en missiles de précision qui permettrait au parti libanais de frapper des intérêts stratégiques côté israélien.

Le Hezbollah est un "supplétif de l'Iran", et s'il "peut faire ce qu'il veut au Liban cela devient une menace pour nous", estime M. Conricus. "Aujourd'hui, il y a peut-être une bonne opportunité pour changer ça", ajoute-t-il, en référence aux manifestations.

Comment? Le Liban a une dette publique de 86 milliards de dollars, soit 150% du PIB. "Israël a demandé aux Etats-Unis et aux pays européens de conditionner toute aide au Liban à la fermeture des manufactures de missiles du Hezbollah", assure à l'AFP un haut responsable israélien requérant l'anonymat.


Détourner l'attention

Cette stratégie pourrait au moins pousser le Hezbollah au statu quo, c'est-à-dire à la période "avant qu'il ne commence à développer" des missiles, estime Eyal Zisser, spécialiste du Moyen-Orient à l'université de Tel-Aviv. "Mais cela ne réglera pas totalement" le conflit entre Israël et le parti chiite libanais, nuance-t-il.

Cependant, des analystes en Israël estiment qu'au contraire, sous pression et en partie contesté dans ses propres fiefs, le Hezbollah pourrait tenter de détourner l'attention de la contestation et diriger des tirs contre Israël.

"On ne peut pas exclure un scénario de détérioration où le Hezbollah, pour dire qu'il défend le Liban, attaque Israël, qui réplique", estime Orna Mizrahi, ex-cadre sécuritaire au cabinet du Premier ministre israélien et désormais analyste à l'Institut national d'études sécuritaires (INSS).

A long terme, Israël craint toutefois que le Hezbollah maintienne son influence au Liban, voire qu'il l'accroisse si le chaos s'y installe comme l'a déjà suggéré Hassan Nasrallah. "Cela rendrait vraiment les choses plus compliquées pour nous", en Israël, note Mme Mizrahi.


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"Là, le Hezbollah est très, très, fort": sur les hauteurs du Mont Hermon, un soldat israélien observe le Liban. Et se demande si l'actuel mouvement de contestation qui s'y déroule peut affaiblir le Hezbollah, grand ennemi d'Israël, ou au contraire le renforcer.L'écho du 1er septembre résonne encore, en effet, le long de la frontière en zigzag séparant le Liban d'Israël, un décor...

commentaires (5)

Entre deux voisins jaloux espérons que le Liban sortira vainqueur encore une fois .

Antoine Sabbagha

19 h 41, le 03 novembre 2019

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Commentaires (5)

  • Entre deux voisins jaloux espérons que le Liban sortira vainqueur encore une fois .

    Antoine Sabbagha

    19 h 41, le 03 novembre 2019

  • ISRAEL FAIT DE TOUT POUR POUSSER LE HEZBOLLAH DANS UNE GUERRE CIVILE AU LIBAN CAR IL PENSE QUE CA DURERA DES ANNEES ET QU,AINSI IL N,AURA PAS A S,INQUITER TOUT CE TEMPS POUR SES FRONTIERES DU NORD. AU HEZBOLLAH DE NE PAS SE GLISSER DANS CE JEU EN RESPECTANT LA VOLONTE DU PEUPLE LIBANAIS ET EN LIVRANT SON ARSENAL A L,ARMEE LIBANAISE POUR LA RENFORCER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 03, le 03 novembre 2019

  • Je ne pense pas qu’Israël est mécontente d'avoir à ses portes une milice disciplinée et opposée au djihadisme sunnite. Sans se parler ni se coordonner toutes les minorités du M.-O. tiennent à l'existence les unes des autres. L'antagonisme n'est que de façade, et le petit peuple libanais, qui ne demande que de vivre dans la dignité, paye le prix du grand foutage de gueule dont il est victime.

    Shou fi

    09 h 46, le 03 novembre 2019

  • que vient faire cet article, içi ,en ce moment?qui est ,depuis toujours ,l'ennemi du Liban?J.P

    Petmezakis Jacqueline

    04 h 31, le 03 novembre 2019

  • Personne n'est dupe , srael intervient bel et bien au Liban et s'infiltre partout afin d'alimenter les zizanies entre libanais et de détourner les forces du Hezb tant honni vers l'intérieur , unique stratagème afin que les frontières restent tranquilles . Et faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de provoquer la guerre civile à partir de cette "révolution" : Voici le vrai , le véritabe objectif de nos infâmes voisins du Sud

    Chucri Abboud

    00 h 26, le 03 novembre 2019

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