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Liban - Contestations

De la BDL à Riad el-Solh, une marche pacifique pour dire que « le mouvement n’est pas terminé »

« Notre génération a besoin de changement, et c’est là notre chance pour faire quelque chose », estime une étudiante.

« Nous voulons récupérer les fonds détournés », peut-on lire sur une des pancartes brandies lors de la manifestation. Photo Marwan Assaf

« Nous ne voulons pas reprendre les cours, nous voulons que le président soit déchu », « Le système doit changer », « Le père de tous doit partir de Baabda », scandaient hier des centaines de manifestants massés devant le siège de la Banque du Liban à Beyrouth, sous l’œil curieux de militaires postés aux fenêtres du ministère de l’Intérieur. D’autres slogans visaient par ailleurs le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, fortement critiqué dernièrement pour sa gestion de la crise économique qui frappe le pays.

Les manifestants, pour la plupart des étudiants et professeurs universitaires, ainsi que des intellectuels, ont ensuite entamé une marche de Hamra vers la place Riad el-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, où ils ont rejoint les manifestants qui campent dans la capitale depuis deux semaines. Une longue promenade dont le but était de faire réagir les Beyrouthins qui n’ont pas encore pris part au mouvement et de rappeler également que la mobilisation se poursuit.

« Le message que nous voulons faire parvenir, c’est que le mouvement n’est pas terminé. Ils essaient de tourner la situation de manière à faire ressortir les tensions confessionnelles. Ils veulent faire croire, par exemple, que c’est la rue sunnite qui est visée parce que Saad Hariri a démissionné. Or, notre objectif est que tous les dirigeants s’en aillent », explique à L’Orient-Le Jour une enseignante universitaire, sous couvert d’anonymat.

« Certains professeurs ou étudiants veulent que les cours reprennent au plus vite. D’autres pensent que si on reprend un train de travail normal, cela affectera les protestations », estime pour sa part May Farah, professeure à l’AUB.

Après une fermeture forcée d’une quinzaine de jours, les universités du pays prévoyaient la reprise des cours hier. Sauf qu’elles se sont heurtées au refus d’un grand nombre d’étudiants et de professeurs de reprendre le chemin des universités. De plus, le regain de tension et le blocage des routes mercredi soir a poussé les établissements d’enseignement supérieur à revenir sur leur décision.

« Le gouvernement doit réaliser que ce mouvement ne va pas s’éteindre. Ce n’est pas parce que le gouvernement a démissionné que les demandes des gens ont été entendues. C’est un long processus et le changement ne peut pas se faire en une nuit, poursuit May Farah. Personne ne sait où l’on va, mais il est important de prendre part au mouvement. Il faut garder le même élan pour être sûr d’obtenir ce que les gens demandent et pas ce que souhaitent ceux qui sont au pouvoir », ajoute-t-elle.


(Lire aussi : Les odieux du stade, le billet de Gaby NASR)


« Cette révolution est authentique »

Tout le long du chemin qui les menait vers le centre-ville de Beyrouth, les manifestants ont distribué aux passants et aux commerçants des pamphlets reprenant les demandes de la rue. Ils ont également exprimé leur soutien, à travers leurs slogans, aux protestataires qui manifestent dans l’ensemble des régions libanaises, notamment à Nabatiyé, Tripoli, Saïda, Jal el-Dib ou encore Baabda. Le keffieh palestinien, signe de la révolte, était présent parmi les jeunes manifestants.

« Notre génération a besoin de changement, et c’est là notre chance pour faire quelque chose », déclare à L’OLJ une étudiante de 21 ans qui souhaite rester anonyme. « Je manifeste pour l’obtention de mes droits, pour que je puisse rester au Liban une fois mon diplôme en poche », renchérit son amie.

Piqués par la curiosité, de nombreux habitants regardaient le défilé depuis leurs balcons. Certains passants s’arrêtaient même pour filmer la marche. Antoine, 26 ans, responsable en ressources humaines, est tombé sur les manifestants alors qu’il sortait de son travail à Hamra. Il a alors décidé d’entreprendre un bout de chemin avec eux. « Je pense que cette révolution est authentique. Les gens en ont assez de l’élite politique aux commandes. Nous leur avons donné un ultimatum de 48h (après la démission du gouvernement) et voilà qu’ils reviennent aux mêmes façons de faire », déplore-t-il.

Saad, 31 ans, est designer. Il a rejoint les manifestants afin de dire sa désillusion. « Je rêvais d’avoir ma propre entreprise, mais ce n’est pas possible. Je me sens prisonnier dans mon propre pays, explique-t-il. L’économie est ruinée et l’État a été vidé de toute son essence. Nous payons des impôts pour rien et notre monnaie est en train de s’effondrer. »


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