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Liban - Gouvernement

Misant sur un essoufflement de la contestation, le pouvoir cherche des garanties

Le CPL lie un départ de Gebran Bassil à une démission de Saad Hariri.

Sur le Ring, coupé à la circulation depuis quelques jours par les manifestants, deux protestataires sont bien installées sur leur canapé. Patrick Baz/AFP

On n’en finit pas de tourner en rond. Face à des milliers de Libanais qui réclament la démission du gouvernement de Saad Hariri, c’est surtout sur le facteur temps que les pôles du pouvoir semblent parier pour que la révolte en cours s’essouffle. Pourtant, le mouvement contestataire se montre déterminé à atteindre ses objectifs. On est, de la sorte, en présence d’une véritable course à l’abîme, un intervalle de temps que le pouvoir compte mettre à profit pour trouver les garanties de la formation rapide d’un nouveau gouvernement. Il reste que, douze jours après le début du mouvement contestataire, une seule donnée semble sûre : il n’est pas question pour le Premier ministre de jeter l’éponge, du moins pour le moment. Pour lui, c’est une façon d’épargner au pays une nouvelle vacance gouvernementale, comme l’affirme à L’Orient-Le Jour un proche de Saad Hariri, qui fait savoir que les tractations sont toujours en cours en quête d’une solution à même de calmer la colère des manifestants.

Selon la même source, M. Hariri « est en quête de garanties à même de confirmer la formation d’un nouveau cabinet dans les plus brefs délais, et c’est principalement de ces garanties qu’une (éventuelle) démission de M. Hariri dépend ». De source bien informée, on fait état aussi d’un forcing occidental pour empêcher le Premier ministre de quitter son poste.


(Lire aussi : La révolution à un tournant décisif, l’édito de Émilie SUEUR)


Veto du Hezbollah

Sauf que des observateurs politiques estiment que la mise sur pied d’un nouveau cabinet bute sur un obstacle essentiel : le veto du Hezbollah. Fouad Siniora, ancien Premier ministre et ex-chef du bloc parlementaire du courant du Futur, a déclaré hier sans détour à la chaîne panarabe al-Hadath : « Nasrallah a empêché la démission de Saad Hariri. » M. Siniora faisait ainsi allusion au discours prononcé vendredi dernier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. L’occasion pour ce dernier de réitérer, pour la deuxième fois en l’espace d’une semaine, son refus d’un renversement du président de la République Michel Aoun, d’une démission du cabinet Hariri et de la tenue d’élections anticipées. Une position qui est certainement à même de freiner les efforts en quête d’une sortie de crise. Les contacts pour un remaniement, tenus loin des feux de la rampe, s’articulaient principalement autour des figures jugées impopulaires au sein du cabinet. Il s’agit, pour Saad Hariri, de répondre aux demandes des manifestants sans pour autant quitter son poste. Mais cette option, approuvée dans un premier temps par le président de la République, se serait ensuite heurtée à son opposition. Michel Aoun serait hostile à toute modification ministérielle qui impliquerait la sortie du gouvernement du chef du CPL, Gebran Bassil, son gendre. Loin des « spéculations médiatiques », une source gravitant dans l’orbite de Baabda se contente de préciser à L’OLJ que le remaniement ministériel n’est qu’une des idées de solution à la crise actuelle. « Il est également question d’intégrer des technocrates au cabinet actuel (pour pourvoir aux quatre sièges vacants après la démission des Forces libanaises, annoncée le 19 octobre) ou de former un nouveau gouvernement », ajoute le proche de Baabda, avant d’expliquer qu’« il n’y a toujours pas de garanties quant à un engagement des protagonistes à faciliter la formation d’une nouvelle équipe ministérielle ».

« L’important reste l’ouverture des routes bloquées par les manifestants », affirme encore le proche de Baabda. Dans certains milieux politiques, on explique cette position par un pari sur la baisse de l’effectif des protestataires au fil des jours. On confie aussi que des mesures seront prises prochainement pour faciliter la circulation, surtout à l’approche de la fin du mois.

Le gouvernement de technocrates et le compromis de 2016

Parallèlement à cette prudence de la part de Baabda, le groupe parlementaire aouniste dit du « Liban fort » tente d’imposer une nouvelle équation établissant un lien direct entre la démission de Saad Hariri et celle de Gebran Bassil. Citées par l’agence al-Markaziya, des sources au sein du groupe aouniste précisent qu’un gouvernement de spécialistes, tel que réclamé par le mouvement de contestation, devrait être totalement apolitique. Cela signifie que Saad Hariri lui-même devrait en être écarté, au même titre que Gebran Bassil, cible première des manifestants.

Les milieux de la Maison du Centre réagissent en rappelant que cette équation est à même de torpiller le compromis politique conclu en 2016 entre Michel Aoun et Saad Hariri. Cela est aussi à même de plonger le pays dans l’inconnu, prévient-on dans ces milieux, assurant que cela n’est dans l’intérêt de personne, surtout dans les circonstances actuelles.


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On n’en finit pas de tourner en rond. Face à des milliers de Libanais qui réclament la démission du gouvernement de Saad Hariri, c’est surtout sur le facteur temps que les pôles du pouvoir semblent parier pour que la révolte en cours s’essouffle. Pourtant, le mouvement contestataire se montre déterminé à atteindre ses objectifs. On est, de la sorte, en présence d’une véritable...

commentaires (9)

Le CPL lie un départ de Gebran Bassil à une démission de Saad Hariri. ET VOILA ENCORE LE GENDRE QUI POSE DES CONDITIONS AU PREMIER MINISTRE ET ON S'ETTONNE QU'IL SOIT CONSPUE PAR 90% DE LA POPULATION QUI EN MARRE DE CE PYROMANE AUX DENTS AIGUISES QUEL PAYS DE M... SOMMES NOUS DEVENU OU UN PARENT D'UN PRESIDENT PEUT DICTER SA LOI A UN PREMIER MINISTRE ET A UN PRESIDENT D'AILLEURS BIEN AFFAIBLI PHYSIQUEMENT ET MORALEMENT ET QUI LE LAISSE FAIRE NO MORE COMMENT LE TITRE CI HAUT DIT TOUT SUR QUI DIRIGE CE PAYS

LA VERITE

12 h 52, le 29 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Le CPL lie un départ de Gebran Bassil à une démission de Saad Hariri. ET VOILA ENCORE LE GENDRE QUI POSE DES CONDITIONS AU PREMIER MINISTRE ET ON S'ETTONNE QU'IL SOIT CONSPUE PAR 90% DE LA POPULATION QUI EN MARRE DE CE PYROMANE AUX DENTS AIGUISES QUEL PAYS DE M... SOMMES NOUS DEVENU OU UN PARENT D'UN PRESIDENT PEUT DICTER SA LOI A UN PREMIER MINISTRE ET A UN PRESIDENT D'AILLEURS BIEN AFFAIBLI PHYSIQUEMENT ET MORALEMENT ET QUI LE LAISSE FAIRE NO MORE COMMENT LE TITRE CI HAUT DIT TOUT SUR QUI DIRIGE CE PAYS

    LA VERITE

    12 h 52, le 29 octobre 2019

  • Kellon ya3ni kellon. Tous ceux qui représentaient Taëf et la moukawamé devraient être rangés dans les placards. Hezbollah nous rendrait un très grand service s’il s’éloignait de la politique intérieure du pays et retournerait à sa fonction unique de gardien de notre frontière en concentrant son effort dans le sud du pays. On deviendrait alors tous moukawamés. Taëf, ce fut un désastre national. Jamais le clientélisme n’a fleuri et s’est épanoui autant que durant ces 25 dernières années, yani de puis Taëf. Ce fût les années glorieuses de la corruption et du gaspillage sur une échelle planétaire. Vive la révolution pour bâtir une nouvelle république indivisible, laïque, démocratique et sociale où tous les Libanais sont égaux devant la loi.

    Aref El Yafi

    12 h 48, le 29 octobre 2019

  • je suis d'accord sur ce qui a été dit. C'set au président et au premier ministre de chapeauter la formation d'un gouvernement de technocrates et cela afin d'éviter l'éclatement de la cohésion existante dans la rue mais aussi pour épargner à l'économie du pays un enlisement supplémentaire dont elle n'en a pas besoin. Le seul et unique problème c'est le refus total de notre rat des égouts qui règne en tant que dictateur sur le pays avec sa barbare de milices. C'est tout de même compliqué il faut l'avouer.

    Citoyen

    10 h 50, le 29 octobre 2019

  • On est au bord du gouffre et le Président fait encore des calculs de boutiquier. Ni Harriri ni Bassil ni HN ce sera une suite logique du changement. Ça n’est pas un nouveau gouvernent sous les ordres d’Iran qu’on veut et HN le sait très bien. C’est pourquoi toutes les rumeurs circulent au sujet du soit-disant complot. Ils disent aux citoyens qu’ils parient que même un nouveau gouvernement technocrate n’arriverait pas à bout de la crise des routes fermées et pour cause on veut un gouvernement qui gouverne librement pas sous la menace des armes. Alors que ce parti armé se prépare à déguerpir en même temps que ses protégés sinon NO DEAL. Nous n’avons plus rien à perdre

    Sissi zayyat

    10 h 19, le 29 octobre 2019

  • le mouvement du peuple à confirmer l'unité et le respect commun entre ce peuple et l'armée! Donnons le pouvoir à l'armée pendant 6 à 9 mois avec un ministère temporAire qui remttra de l'ordre, organiserare des élections où la majorite du peuple sinon toit le peuple participera et ceci rendra la confiance, le dynamisme économique et l'espoir dun meilleur avenir. La diaspora aura confiance de réinvestir au pays. Le temps presse et le retard est juste la faute de ceux au pouvoir! Que ce soit des politiciens, des miliciens et leurs tontons macoutes

    Wlek Sanferlou

    09 h 58, le 29 octobre 2019

  • MISER SUR L,ESSOUFLEMENT DE LA CONTESTATION EST UN CRIME EN SOI-MEME CAR IMPROBABLE ! ON CONDUIT LE PAYS DANS L,INCONNU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 23, le 29 octobre 2019

  • Au Liban , il est extrêmement difficile de former des gouvernements sous la loi Taef ! Il est aussi difficile de former des gouvernements que de les obliger à démissionner . Un vide constitutionnel est à craindre : Dans le cas d'une démission , plus rien , absolument plus rien ne pourra freiner ou même retenir les tiraillements internes . La cohésion de la rue ne tiendra plus . Adieu toutes les lois , sauf une seule : LA LOI DE LA JUNGLE .

    Chucri Abboud

    08 h 44, le 29 octobre 2019

  • La formation d'un nouveau gouvernement incombe à Aoun et Hariri et à eux seuls. Si, ensuite, ce gouvernement est refusé par l'Assemblée, ce sont les députés qui assumeront la responsabilité du chaos, mais au moins, les deux présidents auront fait leur devoir. Malheureusement, Hariri a peur d'être assassiné s'il contrevient aux ordres de Nasrallah, et Aoun ne veut pas priver son gendre de son fauteuil. D'où l'impasse.

    Yves Prevost

    06 h 38, le 29 octobre 2019

  • Le pouvoir ne peut pas imposer au peuple révolté. C’est l’inverse. L’histoire se répète et seul le peuple se rappelle et réagit, par instinct, pas par intelligence.

    Evariste

    02 h 06, le 29 octobre 2019

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