Emboîtant le pas aux chefs des Églises catholique, orthodoxe et évangélique qui, dans un communiqué conjoint, ont affirmé mercredi que les manifestations actuelles sont l’expression d’une « renaissance de la patrie libanaise », l’AUB et l’USJ, les deux plus grandes universités privées du pays, ont publié, sous la signature de leurs présidents respectifs, Fadlo Khoury et Salim Daccache s.j., un communiqué conjoint cautionnant « l’authentique sursaut national » et le considérant comme « le plus grand mouvement national unificateur depuis 1943 ».
Voici l’essentiel de cet appel conjoint : « Nous déclarons que ce que vit le Liban est un authentique sursaut national, le plus grand mouvement national unificateur depuis 1943, qui exprime profondément les souffrances et les besoins de notre peuple et son immense désir de reconstruire notre pays sur de nouvelles bases ;
« Nos deux universités, historiquement engagées dans la construction du Grand Liban depuis la constitution de son État, ne peuvent que s’associer à l’engagement des enseignants, des étudiants, du personnel administratif et des anciens qui luttent déjà pour les droits de tous les Libanais sans exception ;
« Les autorités officielles libanaises doivent accueillir le nouvel esprit porté par tous les Libanais qui appelle (...) à un État civil qui dépasse le confessionnalisme et le partage des intérêts (…) ; nous ne pouvons que condamner toutes les tentatives qui cherchent à réprimer les manifestations ; nous appelons, avec notre reconnaissance, l’armée libanaise et toutes les forces de sécurité à protéger les manifestants, dont nombreux sont nos étudiants, nos enseignants, notre personnel administratif et nos anciens, qui appellent tous à un Liban des talents, de la reddition de comptes et du sacrifice de soi pour son pays ; nous incitons les autorités libanaises à répondre dans les plus brefs délais aux aspirations de notre peuple (…) »
(Lire aussi : Le demi-jour des oracles, l'éditorial de Issa GORAIEB)
L’accompagnement
Par ailleurs, le provincial du Proche-Orient et du Maghreb des pères jésuites, le P. Dany Younès, a publié une lettre circulaire aux membres de son ordre au Liban, dans laquelle il leur demande « de réfléchir à la manière dont la Compagnie de Jésus pourra se rendre disponible pour apprendre de cette motion populaire, pour y participer et pour l’accompagner vers les meilleures fins qu’elle poursuit, afin qu’elle reste fidèle à son esprit et à sa vocation ».
En voici les extraits significatifs : « La motion populaire qui anime le peuple libanais d’une manière inédite exprime à la fois la souffrance de notre peuple et son désir de construire un Liban nouveau, cent ans après la création du Grand Liban (…). (…) Une tente est déjà dressée sur la place des Martyrs où se rejoignent des jésuites et des enseignants et étudiants de l’USJ, signe de notre résolution à accompagner cet esprit de changement qui souffle sur nous (…) L’appel du sommet spirituel à Bkerké nous donne une confirmation solide pour aller dans cette direction. » La motion populaire (…) a suspendu momentanément les réflexes confessionnels, féodaux et partisans qui ont depuis toujours régi la pratique politique dans ce pays. Mais, avertit le texte, « cette solidarité est une valeur suprême, mais elle est encore fragile. Si la motion populaire n’atteint pas sa maturité, elle sombrera dans les habitudes mentales anciennes. (…) Pour nous, ce moment ouvert à toutes les possibilités est un temps crucial, le temps du discernement spirituel. (…) Sans doute avons-nous, chacun, chacune, sa propre lecture des événements (…). Pour cela, j’invite tous les compagnons (…) à réfléchir à la manière dont la Compagnie pourra se rendre disponible pour apprendre de cette motion populaire, pour y participer et pour l’accompagner vers les meilleures fins qu’elle poursuit afin qu’elle reste fidèle à son esprit et à sa vocation. »
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