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À La Une - Liban

Change livre/dollar : bras de fer entre les boulangeries et le ministre de l'Economie

"Nous refusons que la nourriture des gens fasse l'objet d'un chantage", prévient Mansour Bteich.

Le ministre libanais de l'Economie, Mansour Bteich. Photo d'archives P.H.B.

Au moment où les boulangers s'apprêtent à se mettre en grève dès lundi sur fond de crise du taux de change entre le dollar et la livre libanaise, un bras de fer s'est engagé samedi entre eux et le ministre de l'Economie, Mansour Bteich, alors que parallèlement, les minotiers ont annoncé qu'ils persistent à payer et encaisser le prix de la farine en dollars.

"Les minoteries continueront d'émettre leurs factures pour la farine et d'encaisser les recettes de celle-ci en dollar américain, et il se peut que l'encaissement se fasse immédiatement et en liquide, sans aucun délai, et l'arrêt des importations semble inévitable", affirme le rassemblement des minotiers, dans un communiqué publié samedi à l'issue d'une réunion qu'il a tenue en journée.

Les minotiers expliquent ensuite qu'ils accusent des pertes "supplémentaires" en raison des variations dans les taux de change entre le dollar et la livre libanaise et tiennent pour responsables les "dirigeants qui ne soucient pas du secteur de l'approvisionnement et ne proposent pas de solutions drastiques pour assurer la stabilité des imports du blé". 

Il y a quelques jours, les minotiers avaient déjà mis en garde contre contre "une crise du pain". Le rassemblement avait notamment critiqué le manque de clarté concernant le paiement du blé déjà importé de l’étranger et des dettes contractées par les industriels du secteur, qui doivent être remboursées en dollars. Lundi, les syndicats de boulangers avaient indiqué de leur côté que les difficultés actuelles avaient provoqué une hausse du prix de la farine importée.

"Alors que les propriétaires des boulangeries persistent à se mettre en grève lundi, sans raison valable, je me vois contraint de rappeler que nous refusons que la nourriture des gens fasse l'objet de chantage, tout comme nous refusons que quiconque soit victime d'injustice", a réagi pour sa part le ministre de l'Economie sur Twitter.

Citant une étude financée par l'Union européenne et réalisée "durant les derniers mois avant d'être conclue le 30 août", Mansour Bteich affirme que les boulangeries réalisent un gain de "10 à 12% par sac de pain (...), ce qui ne justifie en rien la panique de ces boulangeries qui ne se base sur aucun fait scientifique". "Il s'agit d'une tentative d'exploiter la situation actuelle pour réaliser des gains supplémentaires au dépens des pauvres", a accusé le ministre. "Les prétextes concernant le taux de change du dollar ne tiennent plus", a-t-il ajouté. "La persistance des propriétaires des boulangeries à se mettre en grève ne peut être perçue que sous le signe du chantage", a insisté le ministre, promettant que son ministère renforcera les contrôles dans les boulangeries dorénavant. 



(Lire aussi : Grève des distributeurs de carburant : un accord définitivement trouvé ?)



Dans la soirée, le ministère de l'Economie a annoncé que des équipes de la Direction générale pour la protection des consommateurs ont mené des inspections dans 55 boulangeries sur l'ensemble du territoire libanais "pour contrôler l'approvisionnement en pain, le respect des tarifs et du poids des sachets de pain libanais". Selon ce communiqué du ministère, des procès-verbaux ont été dressés dans cinq boulangeries pour trucage du poids du sachet de pain.

Ce bras de fer intervient malgré l'émission par la banque centrale (BDL) d'une circulaire régulant le mécanisme d'octroi de dollars aux minotiers et au secteur des carburants et de la distribution de médicaments. La circulaire de la BDL propose une solution aux professionnels des filières concernées qui sont obligés de régler leurs marchandises en dollars mais qui encaissent une partie plus ou moins importante de leurs recettes en livres libanaises. Le processus mis en place est néanmoins soumis à certaines contraintes, comme la nécessité d’attendre le feu vert de la BDL, de bloquer une somme en dollars équivalente à 15 % du montant de la commande pour laquelle les professionnels concernés souhaitent retirer des dollars ou de s’acquitter d’une commission de 0,5 % du montant demandé. La publication de cette circulaire intervient dans un contexte tendu lié à la dégradation de la situation économique du pays, combinée à un resserrement de la circulation de dollars sur le marché local, où le billet vert cohabite avec la livre, à un taux fixé par la BDL (1 507,5 livres pour un dollar). Or les retraits de billets verts à travers les distributeurs automatiques et les guichets ont récemment été fortement limités, tandis que le prix demandé par les changeurs, et depuis peu même par certains commerçants, a dépassé le seuil des 1 600 livres. Cette situation a notamment fait réagir certains professionnels, comme les distributeurs de carburant, les minotiers ou les importateurs de médicaments. Vendredi, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait fait savoir que la circulaire de la banque centrale ne serait pas modifiée



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Au moment où les boulangers s'apprêtent à se mettre en grève dès lundi sur fond de crise du taux de change entre le dollar et la livre libanaise, un bras de fer s'est engagé samedi entre eux et le ministre de l'Economie, Mansour Bteich, alors que parallèlement, les minotiers ont annoncé qu'ils persistent à payer et encaisser le prix de la farine en dollars."Les minoteries continueront...

commentaires (4)

Chaque jour un nouveau conflit éclate chez nous, que nos responsables sont incapables (ou ne veulent pas) de régler définitivement, parmi eux...30 !!!...ministres. Peut-on nous expliquer à quoi ils servent exactement, puisqu'un ministre-multifonctions se croit permis d'agir et de parler à leur place ? Le Liban croule sous les dettes...au lieu d'aller mendier des aides financières à droite et à gauche, pourquoi ne se décide-t-on pas de diminuer le nombre de ces ministres incapables donc inutiles, et qui coûtent à l'Etat des sommes faramineuses en salaires, avantages, voyages, frais divers etc. ? Les réformes, la lutte contre la corruption clamées sans arrêt...concernent-elles seulement le petit peuple sans défense ? Devons-nous renoncer définitivement à vivre dans un pays normal et respectable ? Irène Saïd

Irene Said

10 h 45, le 13 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Chaque jour un nouveau conflit éclate chez nous, que nos responsables sont incapables (ou ne veulent pas) de régler définitivement, parmi eux...30 !!!...ministres. Peut-on nous expliquer à quoi ils servent exactement, puisqu'un ministre-multifonctions se croit permis d'agir et de parler à leur place ? Le Liban croule sous les dettes...au lieu d'aller mendier des aides financières à droite et à gauche, pourquoi ne se décide-t-on pas de diminuer le nombre de ces ministres incapables donc inutiles, et qui coûtent à l'Etat des sommes faramineuses en salaires, avantages, voyages, frais divers etc. ? Les réformes, la lutte contre la corruption clamées sans arrêt...concernent-elles seulement le petit peuple sans défense ? Devons-nous renoncer définitivement à vivre dans un pays normal et respectable ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 45, le 13 octobre 2019

  • L'important est de résoudre un problème qui est réel. Tellement de divergence de point de vue entre le ministre et l'autre partie. Il ne s'agit pas de tenir tête d'où qu'elle émane,mais plutôt de trouver une solution équitable quoique difficile dans le contexte que traverse le pays. Et surtout éviter de nous trouver en face d'une pénurie conséquente.

    Esber

    22 h 33, le 12 octobre 2019

  • ELIMINER LES IMPORTATIONS DE FARINE POUR LES PAINS DESTINES A LA SYRIE ET LE PROBLEME EST RESOLU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 36, le 12 octobre 2019

  • Et notre ministre a bien raison contre ces mafieux de toujours

    Chucri Abboud

    16 h 57, le 12 octobre 2019

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