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Liban - CPL-Futur

Un « deal » Hariri-Bassil pour sauver le partenariat

La rencontre entre le chef du CPL et les cadres du courant du Futur, annulée il y a quelques jours, sera reprogrammée.

Le Premier ministre, Saad Hariri (d.), recevant le chef du CPL, Gebran Bassil, à la Maison du Centre, en juillet 2018. Photo d'archives Dalati et Nohra

La rencontre hier à la Maison du Centre entre le Premier ministre Saad Hariri et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a permis de confirmer la solidité du compromis présidentiel en dépit de secousses récentes entre les deux protagonistes.

La plupart des observateurs, dont les souverainistes non partisans qui s’opposent au compromis, ne se font pas d’illusion : le partenariat Bassil-Hariri est voué à durer. En assurant que « le compromis tient toujours », les deux partenaires ont voulu dire que c’est aussi le cabinet qui perdurera avec lui. Une démission volontaire de Saad Hariri, qui aurait été évoquée comme une option dans certaines chancelleries, ne semble donc pas être dans ses plans. Lors d’une conversation à bâtons rompus avec des journalistes, M. Hariri a qualifié de « très bonne » sa rencontre avec le chef du Courant patriotique libre. Plus tôt, la rencontre avait été qualifiée d’« excellente » par des sources informées, citées par notre correspondante au Grand Sérail et au palais de Baabda, Hoda Chédid.

Dans ses échanges avec les médias, Saad Hariri a endossé pour la première fois les propos de Gebran Bassil et du chef de l’État Michel Aoun sur l’existence de « pressions extérieures sur le pays », pour expliquer la crise financière et la grogne populaire. « Selon ma lecture, il y a effectivement une offensive anormale contre le pays », a dit Saad Hariri, une affirmation inédite. « C’est vrai que nous avons des problèmes, mais le gouvernement travaille pour trouver des solutions à ces problèmes », a-t-il ajouté. Par « offensive anormale », il ferait allusion aux sanctions américaines, selon une source du Futur. Sa déclaration vient aussi tourner la page des divergences CPL-Futur autour de la mise en œuvre des réformes exigées par le programme CEDRE. « Vous avez pu constater dernièrement notre focalisation sur les réformes, et sur celles qui seront intégrées dans la loi de finances 2020 », étudiée en Conseil des ministres, a-t-il indiqué.



(Lire aussi : CPL-Futur : la cohabitation toujours de mise, envers et contre tout)



Ministres boucs émissaires ?
Le président français avait reproché à Michel Aoun à New York ses réticences, que lui aurait transmises Saad Hariri lors de leur rencontre à Paris au début du mois de septembre, à procéder à deux réformes impératives pour débloquer les fonds du programme CEDRE, selon des sources concordantes. Des reproches qui avaient suscité le mécontentement de Michel Aoun et déclenché une campagne du CPL contre le Premier ministre. Dans ce contexte de tensions CPL-Futur, M. Bassil aurait œuvré pour une rencontre avec M. Hariri, qui servirait symboliquement d’excuse de la part du CPL à l’adresse du Premier ministre pour tous les dérapages aounistes à son encontre. En effet, de source proche des milieux haririens, le Premier ministre s’attendait à ce que le palais présidentiel démente dans un communiqué les propos à caractère diffamatoire à l’encontre de Saad Hariri, attribués au chef de l’État par certains médias dans leur compte rendu des échanges qui auraient eu lieu entre Emmanuel Macron et Michel Aoun. Le palais présidentiel s’est contenté de faire circuler ce démenti à travers des sources médiatiques, plutôt que dans un communiqué formel.

L’entretien Hariri-Bassil semble avoir comblé cette lacune. « Leur deal » consisterait dès lors à décider de pair de la mise en œuvre de la CEDRE et de ses conséquences sur la marche du cabinet. Si le blocage devait persister, tandis que la crise économique s’aggrave, l’issue serait de se retourner contre certains ministres, de les révoquer, révèle une source proche du courant du Futur. Une information qui s’aligne sur une récente déclaration du chef de l’État en faveur de la reddition de comptes de certains ministres, qui provoquerait un choc positif au sein du cabinet. Ils seraient les boucs émissaires de la crise.


(Lire aussi : Crispation Hariri-Bassil)


La campagne contre Saad Hariri avait par ailleurs culminé avec les atteintes du député Ziad Assouad à la mémoire de l’ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri, via Twitter en début de semaine, dans la foulée de la campagne aouniste contre Saad Hariri. Des atteintes qui ont incité ce dernier à annuler une rencontre, qui était prévue le 9 octobre, entre Gebran Bassil et les cadres du courant du Futur au siège de la formation haririenne à Clemenceau. La rencontre Hariri-Bassil d’hier rend désormais possible une reprogrammation de cette rencontre, confie la source haririenne.

En dépit de son populisme en direction de la communauté chrétienne, Gebran Bassil entend acquérir, via ce dialogue, le rôle de « meneur » du dialogue sunnite-chrétien. La campagne aouniste menée au cours des deux dernières semaines contre Saad Hariri aura permis de justifier un tel dialogue aux yeux de la base aouniste, voire de donner l’impression que le leadership sunnite a désormais besoin de Gebran Bassil pour se renflouer…


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La rencontre hier à la Maison du Centre entre le Premier ministre Saad Hariri et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a permis de confirmer la solidité du compromis présidentiel en dépit de secousses récentes entre les deux protagonistes. La plupart des observateurs, dont les souverainistes non partisans qui s’opposent au compromis, ne se font pas d’illusion : le...

commentaires (6)

Le PM est Saad Hariri ou Gebran Bassil ? C'est effrayant la faiblesse de Saad Hariri Hn et Le Hezbollah continuent à imposer leur loi à travers un minsitre des AE qui s'occupe de tout sauf de son ministère

FAKHOURI

14 h 16, le 05 octobre 2019

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Commentaires (6)

  • Le PM est Saad Hariri ou Gebran Bassil ? C'est effrayant la faiblesse de Saad Hariri Hn et Le Hezbollah continuent à imposer leur loi à travers un minsitre des AE qui s'occupe de tout sauf de son ministère

    FAKHOURI

    14 h 16, le 05 octobre 2019

  • "le leadership sunnite a désormais besoin de Gebran Bassil pour se renflouer." C'est comme si le cocher a besoin désormais de la mouche pour pouvoir poursuivre à monter la côte jusqu'à Dahr-el-Baïdar. Pauvre pays gouverné par de piètres gouvernants. Adieu, veau, vache, cochon, couvée...

    Un Libanais

    12 h 59, le 05 octobre 2019

  • On ne se refait pas! Une fois mauvais toujours nul!

    TrucMuche

    11 h 42, le 05 octobre 2019

  • Bravo à la LUCIDITE malgré tout . C'est le nouveau Liban , fort libre et démocratique que tout libanais fier de l'être peut rêver avoir . Au diable les niaiseux et stupides .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 41, le 05 octobre 2019

  • Les américains et les israéliens rêvent de ruiner le Liban dans sa conception actuelle des choses : Un Liban debout , uni et fort de sa cohésion sociale ne leur convient pas .

    Chucri Abboud

    08 h 43, le 05 octobre 2019

  • TROP D,EAU DANS VOTRE VIN PM HARIRI. TRES MAUVAIS. IL NE FAUT PAS PLIER TOUJOURS VOUS SEUL SANS RIEN EN CONTREPARTIE DES AUTRES ET SURTOUT DU CPL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 27, le 05 octobre 2019

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