Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a décrété "l'état d'urgence économique", lundi depuis le palais de Baabda, à l'issue d'une réunion élargie de dialogue consacrée à la crise économique et financière du pays, au cours de laquelle plusieurs mesures ont été examinées.
"Nous nous sommes mis d'accord sur la nécessité de décréter l'état d'urgence économique et sur la création d'un comité d'urgence que le président Michel Aoun peut convoquer lorsqu'il le souhaite", a déclaré M. Hariri à l'issue de cette réunion qui a duré plusieurs heures.
Réaffirmant la stabilité de la livre libanaise, M. Hariri a ajouté que les participants à cette réunion se sont également accordés sur la nécessité de mettre en œuvre les recommandations de la réunion élargie du 8 août dernier, d'appliquer scrupuleusement le budget 2019, de voter le budget 2020 dont l'adoption est sur les rails, de cesser le recrutement dans la fonction publique et de travailler sur le système de retraite. Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé la création prochaine d'une "chambre d'opérations" sur la question des points de passage illégaux, et d’œuvrer à la baisse de la dette publique, notamment en développant le partenariat public-privé.
"Choc positif"
Néanmoins, certains responsables ont exprimé des voix dissonantes. Ainsi, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a déclaré qu'il avait approuvé le communiqué final, mais pas l'étude de la situation économique qui a été faite, "comme d'ailleurs la majorité des présents". "Nous avons besoin d'un choc positif", a affirmé M. Geagea, indiquant avoir proposé "de nombreuses réformes", comme la fin du recrutement abusif et la lutte contre les points de passage illégaux.
Pour sa part, le chef des Kataëb Samy Gemayel, opposant déclaré au gouvernement, a regretté que "des mesures plus radicales et audacieuses" n'aient pas été prises "au vu du danger de la situation", évoquant la question des passages illégaux, le renforcement de l'armée libanaise ou l'arrêt du gaspillage des deniers publics. "Nous nous sommes prononcés contre toute hausse d'impôts", a-t-il ajouté. "Il y a de belles intentions, mais nous jouons la même musique depuis 4 ans, et rien ne change", a jugé M. Gemayel à l'issue de ce dialogue élargi, plaidant en faveur d'un "gouvernement d'experts".
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook avant le début de la réunion, Samy Gemayel avait affirmé que "le pouvoir politique mène une opération de destruction des fondements de l’État, de l'abandon de souveraineté à la couverture de la corruption et des quotes-parts, et participe à tout ce qui peut nuire au Liban sur le plan environnemental et de la santé". "Tous ces dossiers ont un impact sur l'économie, au vu de l'absence de vision économique. C'est ce qui nous a mené à cette situation". M. Gemayel s'était ensuite adressé aux Libanais : "Comme je vous l'ai promis, nous serons votre porte-parole à cette réunion pour vous dire la vérité, pour vous rapporter tout ce qui va se passer à Baabda et afin de réfléchir ensemble à une solution pour sauver le pays".
"Nous avons reconnu la difficulté de la situation, et il faut voir le verre à moitié plein", a déclaré de son côté l'ancien Premier ministre Nagib Mikati. "Nous avons exprimé des réserves sur certains points, mais nous avons demandé à Saad Hariri de les présenter au Conseil des ministres", a-t-il ajouté.
Aoun en appelle aux responsables
Avant le début de la réunion, le président Michel Aoun avait appelé les responsables à "unir leurs efforts pour trouver des solutions" à la crise économique et financière que traverse le pays, prônant des mesures "responsables et réalistes".
"Vous connaissez tous la situation économique et financière que nous vivons et face à laquelle les Libanais et la communauté internationale attendent des solutions efficaces afin de stabiliser la situation et d'initier la croissance dans le but d'éviter le pire", a déclaré le chef de l’État, dans son allocution avant le début des débats.
"La situation économique et financière du pays nécessite que nous surmontions nos divergences politiques ou personnelles, sans les étaler devant l'opinion publique au détriment de l'intérêt supérieur de l’État. Nous sommes tous responsables des droits, de l'avenir, de la sécurité et du niveau de vie des Libanais. Nous devons unir nos efforts pour trouver des solutions à cette crise", a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de poursuivre sur la voie suivie pour la réduction des déficits du budget 2019 (votée en juillet) dans le budget 2020.
"Nous sommes parfaitement conscients de la situation des classes moyenne et défavorisée, et nous prendrons en compte cette réalité dans nos décisions", a-t-il assuré, soulignant que "les sacrifices demandés à tout le monde et la restauration de la confiance en nos institutions sont la base de la croissance de notre pays".
L'ensemble des participants au dialogue économique au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra
Les participants
Présidée par le président Aoun, cette table de dialogue sur les dossiers économiques a regroupé le Premier ministre Saad Hariri et le président du Parlement Nabih Berry. Étaient également présents les représentants des principales forces politiques représentées au Parlement, à savoir le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad, le chef du Parti socialiste progressiste, le leader druze Walid Joumblatt, le chef des Forces libanaises Samir Geagea, le chef des Kataëb Samy Gemayel, le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslane, le chef des Marada Sleimane Frangié, le chef du parti arménien Tachnag Hagop Pakradounian, le député Jihad el-Samad pour la Rencontre consultative (députés sunnites pro-8 Mars), l'ancien Premier ministre Nagib Mikati et le député Assaad Hardane pour le Parti syrien national social.
Les ministres des Finances Ali Hassan Khalil (Amal), de l’Économie Mansour Bteich (CPL), ainsi que le ministre d’État pour les Affaires présidentielles Salim Jreissati (CPL) participaient également à cette réunion élargie.
Le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et le président de l'Association des banques Salim Sfeir étaient également présents.
Ali Hassan Khalil, Riad Salamé et Salim Sfeir ont livré chacun un rapport sur la situation. Le ministre de l’Économie a transmis au chef de l’État des propositions, tout comme Samy Gemayel.
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18 h 59, le 02 septembre 2019