"Notre détresse est la même, que le disparu se prénomme Georges ou Ali, Mohammad ou Joseph". Ce cri du cœur est celui d’une femme dont le père, militaire en service, a été enlevé 34 ans plus tôt de son lieu de travail.
Vendredi, à l'occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée, les familles des disparus durant la guerre au Liban et des détenus dans les prisons en Syrie ont observé un sit-in dans le jardin Gibran Khalil Gibran à Beyrouth, lieu abritant la tente dressée depuis avril 2005, devenue symbole de leur lutte. Près de cette tente dont les couleurs flétrissent au fil des années, au fil des souvenirs qui s'estompent, leur douleur n’en est que plus vive. Brandissant des foulards portant le nom de leurs disparus et la date de leur disparition, animés de l’espoir d’être enfin fixés sur leur sort, leur revendication est commune : l’application de la loi 105, votée neuf mois plus tôt, et qui stipule la formation d’une commission nationale qui sera chargée du dossier.
Au Liban, le nombre des personnes portées disparues est estimé à 17 000. En novembre dernier, le Parlement a voté la loi 105 sur les victimes de disparition forcée. Ses décrets d’application tardent à être publiés, le premier étant celui relatif à la désignation par le cabinet des membres de la commission, parmi les noms proposés à cet effet par le Conseil supérieur de la magistrature, les ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli, le conseil de surveillance de l’Université libanaise, les ordres des médecins de Beyrouth et du Liban-Nord et la commission parlementaire des Droits de l’homme. Le ministère de la Justice a recueilli les noms et les a soumis au Conseil des ministres qui tarde encore à nommer les membres de la commission.
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