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Liban - Social

Le pari de March à Tripoli : amener les jeunes à restaurer ce qu’ils ont détruit

Rassembler la jeunesse libanaise, par-delà les communautés, quelques années seulement après une période de conflits qui a tant marqué les esprits : tel est le pari, réussi, lancé par l’ONG March samedi dernier à Tripoli.

L’ambassadeur des Pays-Bas a tenu à participer à l’opération de nettoyage. Photo Anna Jaujard

Le café Kahwetna : c’est ici que l’ONG March a installé sa permanence, dans la tristement célèbre rue de Syrie où il n’y a pas si longtemps s’affrontaient de part et d’autre d’une ligne de démarcation les deux communautés issues des quartiers rivaux de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen.

Léa Baroudi, fondatrice et directrice de March, nous explique avoir engagé plus de 80 anciens combattants afin de réhabiliter les lieux : « Ils sont venus restaurer ce qu’ils ont contribué à détruire », dit-elle en souriant. Atteindre un objectif commun pour dépasser les préjugés : c’est à partir de ce principe fondateur que March conduit ses nombreuses actions en faveur de la coexistence.

Fervent soutien de l’ONG, l’ambassadeur des Pays-Bas, Jan Waltmans, est à l’origine de cet événement qui s’inscrit dans sa volonté de s’engager auprès des jeunes de la nouvelle génération afin de leur permettre de dépasser leurs différences, notamment « en créant une atmosphère où ils s’engagent ensemble ».

Il est 16 heures, à l’intérieur du café Kahwetna le monde grouille. On se bouscule, on s’apostrophe, on rigole. Il fait chaud, les bouteilles d’eau disparaissent rapidement. Il faut dire que la matinée est bien chargée. Après un petit déjeuner à Bakar Island, ce sont 130 personnes qui se rendent à pied au château Saint-Gilles en traversant les souks. Des sacs de toile, des masques et des gants circulent de main en main. On commence à s’équiper pour aller nettoyer le quartier. Tout le monde joue le jeu. Même l’ambassadeur des Pays-Bas et le joueur international de basket-ball Fady el-Khatib, venu pour la journée se joindre aux jeunes Libanais, participent au grand nettoyage. Jan Walmans mène le groupe à travers les rues de Tripoli, suivi de peu par Fady el-Khatib. On se presse de ramasser les déchets, on se bousculerait presque ! Le ton est donné : c’est à celui qui en enlèvera le plus. Gravats, bouteilles vides, oreillers miteux et autres ordures indéfinissables par leur état de décomposition avancé remplissent désormais les poubelles de la ville.


(Lire aussi : March lance la réconciliation par le bâtiment)


Place au football
Aux alentours de 17 heures, après un rafraîchissement bien mérité, c’est désormais autour des crampons, des drapeaux et des maillots de circuler dans le café. Direction le stade de foot pour clôturer la journée. La foule déambule, drapeau à la main dans les rues de Tripoli jusqu’au stade. Les éclats de voix et le son du tambour ont attisé la curiosité des habitants du quartier qui se pressent aux balcons pour voir d’où viennent les bruits. Tout autour du stade, les enfants du secteur se hissent sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir le match.

Balle au centre, le coup d’envoi est donné pour le premier match qui voit s’affronter l’équipe de Fady el-Khatib contre celle de Jan Waltmans. L’équipe de l’ambassadeur peine à attaquer, et malgré un très bon goal, le premier but est marqué dès la première minute par Fady el-Khatib. La foule est enthousiaste. On entend le commentateur hurler le surnom du joueur « The Tiger ! The Tiger ! ». Les matchs s’enchaînent. La chaleur ne décourage pas les joueurs ni les supporters qui ne se lassent pas d’encourager leurs équipes et d’acclamer à chaque but. Malgré son beau jeu, l’équipe du Tiger a perdu face à l’équipe de Saleh Abou Mansour qui a impressionné par sa technique. Sans rancune, à la fin du tournoi les joueurs se serrent dans les bras et se félicitent. Le monde se presse pour prendre un selfie avec « le Tiger ».

Interrogé sur sa présence ici à Tripoli, Fadi el-Khatib appelle alors les Libanais à s’unir. « Nous sommes les mêmes personnes, nous avons la même mentalité, le même objectif et la même vision, nous voulons le meilleur pour notre pays ! » Avant d’ajouter que « le mieux pour notre pays est de vivre ensemble, d’être unis, et de travailler ensemble pour une cause, comme le nettoyage des rues, ou encore le football. C’est pourquoi je suis ici pour dire à nos politiciens de cesser de détruire notre pays ».

Satisfaite du succès de l’événement, Léa Baroudi réaffirme ses convictions. « Le sport comme le théâtre et comme d’autres manifestations permettent d’aller au-delà des préjugés parce qu’il y a un travail d’équipe avec l’autre, souligne-t-elle. Donc on oublie tout le reste parce qu’on n’a plus ces peurs, ces préjugés, parce qu’on est complètement consacré sur un but commun, on commence à apprendre à se connaître. »

À en juger par l’engouement général, le pari est réussi !



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commentaires (3)

La honte .... La honte de revoir la peinture sur le mur blanc offerte Par 255 jeunes issus de l Emigration libanaise 2nd 3ème 4eme et même 5ème génération en visite au Liban en 2015 dans le cadre de l operation WLCU World Lebanese Cultural Union YOUTHS EBOLUTION 2015 Preside a l époque par la jeune Nissrine Esber ... Juillet 2015 les jeunes s étaient rendus à Tripoli pour visite d une journée , reçus par les plus hautes autorités de la ville Administrateur président et membres chambre de commerce et municipalité etc..qui les avaient accompagnés durant leur visite ... Les jeunes ont cru bon offrir ,à l’époque lorsque le cessez le feu venait juste d être avalisé par les belligérants, le dessin de la paix sur le mur de la ligne de démarcation... Chacune et chacun ont souhaité marqué de leur main sur le mur leur passage ... Les autorités compétentes n ont pas assurer la protection de ce dessin devenu l emplacement d un dépotoir d ordures .. LA HONTE ... Il est bien regrettable que l auteur de l article ci dessus passe à côté ignorant un tel événement historique .... La ville le méritait elle ....

Menassa Antoine

17 h 07, le 26 août 2019

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Commentaires (3)

  • La honte .... La honte de revoir la peinture sur le mur blanc offerte Par 255 jeunes issus de l Emigration libanaise 2nd 3ème 4eme et même 5ème génération en visite au Liban en 2015 dans le cadre de l operation WLCU World Lebanese Cultural Union YOUTHS EBOLUTION 2015 Preside a l époque par la jeune Nissrine Esber ... Juillet 2015 les jeunes s étaient rendus à Tripoli pour visite d une journée , reçus par les plus hautes autorités de la ville Administrateur président et membres chambre de commerce et municipalité etc..qui les avaient accompagnés durant leur visite ... Les jeunes ont cru bon offrir ,à l’époque lorsque le cessez le feu venait juste d être avalisé par les belligérants, le dessin de la paix sur le mur de la ligne de démarcation... Chacune et chacun ont souhaité marqué de leur main sur le mur leur passage ... Les autorités compétentes n ont pas assurer la protection de ce dessin devenu l emplacement d un dépotoir d ordures .. LA HONTE ... Il est bien regrettable que l auteur de l article ci dessus passe à côté ignorant un tel événement historique .... La ville le méritait elle ....

    Menassa Antoine

    17 h 07, le 26 août 2019

  • BONNE INITIATIVE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 26 août 2019

  • Excellent!

    NAUFAL SORAYA

    08 h 16, le 26 août 2019

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