Le ministre des Finances Ali Hassan Khalil s’est entretenu hier à son bureau à Beyrouth avec une délégation de la Banque mondiale menée par le directeur régional de l’organisation pour le Moyen-Orient, Saroj Kumar Jha.
Ce dernier a une nouvelle fois salué l’adoption – le 19 juillet avec plus de six mois de retard sur le calendrier prévu par la Constitution – du budget pour 2019 et appelé les dirigeants libanais à adopter la loi de finances pour 2020 dans les temps. Un discours déjà tenu par M. Kumar Jha dans la foulée de l’adoption du texte, dans lequel le responsable avait évoqué « un bon premier pas » avant de souhaiter que les réformes prévues soient « réellement mises en œuvre. »
Bien qu’adopté, le budget pour 2019 n’est toutefois pas encore entré en vigueur suite au refus, jeudi dernier, du président Michel Aoun de le signer, reprochant la présence dans le document d’un alinéa dans l’article 80, instituant le gel des recrutements sous toutes leurs formes (dans la fonction publique, armée incluse), qui devait être supprimé de la version finale du texte. Cet alinéa prévoyait « la conservation des droits des lauréats du concours du Conseil de la fonction publique » qui n’avaient toujours pas intégré les rangs des fonctionnaires au-delà des deux ans suivant leur réussite au concours.
(Lire aussi : Les principales dispositions de la loi de finances de 2019)
Visite de Fitch
Si aucun progrès tangible ne semblait avoir été réalisé hier sur ce dossier, plusieurs sources concordantes estiment que la situation pourrait être rapidement réglée soit à travers le vote d’une loi supprimant la disposition litigieuse, soit via une simple correction sur le texte du budget pour 2019. L’État a été autorisé en juin par le Parlement à se financer sans budget jusqu’au 31 juillet, selon une interprétation extensive de la règle du douzième provisoire prévue dans la Constitution.
Élaborée pendant deux mois et demi, d’abord par le gouvernement puis par la commission parlementaire des Finances et du Budget, la loi de finances de 2019 est très attendue par les donateurs présents lors de la conférence de Paris d’avril 2018, dont fait partie la Banque mondiale. Plus de 11 milliards de dollars de prêts et dons – dont 4 milliards de dollars de prêts pour la seule Banque mondiale – avaient alors été réservés pour financer des projets de réhabilitation des infrastructures du pays rassemblés dans le programme d’investissement (Capital Investment Plan, CIP) préparé par le gouvernement. Ces fonds ne seront toutefois débloqués que si les dirigeants libanais lancent les réformes qu’ils se sont engagés à mettre en œuvre pour réduire le déficit public (un point de PIB par an sur cinq ans), restructurer l’économie ou encore renforcer la transparence.
Le ministre des Finances a par ailleurs reçu une délégation de l’agence de notation américaine Fitch Ratings, l’une des trois principales avec Moody’s et Standard & Poor’s. Conduite par un de ses cadres, Toby Iles, la délégation est au Liban pour mettre à jour son évaluation de la notation souveraine du pays, (« B-» avec perspective « négative » actuellement, pour une dette publique à plus de 85 milliards de dollars, soit environ 150 % du PIB) à l’aune des derniers développements. En janvier, Moody’s avait dégradé la note du Liban d’un cran (« Caa1 » avec perspective « stable »), tandis que Standard & Poor’s (« B- » avec perspective « négative ») doit actualiser son évaluation en août.
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Des vautours au chevet d'une pauvre gazelle agonisante.
FRIK-A-FRAK
19 h 50, le 30 juillet 2019