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Le village préféré des Libanais - 2019 - Le village préféré des Libanais

Amchit, et tous les bleus du monde

Pour la quatrième année consécutive, les lecteurs de « L'Orient-Le Jour » au Liban et dans le monde pourront voter pour « Le village préféré des Libanais ». Cette année, dix nouveaux villages sont en lice. Chacun d'eux fait l'objet d'un reportage écrit et d'une vidéo pour vous aider à choisir. Amchit ouvre le bal, qui s'étalera sur dix éditions. Vous pouvez d'ores et déjà voter pour votre village préféré.

Le port d’Amchit. Photo Anne Ilcinkas

Visiter Amchit, c’est un peu comme s’immerger dans une peinture de Monet. À quelque 40 kilomètres du brouhaha beyrouthin, ses sinueuses ruelles de pierres blanches s’enchaînent avant de dévoiler, au loin, un bleu marin semblant ne faire qu’un avec le ciel. Les palmiers bordent l’horizon, laissant entrevoir les « grandes demeures », véritables bijoux architecturaux disséminés à travers le village.

La richesse de l’histoire de Amchit tient notamment au fait qu’il fut un grand carrefour commercial stratégique, aux abords de Byblos et de Batroun. « Les cèdres du village de Jaj étaient envoyés par le pont entre Amchit et Byblos puis en direction de la Palestine pour construire le palais de Salomon », raconte Antoine Issa, président de la municipalité depuis 21 ans.

Amchit regorge de richesses accumulées par ses grands commerçants au cours du XVIIIe siècle. Soie, produits agricoles… les affaires étaient alors florissantes pour les habitants de Amchit qui avaient pour particularité de ne pas suivre un modèle féodal. « Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, les familles du village ont décidé de construire de ‟grandes demeures″ pour montrer leur richesse », explique Bassam Lahoud, architecte et professeur à la LAU. Aujourd’hui, ces maisons font la fierté et la réputation architecturale du village de l’ancien président Michel Sleiman. Imposantes, les demeures disposent chacune de caractéristiques qui leur sont propres. Encore occupées, il faut toquer aux portes et compter sur la disponibilité des maîtres des lieux pour pouvoir les visiter.

Trésors magistraux
Petit havre de paix, le village se visite idéalement à pied, le temps d’une demi-journée. Nichée dans le quartier Saint-Élisée et entourée d’une véritable jungle d’arbres des quatre coins du monde, la maison Zakhia impressionne d’abord par la taille de sa cour intérieure fermée. Le regard est ensuite attiré par son plafond et ses superbes poutres en bois, ainsi que par les vitraux multicolores qui donnent une allure sacrée à la bâtisse. « On peut remarquer aussi les ‟mandalounes″, ces fenêtres jumelées d’inspiration vénitiennes et byzantines », précise Bassam Lahoud.

C’est dans cette maison qu’a séjourné l’écrivain et philosophe français Ernest Renan, en 1860, en compagnie de son épouse Cornélie et de sa sœur Henriette. Dans un petit salon adjacent à la cour intérieure, la famille Zakhia a exposé les lettres qui attestent du passage de l’homme de lettres. Henriette Renan, décédée du paludisme en 1861, a été enterrée plus loin, dans le caveau de Mikhael Tobia, à la demande de l’écrivain.

À quelques rues de là, la maison Wehbé attend elle aussi de révéler des trésors insoupçonnés. Après avoir grimpé les marches menant au premier étage de la bâtisse, le visiteur découvre des fresques magistrales peintes à même le plafond de la pièce principale. Les styles se mélangent, entre baroque et ottoman. Dorures et nuages s’entremêlent, bordés plus bas de portraits des ancêtres Wehbé, tandis que le mobilier d’époque a été conservé. Dans les pièces suivantes, le visiteur est frappé tantôt par une impressionnante explosion de couleurs du sol au plafond, tantôt par la précision des fresques florales et animalières. Des fresques qui mériteraient d’être restaurées, mais les fonds manquent… Derrière la maison, quelques palmiers-dattiers rappellent le passage de voyageurs venus d’Arabie et d’Irak quelque huit siècles plus tôt. « Amchit était surnommé la Bassora du Liban », rappelle Bassam Lahoud.




Brassage des communautés

Le quartier de l’église Saydé n’est pas en reste. Trois maisons de la famille Lahoud offrent, elles aussi, leur lot de surprises. Un peu en retrait, imposante au bout d’une allée d’arbres, la demeure de l’ancien général Farès Lahoud a des allures de petit palais. Et pour cause, elle a été construite selon les plans ottomans de l’un des palais de Yildiz avec pour particularité ses larges voûtes à huit arêtes. Plus bas, la solennelle demeure de l’ancien ambassadeur Nazih Lahoud, extrêmement bien conservée, s’impose avec fraîcheur et élégance. À gauche, plusieurs bâtisses appartenant à Bassam Lahoud, en pierre grise et aux volets bleus, attirent l’œil. Il faut toutefois longer les barrières en fer forgé avant de descendre un petit escalier en contrebas pour être propulsé, en quelques minutes, au cœur de l’histoire de Amchit. Contre toute attente, une incroyable niche souterraine réunit, sous la demeure, les vestiges d’une crypte chrétienne du IIIe siècle, d’une synagogue et d’un cimetière juif datant environ du VIIIe siècle et d’étables du XVIe siècle appartenant à des chiites. « J’ai restauré toute la crypte, mais j’ai dû arrêter mes explorations car le sol de la maison au-dessus était menacé », déplore Bassam Lahoud. Véritable merveille, elle rappelle qu’une communauté juive venue d’Iran et d’Irak s’est implantée dans le village entre 760 et 970 après J.-C. avant l’arrivée des grandes familles qui constituent le village jusqu’à aujourd’hui. L’origine du nom de Amchit pourrait d’ailleurs remonter à cette époque. Selon différentes versions, le nom du village pourrait signifier « le peuple original » en hébreu, ou encore « le peuple de Chit » en araméen, en référence au dieu phénicien.

Amchit, c’est aussi un littoral impressionnant par le bleu de ses eaux dont les vagues viennent s’écraser sur les rochers aux reflets dorés tout au long de l’année. Une longue corniche propice aux balades à pied ou à vélo permet de profiter pleinement du paysage alors que Beyrouth se dessine au loin.

Une série de restaurants sur la côte permet de mêler les plaisirs du palais et de la baignade. Un peu plus haut, niché au bout d’un dédale de petites rues, se trouve le célèbre camping Les Colombes, adossé sur une falaise. Fondé dans les années 1960 par Malik Lahoud, son nom fait référence à la commune de Colombes, en Île-de-France, dont était originaire sa femme, rencontrée lors d’un voyage à Saint-Charbel.

Aujourd’hui, le camping est toujours là, et l’on peut y dormir sous une tente ou dans un chalet, après une journée passée à se prélasser au bord de la piscine.


Fiche technique

Nombre d’habitants : 35 000.

Président du conseil municipal : Antoine Issa.

Célébrités du village : l’ancien président de la République Michel Sleiman ; le chanteur et compositeur Marcel Khalifé ; le chanteur et compositeur Marwan Khoury ; l’écrivaine et journaliste Afifa Karam ; l’actrice et chanteuse Salwa Katrib ; le compositeur Romeo Lahoud.

Possibilité de séjourner : camping Les Colombes (09-622401), Salt House (81-812394), La Rochelle (09-790641). Consulter le site Airbnb où de nombreux chalets en bord de mer sont également proposés par des habitants.

Restaurants : Babel Bahr (09-620888), Le Cap (03-961136), Mhanna sur Mer (09-621777), Chez Zakhia (03-846222), Samket Amchit (09-622767 ou 76-622767), Furn el-Sabaya (03-112880).

Spécialités culinaires : la mouwakara, friandise de pâte feuilletée fourrée de noix et d’amandes concassées, ancienne recette perpétuée par Furn el-Sabaya ; le man’ouché aux œufs.

Activités : tourisme culturel et religieux, baignade en mer, vélo, course à pied.

Altitude : 222 mètres.

Climat : tempéré. Ensoleillé en été, frais en hiver.


À ne pas rater

* Visiter les « grandes demeures ».

* Se balader dans les ruelles du village.

* Se promener à pied ou à vélo sur la corniche qui longe le littoral.

* Passer une journée ou une nuit au camping Les Colombes.

* Le port de Amchit, les plages publiques de Becchache et de Meqaaili.


Comment y accéder ?

Prendre l’autoroute en direction du nord depuis Beyrouth, la sortie vers Amchit se trouve peu après Byblos.

Visiter Amchit, c’est un peu comme s’immerger dans une peinture de Monet. À quelque 40 kilomètres du brouhaha beyrouthin, ses sinueuses ruelles de pierres blanches s’enchaînent avant de dévoiler, au loin, un bleu marin semblant ne faire qu’un avec le ciel. Les palmiers bordent l’horizon, laissant entrevoir les « grandes demeures », véritables bijoux architecturaux disséminés à...

commentaires (3)

Amchit , de mon coeur , mon village d’adoption. Je te dois les jours les plus heureux de ma vie.

Marie-Hélène

04 h 06, le 04 novembre 2019

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Commentaires (3)

  • Amchit , de mon coeur , mon village d’adoption. Je te dois les jours les plus heureux de ma vie.

    Marie-Hélène

    04 h 06, le 04 novembre 2019

  • Salwa Katrib n'est pas originaire de Amchit, c'est son mari Nahi frère de Roméo Lahoud qui l'est.

    Tina Chamoun

    11 h 58, le 21 juillet 2019

  • C'est très joli. Le littoral me fait penser à Enfeh mais il me semble qu'à Enfeh il n'y avait pas tant de maisons.

    Stes David

    09 h 15, le 21 juillet 2019

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