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À La Une - nucléaire

Nucléaire : l'Iran déterminé à enrichir l'uranium à un niveau prohibé

Rohani annonce que son pays mettrait cette décision à exécution dès dimanche, accusant de nouveau les Etats-Unis, l'Europe, la Chine et la Russie d'être responsables de l'impasse actuelle.

Le président iranien, Hassan Rohani, lors d'une réunion du gouvernement à Téhéran, le 3 juillet 2019. Photo AFP / HO / IRANIAN PRESIDENCY

Ignorant les avertissements de ses ennemis et de ses partenaires, l'Iran a déclaré mercredi qu'il mettrait à exécution dès dimanche sa menace d'enrichir l'uranium à un degré prohibé par l'accord international sur son programme nucléaire.

La mesure a été annoncée par le président Hassan Rohani, qui a de nouveau accusé les Etats-Unis, l'Europe, la Chine et la Russie d'être responsables de l'impasse actuelle où se trouve l'accord conclu à Vienne en 2015.

L'annonce de Téhéran survient sur fond de tensions exacerbées entre l'Iran et Washington, faisant craindre un embrasement dans la région du Golfe. La France a averti l'Iran que Téhéran ne gagnerait rien "en sortant de l'accord de Vienne" dont la "remise en cause ne ferait qu'accroître des tensions déjà vives" au Moyen-Orient. Mais M. Rohani assure que l'Iran est attaché au maintien de cet accord et que la décision iranienne est prise en vertu de dispositions permettant à une partie de s'affranchir temporairement de certains de ses engagements si elle estime qu'une autre ne tient pas les siens.

Par l'accord de Vienne, l'Iran s'est engagé à ne jamais acquérir l'arme atomique et à brider son programme nucléaire en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales qui asphyxiaient alors son économie. Mais ce pacte est menacé depuis que les Etats-Unis s'en sont retirés unilatéralement en mai 2018, réimposant des sanctions punitives contre la République islamique qui privent l'Iran des bénéfices qu'il attendait de ce pacte.

Le 8 mai, un an jour pour jour après le retrait américain, Téhéran --lassé des promesses non tenues des autres parties encore à l'accord (Allemagne, Chine, France, Grand-Bretagne, Russie) de garantir ses intérêts-- a annoncé qu'il ne se sentait plus tenu de respecter les plafonds de l'accord limitant ses réserves d'eau lourde à 1,3 tonne, et ses stocks d'uranium faiblement enrichi à 300 kg. L'Iran avait aussi adressé un ultimatum à ses partenaires leur donnant "60 jours" pour l'aider à contourner les sanctions américaines, qui ont fait plonger le pays en récession.



(Lire aussi : Téhéran sous le feu des critiques après le dépassement de ses réserves d’uranium)


"Extrêmement inquiets"
Estimant n'avoir vu aucun progrès, M. Rohani a annoncé mercredi que son pays commencerait à mettre en œuvre dès dimanche la deuxième phase de son "plan de réduction" de ses engagements, réversible à tout moment, selon l'Iran, si les autres partenaires répondent à ses demandes. Téhéran mettra "de côté" son engagement consistant à ne pas enrichir de l'uranium a un degré supérieur à 3,67%, dès le "7 juillet", a-t-il dit

"Autant que nous le voudrons, autant que nécessaire, autant que nos besoins l'imposent, nous (enrichirons) au-dessus de 3,67%", a déclaré M. Rohani, laissant planer le suspense sur les mesures que l'Iran compte mettre en œuvre techniquement.
Il a également prévenu qu'à partir de dimanche, l'Iran pourrait reprendre son projet de réacteur à eau lourde à Arak (centre) qui pourrait à terme "produire du plutonium", à moins que "vous (les autres parties de l'accord, ndlr) ne teniez tous vos engagements."

"Nous resterons tenus par (l'accord de Vienne) tant que les autres parties y resteront tenues. Nous appliquerons 100% (de l'accord) le jour où les autres parties agiront à 100%" selon ses termes, a ajouté M. Rohani.

Lundi, les réserves iraniennes d'uranium faiblement enrichi ont dépassé le plafond de 300 kg. Le président américain Donald Trump a réagi le jour même en accusant Téhéran de jouer "avec le feu".

La Maison Blanche a assuré que "les Etats-Unis et leurs alliés ne permettront jamais à l'Iran de développer des armes nucléaires", ce dont Téhéran s'est toujours défendu, a promis la Maison Blanche. Washington a aussi réaffirmé sa volonté de poursuivre sa campagne de "pression maximale" sur Téhéran, "tant que ses dirigeants ne changent pas leur façon de faire".

"Extrêmement inquiets" par le dépassement des stocks d'uranium enrichi iraniens, Berlin, Londres, Paris et l'UE ont appelé mardi Téhéran "à revenir sur sa décision et à s'abstenir de prendre de nouvelles mesures qui affaibliraient" l'accord. "Notre engagement vis-à-vis de l'accord sur le nucléaire (dépend) du respect total par l'Iran" de ses engagements, ont prévenu les Européens.

Déplorant l'attitude de l'Iran sur ses stocks d'uranium, Pékin a de son côté appelé "toutes les parties (à la) retenue". Moscou aussi a appelé l'Iran "à la retenue, à ne pas céder à l'émotion et à respecter les dispositions essentielles de l'accord".

M. Rohani a par ailleurs exprimé la déception de l'Iran face au mécanisme de troc mis sur pied par les Européens pour permettre à Téhéran de commercer en contournant les sanctions américaines. Pour l'instant, "c'est vide", a-t-il dit, "cela ne nous sert à rien."



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