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Moyen Orient et Monde - Vienne

Nucléaire iranien : Trump joue l’apaisement

Le président américain Donald Trump s’exprimant lors d’une réunion bilatérale avec le président brésilien Jair Bolsonaro lors du sommet des dirigeants du G20 à Osaka, au Japon, le 28 juin 2019. Kevin Lamarque/Reuters

L’Iran a noté hier « certains progrès », mais « insuffisants », après une réunion de crise avec les grandes puissances à Vienne sur le délitement de l’accord sur le nucléaire iranien, tandis que Donald Trump jugeait que « rien ne presse » pour résoudre les tensions. « Il y a eu certains progrès » pour aider l’Iran à surmonter l’effet du rétablissement des sanctions américaines, « mais ce n’est toujours pas suffisant », a estimé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, à l’issue d’une réunion avec les États encore partie à l’accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie).

Étranglé par les sanctions américaines, Téhéran exige de pouvoir continuer à exporter son pétrole pour rester lié par l’accord nucléaire de 2015, fragilisé par le retrait unilatéral de Washington en mai 2018.

Après la réunion, la Chine a assuré qu’elle continuerait à importer du pétrole iranien malgré les pressions américaines, rejetant « l’imposition unilatérale de sanctions ». M. Araghchi et la représentante diplomatique de l’UE, Helga Schmid, ont précisé que le mécanisme européen destiné à aider l’Iran à contourner les sanctions américaines, Instex, était désormais « opérationnel ». « Mais pour qu’Instex soit utile à l’Iran, il faut que les Européens achètent du pétrole iranien », a prévenu M. Araghchi. En attendant, l’Iran poursuivra son processus de désengagement graduel de l’accord nucléaire, « tant que nos demandes ne seront pas satisfaites », a souligné le diplomate.

« Nous avons le temps. Rien ne presse, ils peuvent prendre leur temps », avait dit plus tôt dans la journée le président américain au sommet du G20 d’Osaka au Japon. Ces propos apaisants tranchent avec ses déclarations chocs de mercredi, lorsqu’il parlait de « guerre » avec l’Iran, qui a répliqué jeudi en fustigeant l’« illusion » d’une « guerre courte ».

« Ennemi principal »

La crise au long cours qui caractérise depuis 40 ans les relations entre les États-Unis et l’Iran connaît depuis environ deux mois un nouvel accès de fièvre, sur fond d’incidents militaires dans la région du Golfe et d’inquiétudes pour la survie de l’accord nucléaire. Un nouveau pic a été atteint lorsque l’Iran a abattu un drone américain, le 20 juin, après une série d’attaques d’origine inconnue contre des tankers attribuées par Washington à Téhéran, qui a démenti. Dans ces circonstances faisant craindre un embrasement, M. Trump avait évoqué mercredi la possibilité d’une guerre courte contre Téhéran : « Nous sommes dans une position très forte, et ça ne durerait pas très longtemps, je peux vous le dire. Et je ne parle pas de troupes au sol. »

L’idée d’une « “guerre courte avec l’Iran est une illusion », a réagi le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. La veille, le président iranien Hassan Rohani avait déclaré ne chercher la guerre « avec aucun pays », pas même les États-Unis. Pour autant, l’Iran multiplie les mises en garde. À Téhéran, les funérailles publiques de « 150 martyrs » tombés lors de la guerre Iran-Irak ou en Syrie ont donné aux autorités l’occasion d’exalter la « résistance » face à l’« ennemi principal » : les États-Unis. S’adressant à la foule, le chef de l’Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi, est revenu sur la destruction du drone américain – abattu selon Téhéran dans l’espace aérien iranien, ce que Washington conteste. « La main bénie qui a attaqué le drone américain a confirmé que pour résister devant l’ennemi, la République islamique d’Iran n’a aucune hésitation », a-t-il déclaré. Selon l’agence de presse iranienne Tasnim, Téhéran a porté officiellement plainte contre les États-Unis auprès du Conseil de sécurité de l’ONU dans cette affaire, pour violation de son espace aérien.

« Accord durable »

Cherchant à calmer les inquiétudes, Mark Esper, secrétaire américain à la Défense par intérim, a assuré jeudi à l’OTAN que son pays ne voulait pas d’un conflit, mais « amener l’Iran à négocier un accord durable ». Washington veut un nouvel accord avec l’Iran, pour qui, au contraire, le pacte de 2015 n’est pas négociable. Par l’accord de Vienne, l’Iran s’est engagé à ne jamais chercher à se doter de l’arme atomique et à limiter drastiquement son programme nucléaire, en échange de la levée partielle des sanctions internationales. En riposte au retour des sanctions américaines, Téhéran a fait connaître le 8 mai son intention de se délier progressivement de ses engagements si Européens, Russes et Chinois ne l’aidaient pas à contourner les mesures américaines. L’Iran a annoncé ce jour-là ne plus se sentir tenu par les limites que l’accord impose à ses réserves d’eau lourde et d’uranium faiblement enrichi, et menacé de s’affranchir d’autres engagements à partir du 7 juillet. Il avait indiqué le 17 juin que ses réserves d’uranium dépasseraient à partir de jeudi le plafond des 300 kilos fixé par l’accord. Mais cette limite n’a pas été dépassée jeudi, selon des sources diplomatiques, un responsable iranien invoquant une « raison technique » et précisant que cette mesure restait à l’ordre du jour. Il a ajouté que l’Iran se trouvait actuellement à 2,8 kg sous le plafond autorisé. Téhéran a également menacé d’enrichir à partir du 7 juillet de l’uranium au-delà du taux autorisé de 3,67 %.

Source : AFP

L’Iran a noté hier « certains progrès », mais « insuffisants », après une réunion de crise avec les grandes puissances à Vienne sur le délitement de l’accord sur le nucléaire iranien, tandis que Donald Trump jugeait que « rien ne presse » pour résoudre les tensions. « Il y a eu certains progrès » pour aider l’Iran à surmonter...

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